Miroir ô mon beau miroir : de qui la NBA se souviendra-t-elle dans 20 ans ?

Le 30 mars 2014 à 16:03 par Giovanni Marriette

Derrière le duel d’égocentriques cannibales que peuvent se livrer cette année Kevin Durant et LeBron James pour décrocher la timbale du MVP gravitent quand même environ 450 joueurs. Des joueurs dont on parle tous les jours, ici et ailleurs. D’autres un peu plus sur courant alternatif, et enfin tout une flopée de mecs, les plus nombreux, dont on soupçonnerait à peine l’existence si l’on ne prenait pas un malin plaisir à disséquer les box-scores chaque matin en léchant notre cuillère de Nutella…

On a tenté de déceler ci-dessous lesquels de ces joueurs sont en mesure, sont ou seront capables de laisser une empreinte dans la mémoire collective autant que dans la notre, pour différentes raisons, à tel point que leurs noms ressortiront encore dans une vingtaine d’années. Un travail forcément compliqué, un tri à faire perdre des kilos, mais à l’arrivée une liste de noms qui ressort. Alors évidemment qu’à ces noms-là, plus ou moins prestigieux selon la circonstance, peuvent s’ajouter tout un tas de joueurs que vous vous étonnerez peut être de ne pas retrouver. Et bien sûr que, pour des raisons évidentes, certains des cas que vous retrouverez ci-dessous pourront vous paraître étonnants, à vous ou à d’autres. Le but étant d’analyser plusieurs composantes et pas chaque joueur au cas par cas et encore moins de dire si Pierre et Paul sont meilleurs que Jacques. Allez, prenez place, ajustez bien le petit coussin sous vos fesses et bonne lecture…

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2 légendes face à face… source: espn.com

20 ans. Une éternité pour certains, un courant d’air pour d’autres. Personnellement, la NBA d’il y a 20 piges me paraît à la fois si loin et si proche… En 94, si je pleurais pour quelques temps le départ de Jordan, je m’extasiais à l’époque sur les performances historiques d’une génération restée dans ma mémoire, peut être aussi car c’est elle qui à fait découvrir le basket au plus grand nombre d’entre nous, bien avant les gonzes de la draft 2003 et tous les autres… Olajuwon, Barkley, Ewing, Malone/Stockton, Payton/Kemp… J’arrête car la seule liste que j’ai en tête là, tout de suite, suffirait à remplir ce papier… L’essentiel, puisque c’est cela dont on parle aujourd’hui, c’est que 20 ans plus tard, ces joueurs sont encore là, au plus profond de nous, et on a tous en tête une (souvent beaucoup plus) action qui nous rappelle cette belle époque…

Pour les joueurs en activité, on a voulu dans un premier temps séparer tout le monde en plusieurs catégories:

Il y a tout d’abord les monstres statistiques, ceux là même qu’on sera obligé de mentionner pendant très longtemps, tout simplement car ils trôneront sans doute bientôt tout en haut des classements qu’ils dominent déjà actuellement dans la ligue.

Viennent ensuite les petits nouveaux. Amenés à dominer tout au long d’une carrière qu’ils débutent à peine, leurs noms seront forcément encore sur toutes les lèvres dans 2 décennies, pour peu que leur santé ne leur joue pas des tours et ne fasse pas d’eux des Penny Hardaway, Greg Oden ou Brandon Roy en puissance.. .

Autre catégorie, bien à part celle-là: les OVNIS. Ceux dont on se rappellera non pas pour leurs triple doubles ou leurs tomars surpuissants, mais plutôt pour leurs 258 tatoos ou leur grande gueule.

