Pau Gasol : l’hypocrisie des Lakers, mi-putes mi-soumises

Le 13 avr. 2013 à 05:51 par Bastien Fontanieu

Depuis quelques jours, Pau Gasol est au coeur des louanges et des félicitations venant de Californie. Logique ? Ou tout simplement hallucinant quand on voit l’abattage médiatique qui lui a été réservé depuis le 1er Novembre 2012 ? Histoire d’une fourberie mondiale passée totalement inaperçue.

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Tiens, la revoilà. La spécialité de la NBA : la vague du succès anesthésiante. Alors que les Lakers et ses fans s’amusaient à jouer à leur jeu préféré concernant Pau Gasol depuis le début de la saison régulière, c’est-à-dire la démolition médiatique en se référant aux performances statistiques délivrées par la NBA chaque matin sur son site, la deuxième partie du jeu en question a fait son apparence depuis quelques jours sur la Côte Ouest : les louanges hypocrites, et l’Alzheimer forcée. En effet, le réveil des Lakers s’est comme par hasard fait depuis la mise en avant de l’espagnol, et toute la planète NBA s’étonne de la bonne marche des anges. Oh vraiment ? Sérieux ? Focus sur le phénomène.

Depuis le retour de Gasol, les Lakers tournent à plein régime : 5 victoires sur 6 rencontres, c’est un bilan nettement supérieur à ce que la cité des anges proposait depuis l’hiver  2012. Comment expliquer cela ? Comment comprendre que Los Angeles se rapproche de plus en plus des phases finales depuis la mise à jour de Pau ? Peut-on limiter ce retournement de situation à un simple changement de rotation ?

Il est une vérité qui ne change pas en NBA, du moins me concernant. Pas tant que Pau Gasol est vivant et disponible sur le marché américain : l’espagnol est un des meilleurs intérieurs de la Ligue, du monde, de l’histoire. Sa polyvalence et son QI basket sont nettement au-dessus de la moyenne, et beaucoup s’amusent à l’oublier par ignorance forcée via les médias. Dans une ville qui ne prend pas le temps de laisser la mayonnaise tourner et l’effectif se connaître, préférant obtenir des résultats directs comme si le basket pouvait être comparé à l’économie américaine, Pau Gasol fait figure de crash boursier. Absent en début de saison à cause de soucis aux genoux, l’européen a été tout de suite pointé du doigt par la presse californienne, et même mondiale, afin de trouver une excuse pour expliquer les soucis des Lakers au démarrage. Vilain petit canard du système Mike D’Antoni, le plus âgé des deux frères se retrouvait au beau milieu des critiques inexpliquées des fans aveugles de la franchise aux 16 titres, trop pressés d’obtenir leur nouvelle bague au mois de Juin 2013. Mais oui , oubliais-je comme eux, le basket est simple : il suffit d’aligner les stars pour obtenir un récital d’anthologie !

Sauf que l’absence du géant a fait son effet tout au long de la saison. La franchise violette et or n’a cessé de montrer un visage limité en attaque et ridicule en défense, sans que qui que ce soit n’ose pointer du doigt les deux escrocs de la compagnie du soleil : Kobe Bryant et Mike D’antoni. Trop difficiles à juger, les deux hommes se sont retrouvés protégés par le lobby mis en place par David Stern, et c’est du coup l’espagnol qui a mangé en mode illimité, quand ce n’était pas Dwight Howard ou Steve Nash. ‘Trop soft’, ‘trop lent’, ‘trop vieux’, toutes les excuses possibles et imaginables les plus hypocrites ont été trouvées par les fans de Kobe la franchise entre Novembre 2012 et Février 2013, et tout le monde attendait à ce que Pau Gasol soit transféré à la pause du All Star Break. Logique quand on voyait la soi-disant ‘bonne marche’ des angels.

