LeBron James et ce combat incessant contre l’histoire de son sport
Le 04 juin 2014 à 18:07 par Nicolas Meichel
A 29 ans, LeBron James va débuter jeudi la cinquième Finale NBA de sa glorieuse carrière. Doubles champions en titre, LeBron et sa clique sont à une série de réaliser un Three-Peat historique. L’occasion pour le King d’entrer encore un peu plus dans la légende de son sport…
On dit souvent que le temps passe très vite, trop vite. Ce sentiment est encore plus présent quand on voit évoluer un joueur NBA depuis ses débuts. On ne s’en rend peut-être pas compte, mais cela fait déjà une décennie que LeBron James use ses sneakers sur les parquets professionnels américains. Une décennie remplie d’exploits, d’attentes, de pression, de succès mais aussi de déceptions et d’échecs. A 29 ans, LeBron James a déjà tout connu dans la plus grande ligue de basket au monde : la gloire individuelle, la gloire collective, mais aussi les critiques et les moments un peu plus difficiles que d’autres. Depuis 2003 et son entrée en NBA à l’âge de 18 ans, LeBron a été un joueur à part, que ce soit par son talent, ses performances, mais aussi et surtout par la pression qui l’accompagne. Chacun de ses matchs a été analysé, chacun de ses faits et gestes a été scruté. Aujourd’hui, en 2014, rien n’a vraiment changé. Cela a même empiré, surtout avec l’avènement des réseaux sociaux où tout est sur-analysé et où l’information, circulant à la vitesse de la lumière, est accessible à tous. Quand vous vous appelez LeBron James, vous devez donc constamment vous remettre en question, vous devez constamment prouver quelque chose. Les attentes sont intactes. Et à l’aube de ses cinquièmes Finales NBA, le King sera à nouveau sous le feu des projecteurs. Aujourd’hui double champion NBA en titre et quadruple MVP de la ligue à seulement 29 ans, LeBron fait déjà probablement partie des dix meilleurs joueurs de l’histoire, mais cela ne suffit pas.
Jugé par le nombre de bagues, le reste devenant anecdotique
LeBron James ne sera jamais vraiment jugé comme les autres. Que ce soit Michael Jordan, Kobe Bryant, Shaquille O’Neal, Larry Bird ou Magic Johnson, aucun n’a jamais été à ce point obligé de montrer, match après match, série après sa série, sa grandeur (encore une fois, la société de l’information dans laquelle nous vivons actuellement y est pour beaucoup). James peut avoir tout accompli dans sa carrière, il se doit de ne pas décevoir, jamais. C’est probablement injuste, mais c’est comme ça. A chaque échec, il sera montré du doigt et remis en question. Cela est probablement dû aux interminables comparaisons dont il fait l’objet, que ce soit avec Michael Jordan ou n’importe quelle autre légende du jeu. Mais cela est dû également à l’incroyable potentiel basket que les fans perçoivent en le regardant. Ils ont le droit d’attendre de LeBron James les choses les plus incroyables. Parce que oui, il est le basketteur ultime de sa génération. Quand on possède ses qualités athlétiques, ainsi que son QI basket et sa technique, qui est d’ailleurs souvent sous-estimée ou dans l’ombre de ses capacités physiques, il est normal de s’attendre au meilleur. Il est aussi normal de s’attendre au meilleur quand le principal intéressé déclare de lui même qu’il veut devenir “le plus grand joueur de l’histoire”. Alors évidemment, cette discussion est hautement subjective, et le sera pour toujours, mais rien que de dire cela met automatiquement une pression énorme sur les épaules. S’il veut devenir le plus grand joueur de l’histoire, il devra jouer comme tel, surtout lors des Finales NBA. Parce que ce sont ces séries là qui construisent les légendes. En quatre Finales, LeBron James a connu des hauts et des bas. En 2007, déjà face à San Antonio, il s’était pris une correction avec ses Cleveland Cavaliers. Trop jeunes, inexpérimentés, les Cavs n’avaient pas fait le poids, et LeBron était alors bien trop mal accompagné. Par contre, quatre ans plus tard, pour son retour en Finale, James n’était plus seul, puisque qu’entouré de Dwyane Wade et Chris Bosh à Miami. Et on s’en rappelle tous, “The Chosen One” s’était planté. Depuis, beaucoup de choses ont changé. Plus de maturité, un jeu individuel plus abouti, et deux titres en poche contre Oklahoma City en 2012 et les Spurs en 2013. Bref, vous connaissez l’histoire, mais les plus belles pages restent peut-être à écrire. A partir de jeudi, il sera à nouveau en piste pour espérer ajouter de nouvelles lignes à son palmarès. Toute la saison, on a attendu ce moment. Toute la saison, IL a attendu ce moment. LeBron sait que c’est maintenant que tout se joue. Ce n’est plus en saison régulière, ce n’est plus avec des MVP, non, ce sont uniquement ces séries de juin qui peuvent solidifier sa place dans l’histoire. LeBron James est maintenant surtout jugé (à tord ?) par le nombre de bagues qu’il aura à la fin de sa carrière. Tout le reste devenant presque anecdotique.
En compétition avec les légendes de son sport
Dans le sport de haut niveau, il y’a deux catégories d’athlètes. Il y’a ceux qui sont en compétition avec leurs concurrents directs, et ceux qui sont en compétition avec les légendes de leur sport. La deuxième catégorie est réservée à une certaine élite que peu peuvent atteindre. Pour y entrer, il faut à la fois dominer sa génération, tout en étant assez bon pour pouvoir être comparé aux plus grands. C’est le cas de LeBron James. A partir de jeudi, ce dernier se battra pour bien plus qu’une bague NBA. Il se battra également pour l’histoire, pour son héritage, pour sa “legacy” comme on dit outre-Atlantique. Il a l’occasion de devenir, en cas de succès, le troisième joueur de l’histoire à remporter un troisième titre de MVP des Finales consécutif, après Michael Jordan (à deux reprises) et Shaquille O’Neal. Il a l’occasion également d’être le grand artisan de la quatrième franchise de l’histoire à réaliser le fameux Three Peat, après les Boston Celtics, les Chicago Bulls et les Los Angeles Lakers. En cas de défaite, il s’inclinerait pour la troisième fois en cinq tentatives, un bilan pas forcément à la hauteur des attentes placées en lui. Mais n’oublions pas quand même que le basket reste un sport d’équipe. De nos jours, l’analyse basketballistique est beaucoup trop individualisée. Que ce soit pour LeBron ou un autre joueur, il y’a toujours cette mauvaise tendance à mettre en avant ses statistiques, ses performances, sans prendre en compte l’ensemble dans lequel il évolue. Aucun joueur NBA n’a jamais remporté un titre tout seul dans l’histoire de la ligue. Cela vaut pour Jordan, Kobe, LeBron, Magic…Gagner un titre, cela demandera toujours du travail d’équipe, du collectif, des rôles players, des lieutenants, et des génies. Alors oui, LeBron James a l’occasion de renforcer sa place au coeur des légendes de la ligue en cas de victoire, mais il ne faut surtout pas que cela prenne le dessus sur le plus important, à savoir le triomphe d’une équipe. LeBron ne gagnera pas tout seul, et ne perdra pas tout seul. Il fait partie d’un ensemble, ce qui signifie que les louanges ou les critiques doivent être collectives et non individuelles.
Une fois de plus, LeBron James aura le lourd poids des annales sur ses épaules. Entre les comparaisons inutiles et les conclusions prématurées, le King écrira à partir de jeudi une nouvelle page de SON histoire. La seule qui compte vraiment finalement…