La Palette TrashTalk – Episode 5 : Goran Dragic, le général des Suns
Le 01 mars 2014 à 17:35 par Sony
La Palette TrashTalk, c’est l’occasion d’effectuer une analyse pour bien comprendre le rôle d’un joueur, ou pour mettre en valeur le travail des coaches par le biais des systèmes qu’ils utilisent. Si les exploits des plus grands joueurs de ce sport ont fait lever les foules, le basket est avant tout un sport collectif. Si Ray Allen est devenu le meilleur shooteur de l’histoire, c’est qu’on lui a posé des écrans pour se démarquer et dégainer. Si Karl Malone est le deuxième meilleur scoreur de l’histoire, ses Pick&Roll avec John Stockton n’y sont pas étrangers. C’est parti.
Aujourd’hui c’est Goran Dragic qui passe au crible fin de la Palette TrashTalk. Le meneur de 27 ans fait une saison de folie. Non sélectionné pour le All-Star Game, le Slovène ne s’est pas démonté : le soir-même de sa non-annonce, il fracasse la défense des Pacers. Lorsque les Suns reçoivent les Warriors, on attend avec impatience son duel avec Stephen Curry : au final, 31 points à 10-13 et 10 passes. Dans une équipe qui fait figure de révélation, il est le véritable général offensif d’une armée de bons joueurs qui jouent avec beaucoup d’intensité. Cette année, les Suns pratiquent un basket up-tempo : beaucoup de contre-attaques et de shooter dès qu’il y a le moindre espace. Telles sont les directives de Jeff Hornacek. Mais si le coach de Phoenix ne proposait pas quelques systèmes, on aurait là une équipe stéréotypée, donc prévisible. Prenons donc un exemple dès plus concret.
Le 5 est composé de Goran Dragic ( 1 ) , Gerald Green ( 2 ) , P.J. Tucker ( 3 ) , Markieff Morris ( 4 ) et de Channing Frye ( 5 ). Du coté de New-Orleans, on retrouve Brian Roberts, Eric Gordon, Tyreke Evans, Anthony Davis et Alexis Ajinca. Goran Dragic confie le soin de gérer la gonfle à Gerald Green. Après cela, il va descendre près du panier pour aller chercher le contact, ce qui lui servira à créer un léger espace qui lui sera très utile à la fin de ce système. Markieff Morris à l’opposé va quant à lui remonter pour libérer de l’espace près du panier ( zone hachurée ) en se positionnant derrière la ligne à trois points, pour éventuellement offrir une première possibilité de tir suivant la réaction de la défense.
Markieff Morris va se retrouver en position de shoot. Mais au lieu de forcer un shoot derrière la ligne, il va continuer de dérouler le système. Goran Dragic remonte en tête de raquette pour venir couper vers le panier en profitant de l’écran de Channing Frye.
L’écran de Channing Frye permet à Dragic de se défaire du marquage de Brian Roberts ( n°22 ), Alexis Ajinca est lui aussi pris dans la tenaille et laisse l’accès au panier libre. On retrouve la zone laissée libre par Markieff Morris au début de l’action. Tyreke Evans qui se trouve être le seul joueur près du panier se retrouve en un-contre-un avec Dragic, lancé comme une balle. Autant dire que c’est deux points d’assurés pour le meneur slovène. La vitesse de Dragic lui permet de conclure malgré l’aide défensive, certes beaucoup trop tardive, de Tyreke Evans. Et même dans le cas ou Tyreke Evans aurait anticipé la pénétration du meneur slovène en venant coupé l’accès au cercle, P.J. Tucker se retrouverait seul dans le corner pour une position ouverte à trois-points.
Comme tout bon meneur, Goran Dragic possède également un “handle” supérieur à la moyenne. Il est capable de se sortir de toutes les situations grâce à un dribble comme sur cette action.
Il commence par crosser Brian Roberts et part main droite. Il emmène donc Alexis Ajinca sur cette même main, puis effectue un spin-move façon “Tony P” pour enfin conclure avec un lay-up main gauche plein de toucher. Vitesse de jambes, changement de mains, le meneur slovène dispose, de plus, d’un très fort QI basket. Très intelligent sur Pick&Roll, il peut assassiner ses adversaires de n’importe quelle façon : pénétration, shoot à mi-distance en sortie d’écran, voire punir derrière la ligne.
Actuellement, il est probablement dans le top 5 des meneurs NBA. 20.6 pts de moyenne, 6.1 passes, 40 pions contre les Pelicans, 35 contre Houston, 21 & 14 passes contre Denver, 34 & 10 contre Golden State et une influence peu quantifiable sur le jeu des Suns tant il régule le rythme de leurs matchs. Non-sélectionné pour le All-Star, peut être pas assez “hype” et trop “européen”, il adopte une attitude parfaite. Pas de déclaration tapageuse, il se contente juste de donner les éléments de réponses sur le terrain. Un esprit sain dans un corps sain comme on dit.