Draft 2014 : T.J. Warren, un scoreur explosif qui ne sait faire… que ça ?

Le 02 juin 2014 à 18:46 par Bastien Fontanieu

Il est grand, il est fin, il est bon et tout le monde l’aime assez bien. Bande de pervers, T.J. Warren vient de nous sortir une exceptionnelle saison à North Carolina State, et l’ailier sera bien présent à la Draft 2014 : quel avenir lui réserve-t-on, plutôt Rudy Gay ou Caron Butler ?

Profil

> Âge : 20 ans. Né le même jour que Lance Stephenson, enfin trois ans après. Faites les conclusions que vous voulez.

> Position : Ailier. Le corps prototype pour ce poste.

> Equipe : North Carolina State University. David Thompson et Tom Gugliotta vous saluent.

> Taille : 203 centimètres. Coucou Rudy Gay.

> Poids : 98 kilos. Coucou Jason Kidd.

> Envergure : 208 centimètres. Pas de quoi crier scandale non plus.

> Statistiques 2014 : 24.9 points, 7.1 rebonds, 1.1 passes, 1.8 interceptions et 0.6 contres à 53% au tir dont 27% de loin, le tout en 35 minutes.

> Comparaison : On parle de Rudy Gay ou Caron Butler dans le meilleur des cas, voir de Trevor Ariza si ça se passe pas du tout comme prévu.

> Prévision TrashTalk : Entre les places 15 et 20.

Qualités principales

Première impression évidente quand on voit T.J. Warren sur un terrain ou sur une feuille de stats : le garçon sait mettre la balle dans le cercle. Un des meilleurs marqueurs la saison passée au pays de l’Oncle Sam, Tijé c’est quand même près de 25 points par rencontre à un pourcentage correct en général. On parlera plus bas de ses galères à distance, mais filez-lui la balle n’importe quand sur l’aile et vous avez de grandes chances de trouver deux points quelle que soit la finition. Floater main droite, spin et floater main gauche, tir avec la planche, pénétration intelligente pour chercher ses lancers, rebonds offensifs ou petit tir en tête de raquette : Warren a un instinct de dingue pour faire péter le scoring avec ses 70% de réussite proche de l’arceau, et il devrait séduire de nombreuses franchises rien que pour cette simple capacité. Pas besoin de systèmes en isolation afin de chercher ses pions, le jeune homme a le nez fin pour scorer et il sait quels sont ses points forts : son profil sera donc celui d’un ailier scoreur en NBA, que ce soit en transition où il excelle comme sur attaque placée où il trouve souvent la faille dans la défense adverse.

Du coup, même si sa simple présence sur le parquet ne crée pas une panique totale en face, Warren est le genre de joueur qui fait son boulot soir après soir et qui termine à l’aise au-delà des 16 points alors qu’on le croyait absent tout au long de la rencontre. Un scoreur né, qui a dû tout faire comme un grand l’an passé dans sa fac tant son équipe manquait de joueurs de qualité. Mieux encore, quand il a su notamment que ses potes de première année partaient, T.J. a bossé comme un dingue pour perdre 10 kilos afin de devenir un ailier plus rapide et mobile : un effort conséquent qui a payé, et qui montre la détermination du jeune homme. Sa régularité au rebond offensif plait aussi à pas mal de monde, puisqu’il n’hésite pas à aller jouer des coudes dans la raquette pour trouver un moyen d’ajouter deux points : on a beau se répéter, on ne peut que saluer cette capacité exceptionnelle à trouver des points dans toutes les positions possibles et imaginables.

Côté défense, ses vrais points forts restent sa vitesse de main et son anticipation sur les lignes de passe. En jouant pour une équipe comme NCS qui a tendance à vouloir presser haut plutôt que contenir la pénétration, Warren s’est régalé en allant souler les ailiers adverses et en mettant souvent la main sur le cuir : près de 2 interceptions par match, pas uniquement en se jetant sur les lignes de passes comme Chris Paul aime faire par exemple. Autre point fort, sa mobilité et ses mensurations qui en font un possible défenseur solide à l’aile dans le futur. Très proche de Trevor Ariza physiquement, manque juste les fondamentaux.

