A Loyola University, Paul Westhead était le “Guru of Go” : une plongée dans les entrailles du ‘run-and-gun’

Le 06 déc. 2014 à 18:00 par Leo

Monté de toutes pièces par l’ingénieux réalisateur Bill Couturié en 2010, Guru of Go reflète le chemin de croix mené par Paul Westhead, un grand stratège du jeu rapide poussé à son extrême qui permit à la petite université de LMU (Loyola Marymount University) de s’imposer comme étant une équipe dominante du championnat NCAA à la fin des années 80. Prenez une bonne respiration, vous en aurez grand besoin…

Démis de ses fonctions par les Lakers quelques temps après avoir remporté le titre face aux Sixers de Philadelphie en 1980, Westhead erre sans lendemain dans les contrées de la Ligue mais tient en sa possession les fondations d’un système pour le moins révolutionnaire et unique en son genre qui trouvera sa finalité dans les arènes surchauffées du championnat universitaire. Grand amateur de littérature et enseignant de la poésie shakespearienne à ses heures perdues, ce-dernier n’en demeure pas moins vivement critiqué par ses pairs quant au manque de structure de son plan de jeu, jugé anticonformiste. Dès lors, par une alternance stylisée entre flashbacks et réflexions présentes, le spectateur accompagne avec une amusante fascination ce coach joyeux aux confins de son délire imagé, en passe de ne plus simplement stagner à l’état de théorie farfelue…

En parallèle de ce fil rouge directeur destiné à comprendre les arcanes de sa philosophie de jeu, l’œuvre fait également la lumière sur la fin tragique de l’un de ses disciples “au cœur de la taille d’un lion”, à savoir Hank Gathers. Au rythme fracassant des victoires qui s’enchaînent et de la reconnaissance unanime du plan diabolique de Westhead aux origines du ‘run-and-gun’, la perte théâtralisée, sublimement mise en abyme, de cette force de la nature qui était prête à bousculer l’ordre établi de la Grande Ligue embellit d’autant plus la passion dévorante éprouvée par les disciples de Paul Westhead à son égard. Un sentiment partagé pour leur frère décédé tel Molière sur la scène auquel Bo Kimble et les autres ne manqueront pas de lui rendre un hommage des plus émouvants.

Croulant sous les diatribes de ses confrères à la vision étriquée, Paul Westhead, ce gourou fantasque et passé maître dans l’art d’émanciper un basketball trop longtemps bridé par ses conventions archaïques, a réussi à faire fonctionner son système basé sur la vitesse d’exécution et sur l’altruisme de ses acteurs dramaturges qui avaient l’interdiction formelle d’effectuer une passe en arrière ou de ralentir la cadence. “Improductif” et “voué à l’échec”, celui-ci s’est d’ailleurs révélé gagnant pour son créateur en WNBA où, à la tête des Phoenix Mercury, il décrocha en 2007 le précieux sésame, faisant de lui le seul entraîneur à ce jour à avoir gagné dans les deux sphères. Rien que ça…

Source image : ESPN