Sauf que Mitch Kupchak a préféré garder son intérieur. Pardon, rectification. Sauf que Mitch Kupchak n’a pas pu trouver preneur. Le gourou de la franchise n’a pas su trouver un GM assez chaud pour proposer assez contre le talent, et c’est à la presque entière encontre des fans que Pau Gasol est resté en terre californienne. Trop nul, pas assez physique, pas fait pour l’attaque D’Antoni (si seulement elle existe), c’est seul dans son coin que l’espagnol a dû regarder son équipe galérer face à des équipes de second tableau, se demandant pourquoi un tel traitement lui était réservé. La gloire étant uniquement réservée à Kobe Bryant, le trentenaire préférant arrondir ses statistiques personnelles plutôt que celles de son équipe, c’est dans l’ignorance totale que les supporters des Lakers ont abordé le printemps 2013. Gasol, dans son coin, s’occupait de faire ce qu’il a toujours fait : donner l’exemple via ses réseaux sociaux, et bosser au quotidien pour revenir en forme et aider son équipe en période de crise. Période qui, au passage, n’était pas une seule seconde expliquée par l’absence du génie espagnol, mais plutôt par le manque de soutien proposé à un Kobe obsédé par ses performances individuelles, des 35, 40 et 45 points ponctués par des pointages de doigts systématiques, Dwight ne rentrant pas ses lancers, Nash n’étant pas dans sa meilleure forme, et Gasol étant… Gasol bien évidemment.

C’est-à-dire le soufre-douleur local, l’homme pourtant responsable majeur du titre face aux Celtics en 2010, mais puisqu’on ne peut pas critiquer Kobe Bryant, prenons le second sur la liste, le spaniard. Kobe qui n’hésitait pas d’ailleurs à faire ce qui lui a toujours plu, c’est-à-dire balancer son coéquipier aux médias en lui demandant de mettre son pantalon de bad-boy et montrer l’exemple en Décembre dernier au lieu de le soutenir. Mais oui, oubliais-je. C’est bien son rôle, de faire ça quand il a un nouveau coach qui ne met absolument pas son intérieur en avant à cause d’un système en papier-mâché. Blessé face aux Nets en Février, Gasol se retrouvait alors laissé de côté, comme si les Celtics oubliaient Kevin Garnett dans l’ombre ou les Spurs Tim Duncan en cellule. Agréable. Et surtout logique. Mais tant pis, avec 15 victoires pour 10 défaites, les Lakers montraient bien évidemment leur meilleur visage. Ou, oubliais-je une nouvelle fois, des performances de fou de la part du numéro 24 dans la victoire, ou un manque de soutien ‘évident’ dans les soirs de défaite.

Puis, à son retour passé inaperçu, Gasol enchaînait les performances de rêve, non seulement statistiques mais aussi collectives, permettant à Dwight Howard d’obtenir des alley-oops ouverts, et à Kobe de bénéficier de kick-outs au timing parfait pour ne citer que deux exemples. Sauf que la feuille de match, elle, ne montre pas ce genre de métriques. Les vrais fans des Lakers voyaient bien que depuis le retour de leur ailier-fort, la machine tournait mieux que jamais au soleil du pacifique. 4 victoires en 5 matchs, dont une performance old-school totalement oubliée par les médias à Portland, préférant pomper la légende au poste d’arrière, de par sa superbe ligne affichée face aux Blazers certes, mais qui n’aurait pu rien faire sans l’impact et le pick and roll retrouvé grâce à PG sur cette rencontre, un récital back in 2010, 23 points 7 rebonds et 9 passes rendus ridicules en comparaison à l’avalanche de chiffres proposés par Kobe. Le même type d’audition à la note parfaite que Gasol rendait hier soir contre les Warriors, mais qui figurerait dans les postscriptums, compte tenu de la blessure du Mamba en fin de match, soldat héroïque responsable même de la victoire des Lakers hier soir en fin de match, alors que l’espagnol déployait move sur move en attaque dans les trois dernières minutes du match.

Au final, comment s’étonner. 26 points, 11 rebonds et 10 passes face aux Warriors, une nouvelle victoire pour les Lakers, un ticket à moitié arraché pour les PlayOffs, et des sourires sur tous les visages des fans, contents de voir leur équipe triompher. Grâce à qui ? Kobe bien évidemment, propriétaire de lignes statistiques affolantes, défiant âge et gravité, lois et responsabilités, et seul contre tous, dans le blessure et l’adversité ! Pendant ce temps-là, Pau Gasol continuera son chemin, comme d’habitude. Pas une seule seconde remercié concernant le titre de 2010 ni hier soir, l’espagnol transformé en prostituée depuis son arrivée aux Lakers se retrouvait une nouvelle fois coupable des travers de son équipe entre Novembre et Avril, et  absent du générique remerciant le collectif californien récent. Est-ce étonnant ? Non. Depuis toujours dans cette franchise. Est-ce dommage ? Oui, quand on voit l’hypocrisie de ses fans. Apprécions donc tant qu’il est encore temps l’un des meilleurs intérieurs que le jeu nous ait donné dans l’histoire, sans chercher d’excuses apparentes ou régurgitées par les médias. Pour un bout de temps. Por favor.


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