“I’m back” : 3 mots, un match et une défaite. Il y a 20 ans, Michael Jordan retrouvait le basket

Le 19 mars 2015 à 19:09 par David Carroz

“I’m back.” C’est par un simple communiqué de presse que Michael Jordan annonçait, le 18 mars 1995, qu’il reprenait du service pour les Chicago Bulls. Dès le lendemain, il était sur le parquet de la Market Square Arena d’Indianapolis pour affronter les Pacers. Souvenirs de ces deux jours de folie et de ce match qui ont marqué l’histoire et qui ont permis d’inscrire de nouveaux chapitres dans la légende de MJ il y a 20 ans.

Pourtant, il avait annoncé qu’on ne l’y reprendrait plus. Même s’il n’avait pas complètement fermé la porte – en déclarant notamment qu’il ne disait jamais “jamais” – Michael Jordan avait été clair le 1er novembre 1994, lors de la cérémonie du retrait de son maillot et l’inauguration de sa statue qui trône devant le United Center, cet écrin qu’il comparait à un centre commercial.

Je sais que certains croient encore à la possibilité de mon retour. Ils ont tort. Je ne reviendrais pas. Les Bulls ont une nouvelle équipe, ils évoluent dans un nouveau stade. Moi, je joue au baseball. – Michael Jordan.

Lorsque le la bannière floquée du numéro 23 s’envole au ciel de ce stade dans lequel il ne souhaite pas jouer, les espoirs des fans des Bulls en font de même et l’émotion s’empare de la salle. S’en est fini du basket pour MJ, il faut tourner la page. Une première saison NBA s’est écoulée sans lui, Scottie Pippen est dorénavant le boss dans l’Illinois.

Mais le 18 mars 1995, David Falk – l’agent de Michael Jordan – reçoit un coup de fil de son poulain lui demandant de le rejoindre dans sa maison son quartier sa propriété chicagoane. Après deux semaines à s’entrainer au Berto Center, il lui confit son objectif : retrouver la NBA, plus de 17 mois après sa dernière apparition sous le maillot des Bulls. Une idée que Falk ignorait jusqu’à présent. Le même jour, il annonce également son intention à Phil Jackson et Jerry Reinsdorf, alors que l’agent contacte David Stern et Dick Ebersol (le boss de NBC Sports). Le cirque se met en place, mais les brouillons de communiqué de presse ne conviennent pas à Sa Majesté. Jusqu’au choix de ces trois mots, simples, qui ne demandent aucune explication supplémentaire. Ce “I’m back” qui résonne toujours aujourd’hui.

Communiqué de presse de Michael Jordan pour son retour

Le lendemain quand les Bulls atterrissent à Indianapolis, tous se souviennent de l’hystérie collective des fans. Jamais ils n’avaient vu autant de monde à l’aéroport pour les accueillir. Et ce n’était que le début, car avec Jordan de retour, les Bulls redevenait l’équipe la plus médiatique de la Ligue. La plus observée à défaut d’être la plus compétitive, mais le simple fait de revoir “His Airness” avec l’uniforme des Taureaux inspirait de nouveau la crainte chez les adversaire. Mais aussi l’envie de les battre.

Bien entendu, Michael retrouvait dès ce premier match sa place de titulaire. Pete Myers, qui débutait dans le 5 majeur depuis quelques semaines, le savait bien.

Bien sûr, je savais que Mike commençait ; il connaissait toujours les systèmes offensifs. Phil (Jackson) n’a pas eu besoin de me le dire. J’entrais dans le vestiaire visiteur et Phil traversait la pièce. Je ne sais pas s’il me cherchait ou pas, mais il m’a dit “Je vais faire débuter Michael ce soir.” Je lui ai demandé “Tu es sûr de vouloir faire ça ?” Il m’a dit de dégager et nous nous sommes marrés. – Pete Myers.

