Les Lakers n’iront pas en PlayOffs : explication d’un drame hollywoodien

Le 17 janv. 2013 à 18:06 par Gaetan

Chaque rencontre, chaque pas, approchant les Lakers de la fin de la saison régulière, semble les diriger vers un sort terrible. Au pays du mythe du self-maid man, l’échec n’est que très peu toléré, et l’apitoiement laisse place aux railleries.

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Alors que la franchise de Los Angeles a subi une nouvelle déroute sur son parquet, dans la nuit de vendredi à samedi face au Thunder, les perspectives de présence en PlayOffs semblent devenir infimes. Aujourd’hui le bilan est bien maigre (17 victoires pour 21 défaites), bien trop faible pour un des plus gros marchés de la ligue. Même la suprématie dans la ville est remise en cause. Les Clippers, auteurs d’un mois de décembre extraordinaire où ils n’ont pas connu la défaite, qui leur permet notamment de se placer à la seconde place de la conférence, semblent avoir dépassé les Lakers autant d’un point de vue du spectacle que des résultats. Les anges sont bien ternes cette saison et doivent faire face à de nombreuses difficultés qui pourraient les amener à une catastrophe industrielle.

« C’est fini pour mes Lakers. Pas de PlayOffs, rien. »

Tel est le triste constat qu’a pu faire Magic Johnson à la sortie de la sixième défaite de rang de la franchise de la cité des anges, face à Oklahoma. Depuis que les douze coups de minuit ont retenti, sonnant le glas de l’année 2012, les Lakers n’ont gagné que deux matchs. Ce constat ne peut que donner raison à la légende de la franchise. Rare sont ceux qui peuvent se targuer d’avoir prédit en début de saison, un si triste sort à la bande de Kobe.
Le recrutement effectué cet été avec les venues notamment du double MVP, Steve Nash et du pivot le plus dominateur de la ligue, Dwight Howard, pouvait laisser présager d’un avenir radieux dans la baie. Cela n’était pas sans rappeler la saison 2003-2004 durant laquelle les Lakers étaient parvenus jusqu’en finale, défaits par les Pistons. Los Angeles avait alors vu l’arrivée de Gary Payton et du futur Hall of Famer Karl Malone, venir compléter les rangs de l’équipe où Kobe et Shaq étaient déjà présents. La perte de la finale avait alors été vécue comme un terrible échec. Cependant, cela semble bien mince devant ce qui profile cette année. La réalité du parquet paraît comme souvent rattraper les supposés heureux présages qui ont pu être signifiés au mois de septembre. Pourquoi une telle déconvenue est à remarquer ?

« Cause they’re old as shit »

(« Parce qu’ils sont vieux comme la m**** »)

Kobe avait déjà déploré une des principales raisons du retentissant échec du roster californien, au soir de leur défaite face à Philadelphie, le 1er janvier. Enfin ce n’était pas nécessairement la moyenne d’âge que regrettait celui qui mène la ligue en nombre de minutes jouées depuis le début de la saison, mais il se préoccupait davantage de la lenteur dans les courses et de l’énergie que n’était pas capable d’apporter ses coéquipiers. « Nous sommes juste lents. Vous venez de voir une équipe qui était juste plus jeune, avec des jambes de vingt ans, et qui a simplement joué avec davantage d’énergie. Et nous, nous étions embourbés. »
Cette déclaration vient faire écho à ce que signalait Charles Barkley quelques jours auparavant, sur TNT : « Les Lakers sont vieux, lents et pas athlétiques. »

Mais est-ce là, la seule explication de la probable future absence des Lakers en play-off, fait rarissime dont la dernière occurrence est survenue lors de la saison 2004-2005 ? Alors que Kobe est en tête des scoreurs de la ligue avec une moyenne de 30 points par match et que Nash vient d’atteindre le cercle très fermé des joueurs à plus de 10.000 passes en carrière, nous serions tentés de dire non. Et ce d’autant plus lorsque nous jetons un coup d’oeil sur ce qu’il se passe sur l’autre côte des States, où le parcours des Knicks est plus qu’honorable. En effet, l’équipe la plus vieille de la ligue est deuxième de la conférence Est alors qu’elle culmine tout de même à une moyenne d’âge de plus de 32 ans.

