Denver Nuggets : Un nouveau look pour une nouvelle vie ?
Le 21 sept. 2013 à 10:17 par Benoît Carlier
À Denver plus qu’ailleurs, l’altitude des Rocheuses semble nocive pour la santé. C’est en tout cas ce qu’a tenté de prouver Josh Kroenke en prenant des décisions tout à fait contestables durant l’été. Choisissant de se séparer du coach et du manager de l’année sans réelle compensation financière, le propriétaire de la franchise du Colorado s’est offert le droit de reprendre tous ses efforts de zéro. Et comme si cela ne suffisait pas, Andre Iguodala a profité du chaos ambiant qui régnait au sein du club pour faire ses valises et rejoindre l’une des quarante et une collines de San Francisco. Désormais orphelins de leurs meilleurs éléments, comment les Nuggets vont-ils négocier cette transition, à l’aube d’un exercice 2013-2014 qui s’annonce des plus intenses à l’Ouest ?
Nouveau coach, nouveau GM, quel style de jeu ?
Au fond, personne ne peut foncièrement s’opposer à l’idée de tout quitter, quand cela permet de rebâtir des bases plus solides pour l’avenir. Mais lorsque l’on termine la saison régulière fort du troisième bilan, à l’Ouest qui plus est, la légitimité d’un tel chambardement reste problématique. Alors certes la fin du parcours des Nuggets fût un peu brutale face aux troupes de Mark Jackson dès le premier tour des PlayOffs, certes Denver est habitué aux places d’honneur sans toutefois n’avoir jamais connu les joies d’une Finale NBA, mais comment oser se séparer de deux hommes titrés et reconnus par leurs pairs sans la moindre explication, et comment dire au revoir à son franchise player sans intégrer de nouveau renfort du même pedigree dans son effectif ? Face à toutes ces questions, le proprio des pépites de Denver ne vous lâchera que deux petits noms ; Brian Shaw et Tim Connelly.
Le premier est déjà bien connu de la sphère NBA et représente l’avenir du coaching dans la Ligue. Élevé sous la tutelle du Zen Master six saisons durant, le Californien d’origine s’est un peu plus affirmé du côté d’Indiana en tant qu’assistant et semble aujourd’hui à maturité pour (enfin !) diriger un navire de l’envergure de Denver. Et il n’en fallait sûrement pas moins pour prendre la succession de ce bon vieux George qui squattait le banc du Pepsi Center depuis 2005.
« J’apprécie l’opportunité que la famille Kroenke, Tim Connelly et toute l’organisation des Nuggets m’ont donnée. Josh a construit une équipe et un staff de qualité et j’ai hâte de rejoindre ce noyau, » s’exclamait-t-il auprès de nos confrères de Sport Illustrated suite à l’officialisation de son contrat.
Côté jeu, l’ex-meneur de Los Angeles, Orlando ou encore Miami maîtrise les fondements théoriques du jeu en triangle, mais il ne compte pas dénaturer le jeu de sa nouvelle équipe pour autant. Du haut de ses trois titres acquis en tant que joueur (2000, 2001 et 2002) et deux en tant qu’assistant coach (2009, 2010), Brian Shaw (47 ans) connaît le prix de la victoire plus que beaucoup de ses comparses. Il tentera d’inculquer à ses troupes tous ces détails qui comptent tant une fois le printemps arrivé. Avec un jeu porté vers l’attaque et une belle proximité avec ses hommes, « coach Shaw » devrait rapidement faire l’unanimité au sein du vestiaire des Nuggets.
« Bien que j’ai joué le jeu en triangle et coaché le jeu en triangle, j’ai aussi évolué dans de nombreux autres systèmes. Ce n’est pas quelque chose que j’ai prévu d’emmener avec moi pour l’implanter à Denver. Je vais regarder beaucoup de vidéos pour analyser ce que l’équipe sait faire de mieux, et courir en fait partie. Je vais continuer de construire sur ces éléments et les agrémenter de ce que j’estimerai être propice pour l’équipe et à la portée de tous. »
Et pour collaborer avec ce QI basket incroyable, Kroenke a donc jeté son dévolu sur Tim Connelly (36 ans et à peine toutes ses dents) pour occuper le siège de GM. Passé par Washington, c’est aux Pelicans Hornets qu’il a fait ses armes en tant que manager général assistant. À lui maintenant de faire taire ses réfractaires – principalement interpellés par son âge –, en poursuivant dignement le travail commencé par Masai Ujiri, GM de l’année en 2013. Et le moins que l’on puisse dire c’est que Tim a encore du chemin à parcourir pour convaincre ses plus fermes opposants.