Puis les révolutionnaires. Des monstres physiques et techniques ayant fait bouger les lignes en NBA, de part leur capacité à faire de leur polyvalence et leur talent un casse-tête pour toute la NBA, obligée donc de s’adapter aux pouvoirs quasi-surnaturels de ces joueurs…

Et enfin les légendes. Ceux dont on parlera encore non pas dans 20 ni 30, mais dans 1000 ans. Des joueurs encore en activité, plus pour longtemps pour certains, mais dont on sait qu’ils font déjà partie de l’histoire de notre sport…

LES MONSTRES STATISTIQUES

Stephen Curry

Baby Face, un visage d’ange à l’aube d’une carrière pleine de records… source: posterdunk.com

Dans cette catégorie, 2 noms me viennent instantanément. Le premier, Stephen Curry. A 26 ans, Baby Face fait déjà partie, pour un grand nombre d’entre nous, des plus grands snipers de l’histoire. En effet, être capable chaque soir de shooter une dizaine de fois de loin tout en rentrant quasiment la moitié de ces tirs relève de l’exploit (et dans mon cas, de l’utopie…). 272 triples passés l’année dernière, une saison actuelle dans les mêmes standards, et c’est toute la NBA qui s’incline devant la force de frappe du meneur des Warriors, qui deviendra rapidement le shooteur le plus prolifique de l’histoire, devant des dieux de la discipline comme Ray Allen ou Reggie Miller. Rien ne semble pouvoir arrêter Curry dans sa quête de record. En catch and shoot ou en première intention, après un pick ou en contre attaque à 4 contre 1, le beau gosse dégaine plus vite que son ombre et avec une adresse redoutable. C’est une certitude, il s’installera vite tout en haut du classements des meilleurs shooteurs à 3 points de tous les temps. Autre certitude, à la fréquence à laquelle il dégaine, il faudra très longtemps avant qu’il soit inquiété tout en haut de ce classement…

Autre phénomène de foire, Andre Drummond. Englué pour le moment dans un roster gangréné par les mentalités plus que limite (la sienne aussi hein), il évolue pour le moment en dessous des radars. Mais quasiment 13 rebonds par match pour un sophomore force obligatoirement mon respect. Et, que le tout jeune (20 ans) pivot rejoigne un candidat au titre ou qu’il végète toute sa carrière dans des équipes de seconde zone, il ne serait pas étonnant de le voir rafler le titre de meilleur rebondeur de la ligue pendant toute une décennie, de quoi en faire l’un des pivots les plus dominants du 21ème siècle. Qu’on se le dise, Dede Drummond est un monstre, un monstre de 20 ans. Effroyable.

Mentions: Kevin Love, Dwight Howard, Rajon Rondo

LA NOUVELLE GÉNÉRATION

Anthony Davis

The Unibrow, le futur de la ligue… source: philnews.ph

Pour ces jeunes gens, c’est de domination ultime dont on vous parle. Des joueurs déjà ultra dominants à leur âge, pour lesquels sky is the limitKyrie Irving fait partie de ces joueurs. En a peine 3 ans, le gamin a déjà prouvé qu’il ferait partie du gratin pour les 15 prochaines années. Adroit de loin, altruiste, patron sur le terrain et en dehors, il a également démontré a plusieurs reprises un côté clutch à faire flipper les meilleures défenses de la ligue… Passé à la postérité sur les playgrounds grâce à son personnage d’Uncle Drew, il semble avoir tout le bagage nécessaire pour durer puisqu’il allie pour le moment à merveille les performances sur les parquets et tout le package marketing qu’une star de son envergure se doit d’assumer… Reste à voir maintenant s’il sera capable d’emmener une franchise au sommet. Pour cela, les Cavs devront oser lui offrir un supporting cast digne de ce nom, faute de quoi Kyrie aura toutes les raisons d’aller monnayer son immense talent sous d’autres cieux plus convenables à ses attentes, celles d’un meneur ayant les moyens de dominer la NBA les 10 prochaines années…

Dans la même veine, je vous présente Anthony Davis. Enfin j’ose quand même espérer qu’il n’est inconnu d’aucun d’entre vous… A peine 21 ans et déjà l’un des (le?)poste 4 les plus dominants de la ligue. Des bras interminables, une détente de fou malade pour un joueur de sa taille (2m08) et une vision du jeu qui lui permet déjà d’être un féroce défenseur à l’âge ou certains de ses collègues de promo apprennent encore les bases de leur futur métier… Meilleur joueur NCAA en 2012, meilleur contreur NBA en 2014, déjà présent au All Star Game cette année, il franchit depuis 2 ans les étapes à vitesse grand V mais rien ne semble trop grand pour lui tant il détruit les raquettes adverses soir après soir… Et quand le règne de LeBron et KD prendra fin, on mettrait bien une petite pièce sur l’Unibrow qui met la main sur le trophée de MVP et ce, pour quelques saisons de suite…

