Gerald Wallace : The G-Wall

Le 11 nov. 2012 à 06:12 par Bastien Fontanieu

C’est l’histoire d’un joueur sous-estimé. Encore un. Un jeune oiseau sur lequel peu misaient mais qui n’en a eu cure. Un de ces fameux exemples “made in USA” qui montre que travail et détermination payent. En 11 années professionnelles, Gerald Wallace a prouvé qu’il n’était pas un flop; mieux que ça, il s’est fait un nom qui n’a cessé de circuler. Cependant, le chemin a été long pour le natif d’Alabama: retour sur la carrière du G-Wall.

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Back in the old days, 1999. Gerald a 17 ans et détruit tout sur son passage en High School avec son équipe locale de Childersburg. L’adolescent compile 28.7 points, 13.8 rebonds et 3.3 interceptions sur la saison et remporte haut la main le Naismith Award qui veut récompenser le meilleur joueur High School du pays, il est même nommé “Mister Alabama” 2000 pour toute son oeuvre. Son nom apparaît alors sur toutes les tablettes des scouts NBA et nombreux se pourlèchent les babines à l’idée de pouvoir picker la pépite d’Alabama. Plutôt cool comme départ pour un joueur. C’est alors que notre cher Gerald va étonner tout son monde: au lieu de suivre la tendance “Gimme some monney” vers laquelle bon nombre de jeunes talents se dirigent, refusant la case NCAA pour emprunter plutôt la Golden Road NBA; l’intéressé poursuit son petit bonhomme de chemin en s’inscrivant dans l’école d’Alabama. Au programme, travail, travail et encore travail pour le garçon qui est bien décidé à arriver à son meilleur niveau pour la croisière NBA. Attendu au virage, Gerald se fait discret mais efficace, un rôle qu’il découvre et une image qu’il s’appropriera par la suite: 9.8 points, 6 rebonds, 1.5 passes, 1 interception et autant de contres en 23 minutes; il rejoint la All-Second Freshman Team et se déclare enfin prêt à faire le grand saut pour la NBA.

A l’heure de la Draft, les scouts sont unanimes: des qualités athlétiques hors du commun, un jeu offensif intéressant, une très bonne défense sur l’homme, “a le potentiel pour devenir une superstar au niveau supérieur”. La comparaison est flatteuse, c’est Dominique Wilkins qui est mentionné. Les éloges sont nombreuses donc, on dit à-peu-près tout ce qui se fait de mieux sur le garçon, reste à savoir qui prendra “The Bird”, son surnom en Alabama. C’est à partir de ce moment-là que la carrière de l’intéressé bascule du mauvais coté. Les places défilent : Rodney White, qu’il avait ridiculisé en un-contre-un est choisi 9ème, Vladimir Radmanovic (“Who’s this guy men??”) passe sous le nez de mister Wallace, Raul Lopez enfonce encore un peu plus le couteau dans la plaie en 24ème position. Et soudain, c’est la délivrance. Sacramento se jete sur le natif de Sylacauga en 25ème position, gros ouf de soulagement dans le clan Wallace. Casquette bien enfoncée, la poigne strong avec David Stern et voilà notre petit protégé lancé dans le bain de la NBA.

Et… Le calvaire. La saison rookie est un calvaire pour Gerald Wallace. 54 matchs joués…3 points et 1.6 rebonds de moyenne…6 contres seulement, le (trop?) jeune Gerald se demande s’il a bien fait de partir si tôt pour la NBA au lieu de taffer ses fondamentaux dans sa ville natale. Un ou deux highlights, trois ou quatre bonnes performances, Rick Adelman refuse de faire le foufou avec les rookies et cadenasse Wallace en lui répétant que seul le travail lui permettra de gagner du temps de jeu. Seulement, le travail ne paye pas lors de sa saison rookie et Gerald désespère. L’année suivante, rebelote. Monsieur a travaillé tout l’été mais cette fois-ci on veut le titre du coté des Kings alors comme on dit hein “pas l’temps rookie…”. Blessures sur blessures, Sacramento commence à regretter son choix et décide de trouver un acheteur pour notre félin. Les Maloof prennent contact avec les Bobcats fraichement débarqués à l’époque mais sans véritable espoir. Dans cette galère profonde, Gerald Wallace affiche ses plus mauvaises statistiques mais fait le plein de détermination. Il participe au Slam Dunk Contest où il finit deuxième en offrant quelques belles perles au public, ses qualités athlétiques restent uniques et quelques franchises établissent un contrat dès lors. Un des seuls rayons de lumière de cette année pour Gerald apparaîtra en pré-saison lorsqu’il réalisera un des plus beaux dunks de l’histoire, destruction totale de Bostjan Nachbar en contre-attaque (avec la faute) à l’horizontale. L’action (ci-dessous) fait le tour de la planète mais Gerald piétine, il ne trouve pas de solutions, il pense à partir, cherche, et trouve enfin preneur. Les Bobcats veulent Wallace et Wallace veut les Bobcats, marché conclu. C’est LE transfert de la carrière de Gerald Wallace.

Arrivé en Caroline du Nord, le garçon sait qu’il n’a rien à perdre. Mieux que ça, il sait qu’il peut avoir un temps de jeu conséquent et qu’il va enfin pouvoir déballer toute son énergie et transformer sa frustration en booster. Gerald va jouer 70 matchs, et compiler 11.1 points, 5.5 rebonds, 2 assists, 1.7 interceptions et 1.3 contres. Des tonnes d’actions spectaculaires, le chouchou des fans, le hustla par excellence, Gerald fait tourner le message à tous ceux qui l’ont ignoré, oublié, rabaissé et sous-estimé depuis le départ. Sur sa lancée, “The Bird” va réaliser une saison 2005/06 exceptionnelle, devenant le troisième joueur de l’Histoire à faire au moins 2 contres et 2 interceptions tous les soirs. En plus de cette distinction, il finira sur le podium du Most Improved Player Trophy derrière Boris Diaw et David West, de quoi faire sourire le grand Gerald. Et oui, c’est sûr qu’il a dû penser à tous ces gars qui avaient dit tant de bonnes choses sur son compte mais qui disaient tout d’un coup bien plus de mal avec l’aspect flop que mister Wallace donnait. Suivront les années de gloire de l’ailier, avec une participation en PlayOffs et une séléction exceptionnelle au All Star Game. Les médias, la reconnaissance, des documentaires spécialement dédiés à sa cause, la belle vie. Puis, la cata, again. Charlotte piétine de nouveau car Gerald est blessé. Jordan, propriétaire impatient, fulmine. Direction Portland pour l’ailier des Bobcats, contre un sac de pistaches et un toblerone. La honte.

Une honte que Gerald n’oubliera pas, et qui se ressentira chez les Blazers. Bien qu’adoubé par les fans, “Crash” (son autre surnom) fait la gueule mais joue tout de même à 200%. Ca pue le malaise dans l’Oregon mais personne n’intervient, sauf les Nets. A la recherche d’aide pour caliner Deron Williams dans le sens du poil, les deux partis trouvent un accord et Wallace fait ses bagages. C’est la renaissance pour le G-Wall. Après une demi-saison correcte et sans véritable concurrence à son poste, Wallace aborde cette année plein d’espoir et de détermination. Plus expérimenté, plus mature, l’intéressé veut enfin un titre. Et avec les pièces mises en places autour de lui, nul ne doute que ce soit possible dans le peu d’années à venir. Une autre cata à l’approche pour effacer tout ces espoirs? On croise les doigts, en espérant le contraire.

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