– L’argument de choc concernant les Lakers version 2013, c’est l’évolution du jeu. En effet, à la fin des années 90 et au début des années 2000, les intérieurs n’étaient que peu semblables à ceux que nous pouvons observer aujourd’hui. Les qualités étaient autres, et les duos de grande taille étaient florissants. La paire reconnue formée par Tim Duncan et David Robinson avait notamment pu ramener deux titres aux Spurs. A présent, la réalité est toute autre, la paire formée par Pau Gasol et Howard n’impressionne pas grand monde. Les équipes jouent petit, et nombreux sont les exemples de joueurs décalés à un autre poste. Lebron, Melo et KD qui jouent au poste 4, Duncan et Garnett qui glissent en 5, sont les exemples les plus criants du sujet. Les principaux concurrents des Lakers à l’Ouest jouent donc “small-ball”, sont jeunes et savent adapter leur jeu aux nouvelles exigences de la ligue. Il faut courir pour gagner. Une raquette trop grande les pénalise comme pouvait le signaler Parker lors de son émission, le TP show sur RMC : « La NBA est devenue plus rapide. Aujourd’hui toutes les équipes attaquent en moins de dix secondes. »
– Un autre phénomène à prendre à compte est le manque d’implication de Pau. En effet ce dernier a été annoncé partant pendant toute l’intersaison et ne semble plus en odeur de sainteté depuis un bon bout de temps à LA. Ses stats ne sont plus ce qu’elles étaient et ne présagent rien de bon pour son avenir et celui de la franchise. Il cumule 12 points et 8 rebonds par match. Certes, cela n’a jamais été son fort mais il n’apporte pas la totalité de son potentiel dans le jeu. Bon passeur fluidifiant le jeu, aimant le large, Gasol semblait être le parfait complément de D12 mais la réalité du terrain semble toute autre. Cela est peut-être dû à ses absences à répétition pour diverses blessures. Le pivot espagnol a déjà manqué 11 matchs depuis le début de la saison.
– Mais le salut des Lakers passera par une défense retrouvée. Cette dernière fait défaut aux angelinos depuis le début de la saison, qui possèdent la cinquième plus mauvaise de toute la ligue (102 points encaissés par match). Deux problèmes sont à souligner : les rotations défensives sont lentes et souvent mal effectuées et le jeu de transition gêne considérablement les Lakers.
Comme nous avons pu le voir précédemment, l’un des principaux défauts de ces Lakers est la lenteur. Le repli défensif représente un énorme manque dans leur jeu. Ce dernier est probablement dû à leurs deux tours jumelles et à une équipe un peu trop vieillissante alors que les rotations défensives ne sont pas au point. Un manque de concentration est également assez flagrant comme a pu s’offusquer Jeff Van Gundy, commentateur sur ESPN, alors que KD s’est retrouvé seul sous le panier après un simple appel, lors de la défaite des Lakers face au Thunder. « Des erreurs comme celle-là, c’est inexcusable. Manque d’attention, personne ne regarde la balle ! Allo ? C’est le meilleur marqueur du match ! » Résoudre les problèmes défensifs semble être la priorité à avoir si les Lakers veulent atteindre leurs objectifs de PlayOffs.

