Houston, we have a très gros problème : les Rockets ont-ils réalisé le pire été imaginable ?
Le 23 juil. 2014 à 13:07 par Bastien Fontanieu
Ils étaient beaux, sentaient bon le sable chaud, et pouvaient voir l’avenir avec la confiance d’un futur prétendant au titre. Une série épique face aux Blazers et un été misérable plus tard, les Rockets n’ont plus du tout la même tête qu’il y a quelques mois…
Il fallait le faire. Il fallait le réussir, cet enchainement d’évènements inattendus et totalement en sa défaveur. Sa défaveur ? Oui, Daryl Morey, une des figures montantes les plus adulées de la Ligue, a dû passer quelques semaines difficiles depuis l’arrivée de l’été. Le General Manager de Houston s’était fait un vrai nom en très peu de temps, grâce à une stratégie bien définie : agressivité, franc-parler, amour des statistiques et de la géométrie basket, le tout derrière un sourire touchant et un savoir-faire attirant. Le bilan était d’ailleurs des plus satisfaisants, jusqu’ici. Une première année à tout bombarder sur Jeremy Lin, Omer Asik et surtout James Harden ? La seconde en s’appropriant Dwight Howard, voyant Chandler Parsons et Patoche Beverley progresser. Salut l’équipe flippante ! De la défense, du tir longue-distance, et un monstre sous les arceaux : tout ce qu’il faut pour aller loin en fait. Dommage que Kevin McHale soit à la tête du bordel, son équipe se prenant un vilain carton par Portland au premier tour des PlayOffs. Mais passons.
Passons à ce fameux mois de Juillet, celui qui devrait se terminer dans une petite semaine et ainsi délivrer les fans texans de leur torture actuelle. Un véritable massacre qui pourrait continuer si Morey n’en fait qu’à sa tête, lui qui avait commencé sa campagne tambours-battant. Et que je te séduis Carmelo Anthony, et que je crée suffisamment de place pour lui et LeBron, et que je téléphone Chris Bosh, et que je me ramène en bas de chez Kyle Lowry pour lui faire la bise : tout ce qui était humain, vivant, avec un peu de basket et agent-libre cet été, Daryl a été le voir en lui proposant de venir rejoindre ses puits de pétrole. Une attitude qui peut tout à fait fonctionner, comme il l’a montré par le passé avec Dwight, mais qui peut aussi se retourner contre vous. Comment passer d’agent en agent, sans se dire qu’on va passer pour un touche-à-tout qui n’a pas vraiment de plan en tête ? Premier domino qui tombe, et qui a démarré la douche froide dans cet état bouillant, Chandler Parsons. Un des principaux acteurs de la belle saison locale, et de l’arrivée d’Howard l’an passé, le produit de Florida espérait rester dans le coin et emmener ses copains le plus loin possible dans les années à venir. Réponse de Morey et compagnie ? FTG. Je suis en double-appel avec des joueurs nettement meilleurs que toi, on se rappelle demain soir, bisous. Ni une ni deux, le joueur et son agent se rendent à Dallas qui lui font les yeux doux : 46 millions sur 3 ans, un apéro gratuit avec Mark Cuban et un poste 3 totalement disponible avec le probable départ de Vince Carter. Comment refuser ? Houston a trois jours pour matcher, le management est tellement persuadé qu’il va trouver mieux qu’il décide de laisser filer. C’est sûr qu’au final, récupérer Trevor Ariza à 8 millions l’année, c’est nettement mieux.
La suite ? Un bordel sans nom. Omer Asik, direction les Pelicans. Jeremy Lin, direction Los Angeles. Omri Casspi, sans direction. Ces quatre joueurs, qui avaient justement permis à McHale de passer pour un excellent entraineur, finissent tous dans de nouvelles franchises et laissent ainsi la paire Howard-Harden sans véritable soutien. Pendant ce temps-là, les gros poissons trouvent leur rivière préférée et envoient un gros stop aux Rockets. Bosh reste à Miami, Melo à New York, LeBron va à Cleveland, Deng le remplace en Floride, même Sefolosha signe à Atlanta. C’est simple, comment aller voir les deux stars demain matin, et leur dire ceci sans exploser de rire ? Les gars, ne vous en faites pas, on gère : on vient de perdre tout notre banc ainsi que notre troisième meilleur marqueur, mais on vous a récupéré Trevor Ariza, Alonzo Gee, 4 choix de Draft, une boite de 9, deux clopes et Joey Dorsey. Normalement avec ce genre d’addition, c’est sûr qu’on va rester dans le Top 5 de la Conférence Ouest.
ARE YOU KIDDING ME ?
Les Warriors, Mavericks, Blazers et Suns ont réalisé tous les gestes qu’il fallait pour désarmer la fusée de Houston. Même les Lakers ont fait mieux, c’est dire la gueule du boulot réalisé par Morey. Au final ? Difficile d’entamer la future saison sans se dire que les Rockets seront l’équipe qui aura la plus grande chance de chuter au classement de la terrible jungle out West. Avec Dwight et Leonidas à la baguette, les PlayOffs restent bien évidemment dans la discussion quotidienne. Mais comment imaginer faire autre chose qu’un premier tour catastrophique, quand votre troisième option offensive est désormais… Trevor Ariza ? Pardon, Terrence Jones ? Euh, Patou Beverley ? Et même s’ils avaient réussi à se prendre Carmelo Anthony, comment nous regarder droit dans les yeux avec sérieux et pointer Kevin McHale du doigt en nous affirmant que cet homme gère la situation…?
La NBA est un business très fin, dans lequel certaines règles doivent être respectées si on veut construire une équipe solide et compétitive. L’agressivité, si bien utilisée, peut être formidable dans cette démarche. Mais à vouloir chercher le soleil un peu trop vite, on finit par se brûler les ailes. Un peu comme Icare, hein Morey.
Source image : HDposters