Mais au fait, que valent vraiment les Wizards ?

Le 06 déc. 2014 à 19:27 par Alexandre Martin

L’an dernier, ils ont dépecé des Taureaux affaiblis au premier tour de Playoffs avant de jouer les yeux dans les yeux avec des Pacers qu’ils auraient certainement pu sortir de la compétition. Aujourd’hui – alors qu’ils viennent de démanteler les Nuggets la nuit dernière (119 – 89) – ils sont plutôt bien installés à la deuxième place de la Conférence Est et semblent nourrir de grandes ambitions pour la suite. 

Mais que valent vraiment ces Wizards ? Peuvent-ils faire mieux qu’une demi-finale de Conférence ? Peuvent-ils bousculer les deux gros favoris version “East Coast” que sont les Bulls et les Cavaliers (même s’ils n’ont pas superbement démarré la saison) ou l’outsider numéro un que représentent les Raptors (qui eux, sont très bien lancés) ? Avant de nous précipiter et répondre à ces questions par un “Mais bien sûr, attends c’est du lourd Washington !” ou un “Evidemment ! Regarde un peu leur bilan !”, voire un “Non, impossible, ils seront encore trop courts !”, prenons le temps d’analyser ce premier mois de saison régulière fourni par les hommes de DC… 18 matchs joués, 13 victoires soit 72,2%. C’est un excellent bilan d’autant plus que Bradley Beal – si important et efficace lors des Playoffs 2014 alors qu’il n’a encore que 21 ans – a raté la moitié de ces rencontres (poignet fracturé) et que Nene Hilario a lui aussi déjà connu ses quelques pépins physiques habituels.

Ces Wizards sont très costauds. Le roster a subi quelques ajustements judicieux pendant l’été avec notamment l’arrivée de l’expérimenté et futur Hall of Famer, Paul Pierce qui envoie encore des lignes de stats très décentes pour un “vieillard” de 37 ans (presque 16 points et 5 rebonds de moyenne) et qui jouera un rôle essentiel quand viendront les joutes d’après saison. John Wall est clairement un monstre à la mène dont le talent et les qualités athlétiques n’ont d’égal que son égo surdimensionné. L’ami “Jean Mur” tourne à près de 18 points par match tout en distribuant 9,8 passes décisives (3ème de la ligue) et en volant 2,1 ballons en moyenne (3ème de la ligue) ! Physiquement, il n’a rien à envier à quelque meneur que ce soit en NBA, sa vision de jeu s’est sérieusement amélioré et ça se sent dans sa gestion du jeu, des systèmes de son équipe. Il accélère quand il faut, il nourrit ses “gros” sous le cercle, il attaque le cercle, il choisit de mieux en mieux les moments où il doit prendre ses responsabilités. Bref, hormis un shoot qui n’est pas encore suffisamment régulier (à peine plus de 42%), Wall a tout ! Tout ce qu’il faut pour tirer vers la haut cette escouade des Wizards.

Pour compléter le cinq majeur, rien de tel qu’un marteau polonais de 2m10 pour 110kg au poste de pivot ! Marcin Gortat a réalisé, lui aussi de très bons Playoffs au printemps dernier et son début d’exercice est dans le ton de ce que son coach, Randy Wittman attend de lui (14 points, 9 rebonds et 1,5 contres) car, même si ces stats pourraient être un peu supérieures, Gortat prend soin de beaucoup de tâches de l’ombre, il se donne, pose des écrans, fait la sécurité, balade son cochon et déchaîne les foules avec ses coiffures à la pointe de la mode. Très clairement, ce cinq – composé de John Wall, Bradley Beal, Paul Pierce, Nene Hilario et Marcin Gortat – peut regarder jouer front contre front avec celui de n’importe quelle autre franchise de la Grande Ligue. Le banc dispose également de quelques arguments comme Kris Humphries, Rasual Butler, Dédé Miller, notre frenchie Kévin Séraphin ou encore les sophomores Otto Porter et Glen Rice Jr. Il n’est donc pas étonnant de retrouver Washington dans le haut de la Conférence Est. Cinquième meilleure défense de NBA (95,6 points encaissés en moyenne depuis le début de saison), ces Wizards sont très difficiles à manœuvrer. Ils sont durs sur l’homme, solides aux rebonds (11ème de la ligue) et s’appliquent à faire tourner la balle en attaque (25,7 passes décisives par match avec 25,7, 3ème NBA).

Vu sous cet angle que pourrait-on demander de plus aux hommes de Wittman ? Une chose en fait : quelques victoires significatives ! Car, pour l’instant, à part des Cavaliers qui se cherchaient, les Wizards n’ont battu aucune équipe véritablement sérieuse. Ils n’ont battu quasiment que des “petits”, ils n’ont pas encore rencontré les Bulls, ils ont perdu une fois contre Toronto, une fois contre le Heat, une fois contre les Hawks et une fois contre les Cavs. En plus, ils ont joué 14 de leurs 18 matchs contre des équipes de l’Est et quand on voit les écuries impressionnantes qui rôdent dans le grand Ouest, on ne peut s’empêcher de se demander ce qui va se passer quand Washington va les affronter. Les Mavericks sont les seuls “gros de l’Ouest” que les Wizards ont croisé et ils se sont d’ailleurs inclinés sur leur parquet. John Wall et ses petits copains vont devoir montrer de quoi ils sont capables contre les poids lourds de la “West Coast” car battre les Lakers, les Celtics, le Magic (deux fois), l’équipe C des Pacers (deux fois) ou encore les Pistons, c’est bien mais ça ne fait pas de vous une machine inarrêtable non plus ! Randy Wittman n’étant pas exactement un génie du coaching (même s’il fait un boulot plus qu’honorable), il sera très intéressant de suivre, par exemple, le road trip des hommes de la capitale entre le 29 décembre prochain et le 5 janvier. En une grosse semaine, ils auront alors le plaisir de se déplacer (dans l’ordre) chez les Rockets, les Mavericks, le Thunder puis chez les Spurs et enfin dans le nid des Pelicans… Voilà un programme qu’on peut qualifier de copieux !

Au retour de ce road trip, nous en saurons beaucoup plus sur ce qu’a dans le ventre cette équipe de Washington. Nous pourrons alors plus facilement juger de sa capacité à hisser son niveau de jeu quand l’opposition le requiert et de ses aptitudes à répéter les efforts intenses. Bref, dans un mois, nous y verrons plus clair sur les véritables ambitions que peut nourrir ce roster jeune, talentueux et athlétique. Simple outsider ou prétendant sérieux ? DC va bientôt passer au révélateur…

Source image : Getty Images