Mentions: Damian Lillard, John Wall

LES OVNIS

Chris Andersen

Chris Andersen, l’un des personnages les plus cintrés de la ligue… source: dy.snimg.com

Ceux-ci ne sont pas loin d’être vos préférés… Ne cherchez pas de performances ahurissantes, de saillies offensives ou de titre de MVP. Pour ces mecs là, on retiendra plutôt, et pour longtemps, des looks improbables, que ce soit dans les fringues, les cheveux, la gouaille ou les tatoos. Des cas spéciaux qui font s’arracher les cheveux aux flics de la NBA mais qui ambiancent les fans comme peu savent le faire. Des identités crées de toute pièce qui se retrouvent parfois dans l’état d’esprit affiché sur le terrain. C’est le cas par exemple de Chris Andersen, aka The Birdman, connu dans un premier temps du grand public essentiellement pour ses frasques en dehors du parquet et notamment une longue suspension de 2 ans pour usage de drogue en 2006. Son surnom? Il le doit à sa performance lors du Slam Dunk Contest en 2005, jour où il s’est ouvert au monde en déployant ses ailes… Energizer exceptionnel en sortie de banc, champion NBA avec le Heat, il est sans conteste le genre de joueurs dont on se rappellera dans 20 ans, quand, au coin du feu, nos gamins nous demanderons de leur conter nos souvenirs de jeunesse…

Mention: Lance Stephenson

LES RÉVOLUTIONNAIRES

KD vs LBJ

un duel qui va bien au delà du parquet… source: blacksportsonline.com

Impossible de passer à côté de ces 2 là. Déjà car ce sont incontestablement les 2 meilleurs joueurs du 3ème millénaire, et tout simplement 2 des meilleurs joueurs de l’histoire. Tout simplement. Mais au delà des statistiques, aussi exceptionnelles qu’elles soient, au delà des titres NBA, des trophées de MVP ou de meilleur scoreur, les 2 loustics auront apporté ce que si peu de joueurs peuvent se vanter d’avoir amené: de la nouveauté. Un alliage puissance/vélocité/adresse qui aura obligé tous les coaches NBA a revoir leurs plans et a mettre au point (ou pas) des stratagèmes pour arrêter des joueurs capables de jouer à tous les postes, des joueurs de pratiquement 2m15 aussi à l’aise à 3 points que dans la raquette (Durant), ou encore possédant un tel physique que quasiment aucune défense ne peut les arrêter une fois lancés (LeBron James). Pro-Durant ou pro-James, impossible de nier que ces deux extraterrestres ont fait bouger les lignes sur la planète basket. Avec son armoire à trophées déjà débordante de récompenses en tout genre et le flot de controverses qui accompagnent sa carrière depuis The Decision, LeBron restera à coup sûr dans les mémoires pour de très nombreuses décennies. Pour Kevin Durant, c’est le coté éternel second qui a pour l’instant fait de lui ce qu’il était. Depuis quelques mois, tout ça est en train de changer et nul doute que si KD arrive à ses fins en devenant rapidement champion NBA, il rentrera définitivement dans un cercle très fermé de joueurs ayant outrageusement dominé leur époque tout en accédant au graal collectif qu’est un titre de champion… Mais pour cela il devra notamment passer sur le corps d’un certain…LeBron James. Alors oublions un instant les guéguerres et profitons juste de vivre à une époque ou gravitent en NBA 2 telles astres, 2 astres qui siègent et siègeront ad vitam eternam aux côtés des légendes de ce sport et qui auraient d’ailleurs tout aussi bien pu figurer dans ma dernière catégorie…

LES LÉGENDES

La catégorie où le tri a pour moi été le plus simple. Je vais vous parler à présent de 2 joueurs dont on parlera forcément dans 20 ans, pour la simple et bonne raison qu’ils font déjà partie des plus grands joueurs de l’histoire. 2 joueurs dont la carrière est à citer en exemple, autant pour la fidélité à leur franchise que pour leur palmarès et leurs performances statistiques depuis ce jour béni où ils ont foulés pour la première fois un parquet NBA.