Un troupeau dense mais sans berger
Car sur le terrain aussi, l’été débutait mal pour les Nuggets. Le 4 juillet dernier, lorsque le Denver Post officialisait le départ d’Iggy, la venue de Randy Foye en contrepartie peinait à redonner le sourire aux fans. Avec Andre Iguodala, le club perdait sa pierre angulaire, aussi bien capable de scorer que de se livrer en défense pour donner l’exemple à ses partenaires.
Mais une fois le choc passé, Tim Connelly n’avait d’autre choix que de s’atteler à renforcer son effectif, tout en se contentant des moyens du bord, bien loin des budgets affichés par Houston et les Clippers pour n’évoquer que des voisins de conférence. C’est ainsi que J.J. Hickson et Nate Robinson pointeront le bout de leur nez au Pepsi Center la saison prochaine. Des joueurs réputés qui pourront rentrer en compétition avec Kenneth Faried pour une place de titulaire dans le cas du premier et détenir un rôle d’energizer pour le second, sans toutefois apporter le leadership qui fait désormais tant défaut aux troupes ciel et or. Et ce n’est pas la récente Draft qui viendra contredire cette réalité avec des recrues comme Joffrey Lauvergne et Erick Green qui ne devraient pas intégrer le groupe cette saison.
En effet, si l’effectif des Nuggets est dense, il manque terriblement d’un joueur capable de devenir une inspiration pour ses coéquipiers comme peut l’être un franchise player. À son retour de blessure, Danilo Gallinari pourrait se voir propulsé dans ce rôle, sans qu’il ne lui soit parfaitement adapté. Le feu-follet italien préférant concentrer son attention sur sa créativité offensive que de s’adonner aux tâches les plus ingrates de l’autre côté du parquet. Sans réelle tête d’affiche, Denver devra s’appuyer sur la profondeur de son banc pour prendre le meilleur sur ses adversaires. Un souci qui ne semble pas vraiment inquiéter Brian Shaw, déjà habitué à ce genre de situation à Indiana.
“J’aime ce roster. Je le trouve jeune, frais et énergique. L’équipe d’Indiana que je quitte était une vraie équipe et nous n’avions pas de superstar ou de go-to guy. Cette nouvelle équipe me rappelle celle que je viens de quitter à Indiana.”
Faute de cet homme à tout faire dont rêve plus d’un coach de basket, Shaw devrait pouvoir compter sur une rotation XXL sur la majorité des postes. Ainsi, au cas où l’inventivité d’Andre Miller ne s’avèrerait pas efficace à la mène, la vivacité de Nate Robinson peut lui venir en aide, sans oublier que Ty Lawson et Randy Foye sont toujours disposés à rendre de bons services au poste 1 eux-aussi. Dans un tel cadre de concurrence interne, il ne serait pas impossible de voir émerger un chef de troupe et ses lieutenants. Un leader naturel, ordonné roi par la seule loi qui importe, celle du terrain. Au sein de tout ce trafic, souhaitons à Evan Fournier de gratter des minutes jusqu’à, pourquoi pas, acquérir une place de titulaire comme il avait pu l’être en toute fin de saison dernière.
Passation de pouvoir entre Iggy et l’Italien ?
Derrière les grandes écuries des Clippers, Spurs, Rockets, Thunder et les outsiders de Memphis et Golden State, un ticket pour les PlayOffs semble largement à la portée de Denver. Mais ensuite, les vrais débats risquent de s’avérer fatals pour les Nuggets, une fois encore…
Effectif 2013-2014
Meneurs : Andre Miller, Ty Lawson, Nate Robinson.
Arrières : Randy Foye, Evan Fournier.
Ailiers : Danillo Gallinari, Jordan Hamilton, Quincy Miller.
Ailiers forts : Kenneth Faried, J.J. Hickson, Wilson Chandler, Darell Arthur.
Pivots : Javale McGee, Timofey Mozgov, Anthony Randolph.
Si le chantier semble en grande partie terminé pour la saison à venir, les questions ne manquent pas à Denver. La cohésion de l’équipe sera un élément clé dans la course aux PlayOffs, mais la révélation soudaine d’une âme de leader au cours de la saison ne sera pas de refus pour les Nuggets, s’ils veulent avoir une chance d’atteindre leur objectif suprême ; jouer une Finale NBA.