Patience les minots, votre tour viendra…

Le 21 avr. 2013 à 18:44 par Alexandre Martin

La nuit dernière, les playoffs ont commencé. Warriors et Nuggets nous ont notamment offert un grand match de basket. Ah les playoffs, le terrain de jeu des meilleurs… Pourtant, quatre jeunes joueurs de grand talent sont à la maison et profitent de ces rencontres mais devant la TV bien confortablement installé dans un canapé moelleux. Quatre jeunes meneurs qui auront leur heure, leur tour viendra inévitablement…

20,7 points (à 45%), 4,5 rebonds, 7,8 passes et 1,5 interceptions. Ces stats, dignes d’un All Star, sont celles de John Wall depuis la mi-février ! Modeste comme il est, John Wall doit se dire : « Si je n’avais pas été blessé deux mois en début de saison, nous aurions pu largement finir dans les 8 à l’Est». Il n’est effectivement pas impossible que Washington ait atteint les playoffs si son leader avait été présent dès le mois de novembre. Une chose est sûre, le meneur des Wizards a évolué à un niveau très élevé depuis le All Star week-end. Son talent est indéniable, sa vitesse est digne d’Usain Bolt et vu qu’il a progressé au shoot, le n°1 de la draft 2010 a tout du franchise player. En son absence, le rookie Bradley Beal a montré de belles qualités de scoreur au poste 2. L’association de ces deux arrières peut devenir meurtrière et peut prétendre emmener les Wizards en playoffs dès l’année prochaine. John Wall n’aura alors que 23 ans et ce sera l’occasion de nous prouver qu’il mérite le contrat max qu’il réclame ouvertement depuis quelques semaines. Un contrat qu’il aure peut-être même déjà obtenu d’ici là. Pour le moment, le programme des mois à venir est simple : du repos et 1 000 shoots par jour…

Dans l’Ohio, Kyrie Irving est lui aussi condamné à regarder les playoffs sur son écran géant. Et ce malgré une saison EXTRAORDINAIRE. Le sophomore des Cavaliers (n°1 de la draft 2011) n’a que 21 ans mais il est déjà un des meilleurs meneur-scoreur de la ligue. 22,5 points à 45% (dont quasi 40% à 3 points) cette saison auxquels il ajoute 6 passes et 1,5 interceptions. All Star dès sa deuxième saison, Irving a confirmé sa superbe première année. Il a progressé. Malheureusement pour lui, l’effectif de Cleveland n’est pas à la hauteur de son talent surtout en l’absence de Varejao. Le Brésilien a tout pour être un complément idéal de son meneur mais il se blesse trop. Kyrie Irving s’est pourtant démené. Il a fait gagner des matchs à son équipe. Il n’est pas aussi rapide que John Wall mais son arsenal offensif est tellement plus complet, tellement plus racé. Qualité de dribble exceptionnelle, aptitude à pénétrer les défenses et à finir près du cercle dans n’importe quelle position, shoot longue distance très fiable… Une panoplie parfaite pour meneur moderne à laquelle Irving ajoute cette capacité à scorer dans le clutch time qui lui vaut d’ailleurs le surnom de «Mr Fourth Quarter». Son avenir est-il toujours à Cleveland qui vient de licencier Byron Scott ? Pas si sûr car un joueur d’un tel talent ne peut pas se contenter de la saison régulière, il doit avoir la possibilité de briller en playoffs…

“La chose la plus dure quand vous réussissez, c’est de vous maintenir à un très haut niveau. Le talent n’est qu’un point de départ. Vous devez sans cesse continuer de travailler.” Kyrie Irving à un journaliste qui le flattait sur ses talents de basketteur.

Dans la famille des meneurs-scoreurs, un petit nouveau est arrivé en NBA cette année. Autant les Blazers n’ont pas su construire un roster suffisamment étoffé pour aller en playoffs, autant ils ont vraiment eu du nez en choisissant Damian Lillard lors de la dernière draft. L’ancien de Weber State, sorte de fils spirituel de Gilbert Arenas, nous a gratifié d’une superbe première saison qui va lui valoir te titre de rookie de l’année. 19 points, 6,5 passes et 3 rebonds par match. Costaud, le néo-Blazer n’a pas peur des contacts avec les «gros», son shoot est déjà tout à fait correct et, comme Irving, il n’a pas peur de prendre ses responsabilités dans les fins de matchs tendues. Dans un 5 de départ déjà bien fourni en joueurs capables de planter (Aldridge, Batum, Mathews..), Lillard s’est tout de suite imposé comme une autre option offensive fiable pour son coach. A 22 ans, sa marge de progression existe, notamment en défense où son physique doit lui permettre de faire mieux. Portland et le Rose Garden l’ont adopté. Reste à gravir les échelons de la conférence Ouest.

Totalement différent des trois autres dans son style, dans ses qualités comme ses défauts, Ricky Rubio n’en reste pas moins un meneur fabuleux. Un meneur à l’ancienne comme on en fait de moins en moins. Après s’être blessé au genou la saison dernière, le prodige espagnol n’est revenu qu’en cours d’exercice et, malheureusement pour lui et pour Minnesota, il n’a fait que croiser Kevin Love parti prendre sa place dans une infirmerie qui fut, de loin, la plus fournie en NBA cette année. Du coup les Wolves n’ont pas pu se qualifier pour les playoffs mais Rubio a brillé. Certes, son shoot est loin, très loin d’être digne d’un titulaire dans la grande ligue mais il peut et il va travailler dessus. Tout joueur peut améliorer son pourcentage au shoot mais peu possèdent la vista, la qualité de passe et de dribble de «Tricky» Rubio. Passes entre les jambes, passes lasers, passes dans le dos ou en l’air pour des alley-oop, ses coéquipiers de Minnesota se sont régalés toute l’année à base de caviar espagnol. Rubio voit tout en attaque mais est également très bon dans l’anticipation défensive, il est d’ailleurs à égalité avec Chris Paul en tête du classement des interceptions cette saison avec 2,4 «steals» par match… Des deux côtés du terrain, Rubio rend son équipe meilleure. C’est la marque des grands. Comme Wall, un programme simple pour cet été : ne pas forcer sur le genou, shooter 2 000 fois par jour…

Vous l’aurez compris, la relève au poste de meneur est largement assurée. Chacun dans leurs styles, ces quatre jeunes talents vont un jour dominer la grande ligue et livrer des batailles mémorables lors des joutes d’après-saison mais, pour l’instant, ils doivent prendre leur mal en patience, travailler et revenir plus fort encore l’année prochaine pour emmener leurs équipes respectives vers de nouvelles conquêtes.


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