Pour commencer, Dirk Nowitzki. Pour sa position de premier Européen dominant dans la grande ligue. Alors ok je vous entends déjà me causer de Drazen Petrovic. Malheureusement fauché en plein vol, il n’a évidemment pu montrer qu’une infime partie de son talent. Sans cette fin tragique, il aurait sans doute sa place aujourd’hui à travers ces lignes. Mais Dirk, c’est le cran au dessus. Au sein d’une franchise bâtie année après année par Mark Cuban autour de son franchise player, le WunderKid a réussi l’exploit de s’affirmer comme le meilleur joueur de la ligue en 2007, devenant ainsi le premier MVP européen de l’histoire. Plus fort encore, il est monté 4 ans plus tard sur le toit de la NBA en devenant champion avec les Mavs, finale durant laquelle il fût évidemment élu MVP. Déjà dans les 20 meilleurs scoreurs All Time, sa fin de carrière lui servira maintenant à gratter quelques places dans ce classement prestigieux, mais nul doute que quelque soit sa place au bout du compte, le grand blond gardera à tout jamais une place à part, à Dallas évidemment, mais aussi sur toute la planète basket.

Tim Duncan

le meilleur poste 4 de l’histoire? source: rollingout.com

Dernière légende à figurer dans notre panthéon du jour, et non des moindres. On parle ici du probable meilleur poste 4 de tous les temps. Cette dernière phrase devrait d’ailleurs suffire à elle-même. Vous l’avez reconnu c’est bien du Mister Fundamental dont on parle au soir de sa carrière. Rien ni personne n’aura résisté à Tim Duncan durant sa carrière, jugez plutôt le CV: joueur universitaire de l’année en 97 sous le jersey de Wake Forrest, ROY en 98, 14 sélections au All Star Game, 3 titres de MVP des finales, 2 trophées de MVP et évidemment 4 titres de champion. Autre chiffre impressionnant, Duncan n’a commencé sur le banc de Gregg Popovich qu’a 2 reprises en plus de 1250 apparitions avec San Antonio. Tim Duncan joue pour les Spurs? Non. Tim Duncan EST les Spurs… Au crépuscule de sa carrière, s’il court encore après un nouveau titre de champion avec sa franchise de toujours, ce n’est pas en tant que dinosaure mais bien dans la peau d’un leader qui, s’il a connu logiquement une nette baisse de ses statistiques, continue de mater la jeunesse rebelle de la ligue quasiment chaque soir… Dans 20 ans, les coaches du monde entier en seront probablement encore à montrer des DVD du n°21 des Spurs… Dans 30 ans aussi. Et dans 100 ans… Duncan n’a pas encore arrêté de jouer qu’il fait déjà partie de la légende. Il faut dire qu’il est un personnage à part. Pas une incartade en carrière, pas un mauvais geste, pas un sourire ou presque en 17 ans de présence pour un joueur qui fascine autant les puristes qu’il énerve les adeptes du beau jeu et des Top 10… Par contre il rassemble au moins sur un point: l’efficacité. Jamais dans l’histoire un joueur n’aura gagné autant de match en ne dérogeant jamais à son fonds de commerce. Et dire que dans quelques mois peut être Timmy quittera la ligue. Ça me ferait presque venir quelques larmes tiens…

Mentions: Kobe Bryant, Kevin Garnett, Chris Paul, Steve Nash

On vous avait prévenus, isoler quelques joueurs pour répondre à la question présente en titre de cet article n’est pas aisé. Le but étant de faire apparaître des têtes d’affiches et en aucun cas les seuls joueurs dans ce cas. On compte d’ailleurs sur vous pour réagir et nous donner vos impressions. Qui ne mérite pas de voir son nom mis en lumière ici? De qui parlerons nous le plus dans 20 ans lorsque l’on se remémorera cette époque du début des années 2000? Pour ne pas vous mentir, on est assez pressés de recueillir vos réactions afin de rebondir ensemble sur vos propositions et votre ressenti… Alors ni une, ni deux et à vos claviers…


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