Le plan était simple : faire jouer Michael Jordan comme titulaire, mettre en place l’attaque en Triangle, donner la balle à Michael Jordan. Enfin simple… sur le papier, car en face les Pacers sont loin d’être les premiers venus. À ce moment de la saison, ils présentent un bilan (40-24) supérieur à celui des Bulls (34-32), tout juste au dessus de l’équilibre. Et parmi eux, un certain Reggie Miller ne compte pas faire de cadeaux à MJ, lui qui n’a jamais été du genre à se laisser marcher dessus. Si le 5 des Bulls est solide avec B.J. Armstrong, Scottie Pippen, Tony Kukoc et Will Perdue pour accompagner le revenant Jordan, l’effectif de Larry Brown n’est pas en reste, avec Mark Jackson, Derrick McKey, Dale Davis ou encore Rik Smits débutant aux côtés de Miller, Antonio Davis et Byron Scott apportant respectivement leurs muscles et leur expérience depuis le banc. On a connu pire, et Indiana remportera la Central Division (52-30) cette année-là avant d’échouer face au Magic de Shaq et Penny en finale de Conférence. Bref, ce n’est pas une balade de santé que s’offre Jordan pour retrouver la NBA.

Avant la rencontre, les Bulls font corps autour de leur leader. Une mêlée protectrice pour lui rappeler qu’il n’est pas seul et qu’ils donneront tout avec lui. Lorsque le speaker annonce le 5 de départ, le sourire qui illumine le visage de Scottie Pippen prononce le nom de Michael Jordan est sans équivoque : le bonheur et toute l’émotion de retrouver son compagnon d’autrefois ne sont pas feints. Cette fois c’est sûr, il est bien là, le doux rêve du retour est devenu réalité.

Michael Jordan

Source : solecollector.com

Une dure réalité. Les six premiers shoots de Jordan sont manqués, la plupart trop courts. Nerveux, manque de rythme ? Ben oui, la NBA est d’un niveau plus relevé qu’un film face aux Monstarz. À la mi-temps, les Bulls sont à la ramasse de 10 points, 47-37. MJ n’a mis que 2 paniers sur 9 tentatives, mais il semble dans le coup physiquement. Et comme mentalement il n’a pas changé, il ne risque pas de lâcher prise. Les Bulls non plus d’ailleurs, eux qui retrouvent de l’ambition et un supplément d’âme avec Jordan. Alors qu’ils sont menés de 16 points dans le troisième quart, ils refont surface et égalisent lors de l’ultime période sur un 3 points de Scottie Pippen. Le lieutenant devenu général qui reperd son grade pour épauler Michael. Car c’est bien MJ qui dirige la manoeuvre, replaçant ses coéquipiers, les exhortant de donner plus. D’un geste, d’un regard, ils savent que le patron dorénavant, c’est lui.

Qu’importe si Chicago s’incline finalement 103-96 après prolongations. Qu’importe si les 19 points à 7 sur 28 (dont 0/4 de loin), 6 rebonds, 6 passes et 3 interceptions en 43 minutes ne sont qu’un aperçu hésitant du talent autrefois imposé à toute la Ligue et si le numéro 45 n’a pas encore l’éclat du 23. Ce qui compte, c’est qu’il soit de nouveau chez lui, sur un parquet, à jouer au basket.

Il est toujours le même. Laissez-lui deux ou trois matches et il sera extraordinaire. Comme autrefois. – Reggie Miller.

Il lui faudra un peu plus de temps, même si la fin de la saison 1995 sera le théâtre de quelques exploits. Ce premier match a été compliqué, mais Michael Jordan ne compte pas baisser les armes. Il savoure et sait qu’il entame juste une nouvelle étape de son histoire.

J’aurais dû me douter que l’idée de revenir contre Indiana n’était pas top. Nous avons perdu mais je ne me fais pas de souci. Si j’avais scoré 60 points aujourd’hui, la suite aurait été ennuyeuse. – Michael Jordan.

20 ans aujourd’hui que Jordan a créé un électrochoc sans précédent pour redevenir le meilleur joueur de la planète NBA. Le chemin n’a pas été facile, et les défaites douloureuse qui ont suivi lors du printemps 1995 ont probablement été dure à digérer par la suite. Mais pas décourageante. Si MJ est revenu comme il le disait lui même pour l’amour du basket, il est resté et a su rebondir pour retrouver les sommets grâce à son esprit de compétition sans égal.

Source image : AMANN pour TrashTalk

Source vidéo : Youtube.