Défauts majeurs

Maintenant, la grande question qui se pose concernant T.J. Warren, c’est bien celle qui se trouve dans le titre : mais que sait-il faire d’autre à part scorer ? Dans une Ligue actuelle dominée par les meneurs scoreurs-distributeurs ou les ailiers cyborg-polyvalents, difficile de trouver une vraie place pour l’ailier de North Carolina State. Déjà, en attaque, on a quelques soucis avec sa capacité à distribuer le cuir. Oui, il avait une équipe vraiment moyenne l’an passé, mais non on ne peut pas le laisser tranquille s’il tire sur deux défenseurs alors qu’un copain est seul sous le panier. Réaliser une passe décisive toutes les 33 minutes en moyenne, c’est pas assez. Du tout. Et si ce n’était qu’une question de chiffres ça pourrait aller : dans le jeu, Warren a tendance à jouer avec des œillères, trop concentré sur l’arceau plutôt que ses copains. Un problème qu’il faudra vite régler, car en NBA un rookie qui ne donne pas la balle à un copain démarqué c’est direction le banc et rapidement l’étiquette de croqueur.

Sa mécanique de tir laisse aussi à désirer : ses floaters et sa réussite dans le petit périmètre en font un as du scoring, mais que se passera-t-il si les défenses adverses le laissent tout seul à trois points ? 27% de réussite à distance, les pieds rarement alignés avec l’arceau, une balle ramenée au niveau des cuisses et une tête qui part en arrière, va falloir vite bosser tout ça sinon son manque de réussite à l’extérieur va créer de gros problèmes offensifs non seulement pour lui mais aussi pour son équipe. En catch-and-shoot ça peut encore aller, mais alors en isolation sur l’aile on peut aujourd’hui lui laisser un ou deux mètres pour mieux défendre la pénétration : difficile de se faire un vrai profil en NBA quand on est un scoreur et que le tir extérieur est en panne…

En défense, là aussi la franchise qui le prendra devra être patiente avec le jeune homme. Sa spécialité : ne pas se battre au rebond défensif et défendre sur ses talons, pas les meilleurs fondamentaux pour commencer une carrière professionnelle à l’aile. Alors qu’il est assez grand et long, Warren ne souhaite pas attraper les rebonds défensifs ou au moins se battre pour bien terminer une possession dans sa moitié de terrain. Boxer au rebond, inconnu dans le vocabulaire. Par contre, regarder la balle quand un tir est pris, là tout le monde se lève pour Danette. Trop de laxisme, d’effort irrégulier, attention à ne pas s’étiqueter là aussi, on devient vite connu dans les coulisses de la Ligue si on ne se donne pas en défense… En défense un-contre-un, trop de mauvaises séquences au niveau positionnement. North Carolina State, c’est l’art de la presse. Contenir la pénétration, c’est pas le genre de la maison : du coup le leader cherche ses interceptions par flemme, au lieu de se mettre bien bas pour empêcher un drive et forcer un tir difficile. Peu de chance de s’en sortir en NBA si les vétérans voient cette tendance chez Warren.

Conclusion

Parfaitement placé aujourd’hui dans les pronostics de Draft, T.J. Warren est un scoreur né mais dont le jeu semble unidimensionnel. Pas de vision du jeu ni d’effort défensif, il sera difficile de le voir devenir autre chose qu’un remplaçant explosif tant que des progrès géants ne sont pas effectués dans ces deux domaines majeurs. Aucun problème à imaginer le garçon tourner à 15 points de moyenne dans moins de deux ans, mais à quel pourcentage ?

Source image de couverture : ESPN


Tags : T.J. Warren

Dans cet article