Ainsi une question se pose. Pourquoi Mike d’Antoni ? Spécialiste du jeu “Up-Tempo”, qui l’avait rendu célèbre, lui permettant notamment de devenir coach de l’année en 2005 alors qu’il dirigeait les Suns, l’italien ne semble pas trouver la solution pour conduire son équipe en PlayOffs. Son bilan reste négatif (16 victoires pour 17 défaites) et insuffisant, qui plus est dans une conférence Ouest où le rythme imposé par les grosses écuries paraît insoutenable pour ce qui est désormais la deuxième franchise de LA.
Au mois de novembre, le coach angelinos avait remplacé Mike Brown qui, après un début de saison catastrophique (4 défaites contre une seule victoire) n’avait pu résister aux foudres du board des Lakers. Cette arrivée avait été plutôt bien accueillie par les fans et plus généralement par la communauté basket, et ce notamment du fait de la présence de Steve Nash dans le roster, joueur que D’Antoni connait bien pour l’avoir mené à ses deux titres de MVP lorsqu’il dirigeait la franchise de Phoenix. Mais voilà, Steve Nash a bien vieilli et a perdu du lustre d’antan. Le jeu champagne que propose les équipes de Mike d’Antoni, adjoint à une quasi absence de défense ne semble pas être en adéquation avec ces Lakers. Lesarrières sont vieillissants en la personne de Kobe et Nash et les big men doivent avoir le temps de se placer en attaque.

Au-delà de la défense, le problème des Lakers se situe peut-être dans son banc. Le 5 majeur semble ne rien avoir à envier aux équipes au top de la ligue. Sur le côté, aucun joueur ne semble avoir la capacité d’apporter un réel plus. Aucun véritable role player n’est présent ou du moins, aucun n’est véritablement capable d’assumer son rôle. Jodie Meeks et Antawn Jamison sont pour le moment plus que décevants. Comme si cela ne suffisait pas, Jordan Hill s’est blessé pour une longue durée, il pourrait ne plus être présent jusqu’à la fin de la saison alors que son énergie représentait un réel plus.
Et comme si cela ne suffisait pas déjà comme ça, un autre phénomène a été soulevé ces derniers jours alors que la rumeur d’une bagarre entre Kobe et D12 avait couru. Après la défaite des Lakers face aux Sixers le 1er janvier, les deux hommes auraient été tout près d’en venir aux mains selon plusieurs sources, Dwight Howard ayant été retenu par ses coéquipiers. Le ton serait monté entre les deux hommes après que Bryant ait agréé aux propos de Shaq qui trouvait D12, trop tendre. Cet incident donnait alors tout son sens aux propos d’Howard pour qui « il doit y avoir une meilleure entente entre nous », ce dernier allant même plus loin déclarant  : « Tout commence par la façon dont on s’entend en dehors du terrain. Je pense que s’il y a une bonne relation entre les gens dans le privé, elle ne peut que s’épanouir sur le terrain.» Cependant Kobe avait répondu à ces déclarations, rappelant à Howard que lui et Shaq n’étaient pas les meilleurs amis du monde et pourtant, ils avaient réussi à ramener trois titres dans la baie. « Shaq et moi étions dans une dynamique différente. Ce type de duo, tu n’en trouveras jamais d’autres. Il y avait d’autres duos meilleurs que nous, Pippen et Jordan. Mais tu ne trouveras jamais un duo avec deux personnalités dominantes comme moi-même et Shaquille. C’était un truc genre ‘une fois dans une vie’ »
Alors que le torchon brûle visiblement entre les deux stars, des rumeurs de trade sont apparues, envoyant notamment le pivot dont le contrat se terminera dans six mois, à Brooklyn en échange de Lopez. Les deux hommes avaient tout de même tenu à désenfler le buzz en publiant une photo sur le compte Twitter de Kobe, feignant une bagarre entre les deux hommes.

L’horizon semble donc bien sombre sur la baie californienne. Les espoirs de participation aux play-offs s’amenuisent après chaque rencontre, chaque nouvelle défaite, chaque nouvelle désillusion. Le flop apparaît comme entier et l’équipe n’est pas prête de se défaire du drame qui semble se profiler. Après deux victoires à la maison pour se redonner espoir, les Lakers pourront-ils frapper un grand coup en assommant le Heat de Lebron James ce soir ?


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