Kevin Durant out pour la saison : comment aborder la prochaine, sa possible dernière à OKC ?
Le 21 mars 2015 à 08:04 par Bastien Fontanieu
La nouvelle est tombée comme une bombe silencieuse, posée délicatement en plein Oklahoma City, sans faire de bruit mais en voulant surtout cacher une vérité qui semble de plus en plus évidente au fil des heures : Kevin Durant ne rejouera probablement pas de la saison.
Peut-on établir un pronostic solide à des milliers de kilomètres du lieu où se passe l’action, sans véritable compétence médicale ni la moindre idée des répercussions que peuvent avoir certaines blessures ? Faut-il être chirurgien de formation, podologue ou simple médecin afin de se pencher avec crédibilité sur le cas de Kevin Durant aujourd’hui ? Telles sont les premières questions que l’on peut se poser face à l’anxiété, ce sentiment inconnu qui nous habite en découvrant une information de type corrosif, comme celle transmise par Sam Presti et ses proches ce jeudi. Le General Manager du Thunder a officiellement annoncé que sa star serait écartée des parquets jusqu’à nouvel ordre, sa fracture de Jones (la base du 5ème métatarsien pour les curieux) ne guérissant pas comme prévu. Un mini-tremblement de terre pour la franchise qui avait pourtant joué la carte de la précaution en imposant à KD de rester sur le côté dès le All-Star Game, mais les progrès espérés n’ont toujours pas été rencontrés et les Playoffs commencent dans quatre semaines. Ainsi, face à l’incertitude physique imposée par son joueur et l’attente provoquée par les fans comme les médias, Presti a décidé de jouer au poker en se couchant dès aujourd’hui et par conséquent préparer son stack pour la prochaine partie. Un coup osé, extrêmement risqué, mais qui pourrait jouer en sa faveur comme détruire le Thunder.
En effet, à cause de cette blessure, le management de la franchise a considéré qu’il était bien évidemment plus important de miser sur un retour à 100% des capacités physiques de Kevin, plutôt que de bombarder cette machine fragile dans l’espoir de tenir le regard plus de 5 jours avec les Warriors. On l’a vu par le passé, notamment avec Brook Lopez, Rasheed Wallace et C.J McCollum plus jeune, ce type de fracture a pour particularité d’imposer un arrêt total de la pratique sportive, pour permettre au pied de reprendre doucement mais sûrement son utilisation habituelle. De ce fait, à la différence d’une cheville flinguée ou une épaule déboîtée qu’un staff médical pourrait alléger avec du matos et des médocs, le squat de Mr Jones a créé un impératif fatal. Forcément, pas besoin d’avoir fait l’ESA pour comprendre que cette blessure balaye toute chance de titre pour le Thunder cette saison, aussi héroïque que soit le marsupial Westbrook. Une campagne qui termine du coup à la poubelle chez les fans de l’Oklahoma, eux qui croyaient dur comme fer que 2015 serait l’année de la consécration. Il faut dire que pour une fois, le management avait fait son boulot comme il faut. Sentant l’Ouest aiguiser ses couteaux et ses deux stars pratiquer leur meilleur basket, Presti et ses sbires avaient effectué des transferts ambitieux, croisant les doigts pour que la mayonnaise prenne et que ces Enes Kanter, Dion Waiters ou autres D.J Augustin fassent la différence au mois de mai. Aussi nostalgique parait-elle aujourd’hui, cette époque durant laquelle la planète basket s’effrayait devant les mouvements intelligents effectués par le Thunder sur le marché des joueurs était encore récente ! Mais elle ne l’est plus. Finito, no more. On range les couverts et on se casse : 2014/2015, c’est dans la boîte.
Du coup, comment ne pas aborder la campagne prochaine sans un niveau d’incertitude plus élevé que jamais ? En devant griller une nouvelle carte qui lui donnait la possibilité de remporter un titre cette année, Durant sait qu’il ne lui en restera pas 35. La saison prochaine, aussi lointaine semble-t-elle, représentera la dernière du phénomène sur son contrat signé il y a 4 ans, celui qui le propulsera de toute évidence sur le marché des transferts et créera une montagne de pression médiatique comme psychologique sans précédent. L’heure n’a pas encore sonné concernant l’analyse comportementale de Kevin, mais il existe déjà des éléments plus ou moins rassurants pour ces nombreux fans qui aimeraient voir le star prolonger sa carrière dans les plaines de l’Oklahoma. Positif ? L’effectif est quasi-intégralement sous contrat pour repartir à l’assaut une dernière fois. Négatif ? En voyant la chute de Durant effacer toute possible mésaventure en Playoffs, c’est Scott Brooks qui reçoit le plus grand joker puisqu’il pourra à nouveau entraîner les siens l’an prochain. Positif ? Dos au mur, deux des 10 meilleurs joueurs de la NBA auront à coeur de tout donner pour écraser la concurrence bras-dessus bras-dessous. Négatif ? S’il n’y a pas de titre au bout… Et c’est justement là-dessus que le pari pris par Presti aujourd’hui est particulier, car il ne s’offre pas de deuxième ou troisième chance dans son beau siège de velours. Non, après des années passées avec les deux mains clouées sur le portefeuille et une attitude stagnante vomitive, le GM a décidé d’activer le mode YOLO. Ce sera l’an prochain, sinon rien. Rien équivalent au probable départ de Kevin Durant vers une pelouse plus verte. Rien équivalent à l’implosion de Russell Westbrook car considéré comme Robin au lieu de Batman. Rien équivalent à une possible reconstruction hardcore autour de Dion Waiters et Mitch McGary. Rien équivalent à des transferts passés qui ne rimeront finalement à rien.
Voilà la situation dans laquelle se retrouve le Thunder aujourd’hui. Des années passées à vouloir remporter un titre, des mois brûlés en pensant à la campagne prochaine, des heures gâchées à refaire le monde si certaines blessures n’avaient pas eu lieu. L’an prochain, le stack sera posé au milieu de la table : on abandonne la partie actuelle comme dirait Presti, c’est all-in pour 2015/2016.
Source image : twelvefresh.com