“We Are One” : ce chant de la révolte qui peut mener les Clippers au titre

Le 05 mai 2014 à 23:26 par Leo

Il y a une dizaine de jours de cela, l’univers NBA fut outré par les propos indécents d’un multimillionnaire xénophobe qui fut aussitôt “banni à vie” de toute activité propre à la Ligue. Si un interminable combat judiciaire se trame dorénavant, les premiers visés par ces attaques injurieuses et discriminatoires, à savoir les Los Angeles Clippers, ont entamé, quant à eux, un autre combat pour l’égalité et la tolérance, incarnant à leur dépourvu ce visage fraternel, pluriculturel qui fait la beauté de notre Grande Ligue. Alors qu’il s’apprêtent à affronter un Thunder d’Oklahoma City lancé à pleine balle, leur parcours détient à présent une teneur symbolique, positivement libératrice qui pourrait sublimer leurs intentions les plus osées…

“We Are One”. Slogan né de la colère éclairée des fans aux échos repoussants d’un racisme primaire, stérilisé dans l’entonnoir de l’ignorance générale, ce cri du cœur repris à l’unisson a d’ores et déjà conféré un second souffle aux Clippers, leur redonnant la foi afin de venir à bout de Golden State Warriors tout aussi impliqués et touchés par les événements. Au sortir d’un game 7 dantesque, l’entraîneur de la maison californienne en berne, Doc Rivers, n’a pas caché sa joie, perçue comme une libération d’un poids harassant que tout un groupe uni et solidaire ne pouvait supporter davantage.

Source : Michael Owen Baker/L.A. Daily News

Source : Michael Owen Baker/L.A. Daily News

“Ce fut une distraction”, avoue le Doc en interview. “Lors de notre première réunion avant l’entraînement avec l’équipe et après que les enregistrements aient été révélés, je suis entré dans le vestiaire et j’ai contemplé le visage de mes joueurs. Ils étaient embarrassés, copieusement en colère, hors d’eux. Ils voulaient AGIR.”

Agir, ce verbe transcendant qui effraye les manigances des esprits les plus cloisonnés…

Si Adam Silver a rendu un jugement aussi rapide que déterminant dans ce dossier, dans l’attente, les Clippers, ainsi que les autres écuries de la ligue, eurent afficher leur indignation avec les armes mises à leur disposition. Jackets jetées au sol, brassards noirs : les insinuations innommables de Donald Sterling n’ont aucunement été passées sous le silence dangereux de cette même indifférence qui a permise la prospérité d’un être odieux pendant plus de 30 ans. Dès lors, au lieu de s’apparenter à un facteur de démotivation ou de résignation, ce climat écœurant a soudé le groupe de Rivers comme jamais, plus que tout autre sentiment bienveillant qui pousse à l’excellence et à l’unité dans de pareil cas où l’amertume annihile l’envie de faire ce que vous aimez le plus.

Par ailleurs, dans le cadre souverain du jeu à présent, les Los Angeles Clippers possèdent dans leur main une chance paraissant décuplée, du moins dans l’esprit, de briser les barrières qui se dresseront devant eux après avoir personnifié ce prisme de la honte et bu, en conséquence, le calice jusqu’à la lie. Car avant tout, ce fut leur organisation qui fut la première touchée, plainte et heurtée dans la fierté qu’elle souhaitait afficher aux yeux du monde entier. Sortis grandis ensemble de cet abysse misérable, les Clippers s’apprêtent à défier le Thunder d’un Kevin Durant tout proche de se voir logiquement décerner le titre de MVP pour la première fois. La tâche sera dure, exténuante, voire impossible à outrepasser. Cependant, après les dérives d’un tel épisode pour la franchise, il y aura-t-il réellement une montagne plus élevée, plus périlleuse à gravir que celle à laquelle ils étaient suspendus au cœur de l’opposition enflammée face aux Warriors de Stephen Curry ? Le temps et les actes nous le diront prochainement…

En définitive, une utopie en remplaçant une autre, il ne faudrait omettre, quoique l’on formule ou désire au travers de la NBA, sa définition première, celle d’une science stylisée de l’architecture du divertissement, une place forte de la théâtralisation de nos émotions au contact du sport et de ses principes. Si toute forme vulgaire d’une théorie du complot est ici écartée, le scénario de ces PlayOffs magnifiquement disputés s’est vu greffer une thématique sociale, une dimension politique qui participera grandement, à n’en pas douter, au travail de sublimation du chemin à parcourir pour des Clippers en route vers l’Histoire, leur histoire…

Source image : axs.com