Carmelo : Une évolution indispensable

Le 11 nov. 2012 à 06:25 par Bastien Fontanieu

Roi du scoring, Carmelo Anthony l’a toujours été. Durant ses dix saisons en NBA, le natif de Baltimore a régalé les fans par la grâce de son jeu offensif et son assurance dans les moments chauds. Seulement, dans un sport comme le basket-ball où la distribution des minutions est indispensable à la victoire, Melo fait tâche. Tâche car le meilleur attaquant de sa génération est menacé de devoir vivre le restant de ses jours sans bague. Et dans une Ligue où les légendes deviennent éternelles au vu de leur penchant pour la joaillerie, l’ailier manque à l’appel. Story.

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New York 104, Miami 84. Aucune faute de frappe ni hallucination. L’addition est salée, méritée, et signée avec le sourire par vos New York Knicks version Novembre 2012. Aux journalistes américains le soin d’analyser la rencontre, l’émotion dégagée par cette victoire contre le Heat, et contre l’ouragan Sandy. Car au beau milieu des compliments se trouvent deux chiffres, qui en disent bien plus long : 10 et 28. Ce sont les shoots réussis et…tentés par Carmelo Anthony. Est-ce un problème de prendre autant de tirs en cas de victoire? Cela en a toujours été un pour ‘Melo’.

Fraîchement débarqué de Syracuse en 2003, Anthony s’inscrit à la Draft avec une belle année derrière lui et une carrière prometteuse à l’avant : il offre le titre NCAA à son université, et possède de loin le bagage offensif le plus complet de sa génération. Tir extérieur, jeu au poste, rapidité, mobilité, puissance, dextérité, le gamin a la totale et les 30 franchises bavent devant lui. On lui promet un avenir en or, et c’est Denver qui tirera le gros lot. Après une superbe saison rookie qui aurait dû être ponctuée par un titre de Rookie de l’Année, Carmelo ne cessera d’affoler les compteurs, soirs après soirs, adversaires après adversaires, mois après mois, années après années. Sans jamais s’arrêter.

10 saisons nous contemplent. Le maillot a changé mais la gestuelle est intacte, l’efficacité l’est tout autant. Le numéro 7 des Knicks reste un des joueurs les plus clutch de la Ligue et offre des cartons offensifs toujours aussi impressionants. Cependant, il y a une chose que Carmelo Anthony ne peut pas faire, et qui le hante aujourd’hui : la star new-yorkaise ne peut enlever cet énorme L collé au front. Melo est un loser. Un vrai loser, un pur produit de la famille d’Iverson, Carter et McGrady. Un de ces talents uniques qui n’a pas encore compris comment négocier le virage du champion. Et la perspective de finir sa carrière sans titre le ronge au quotidien, d’autant plus quand on évolue dans une ville aussi impatiente et impitoyable que New York. Ses potes de chambre lui ont pourtant fait part de leurs expériences cet été : eux aussi, les Lebron et Kobe, ils les ont connues ces années de critique et de frustration. Eux aussi ont entendu que ce n’était pas en jouant solo qu’ils y arriveraient, après chaque saison terminée trop tôt. Durant, aussi jeune soit-il, l’a tout de suite compris. Probablement pour la première fois de sa vie en tant que basketteur, Carmelo Anthony n’a pas le choix. Il doit passer ce cap s’il veut offrir à New York ce qu’aucun autre basketteur a su faire depuis bientôt 30 ans : un titre de champion.

Faire confiance à ses coéquipiers, lâcher la balle, montrer l’exemple, se donner encore plus en défense qu’en attaque, exécuter les demandes du coach, arriver en premier à l’entraînement et repartir en dernier. Tout ça, jusqu’aujourd’hui, Melo n’a pas eu besoin de le faire. Trop talentueux, le natif de Baltimore se présentait régulièrement avec des kilos en trop en Octobre, sans progrès en défense, à se plaindre régulièrement comme un enfant pourri gâté. Et tel un couple de parents trop généreux, les Knicks l’ont réconforté : virant Mike d’Antoni qui lui faisait des reproches fréquemment, lâchant Jeremy Lin pour sa demande de contrat “ridicule”, encadrant Anthony de joueurs expérimentés et talentueux sans regarder le prix. Une confiance totale donc, envers celui qui devrait mener les Knicks vers la terre promise. Mais les excuses ne marchent plus. Le talent ne suffit plus. Melo doit changer, et ce dès maintenant. Prendre une trentaine de tirs par matchs ne lui apportera rien de concret, ni en Novembre, ni en Mai. Il l’a vu de ses propres yeux au printemps dernier face au Heat, Lebron a changé. Et après avoir été pendant de longues années le one-man show des Cavaliers qu’est Melo actuellement pour les Knicks, le “King” s’est métamorphosé pour devenir indiscutablement le meilleur basketteur de la planète et, accessoirement, un champion.

Beaucoup de fans souhaitent que New York gagne le titre. Pour Melo, pour Amare, pour Rasheed, pour Camby, pour la ville, pour tout le monde. Et ce serait une véritable tragédie de ne pas en profiter dès maintenant, avec un effectif aussi talentueux et une superstar au sommet de son art. Les Knicks n’ont pas le temps et Melo n’a plus le choix. S’il ne souhaite pas être mentionné dans l’histoire aux côtés d’Allen Iverson, son ex-coéquipier à Denver, l’ailier des Knicks doit réaliser ce changement cette saison, dès maintenant. On croise les doigts et on se retrouve en Mai prochain, pour obtenir la vraie réponse à notre question.

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