Sans Shai Gilgeous-Alexander, le Thunder pourrait-il remporter… la Conférence Est ?
Le 13 déc. 2025 à 12:45 par Hisham Grégoire

Il y a quelques jours, le Thunder est allé coller 131-101 au Jazz sans Shai Gilgeous-Alexander, comme si on retirait le moteur d’une voiture de course et qu’elle roulait encore à 300 km/h. Attaque clinique, défense historique, profondeur indécente : si on prend cette équipe d’OKC, sans son MVP, et qu’on la balance en Conférence Est, est-ce qu’on ne parle pas tout simplement d’un finaliste NBA ?
Et si Oklahoma City jouait à l’Est sans Shai Gilgeous-Alexander ? Voilà une question que personne ne se pose normalement, mais qui devient soudain très intéressante après le show du Thunder contre Utah (sans Markkanen) il y a quelques jours.
131–101, avec une fluidité offensive dingue, 58% au tir, 21 tirs du parking et dix joueurs capables de sanctionner derrière l’arc. Shai n’était pas là, et pourtant le système n’a pas toussé une seule seconde. Le Jazz n’a jamais existé, asphyxié par une défense qui transforme chaque possession en mur invisible, et puni par une attaque qui déroule dans le bon rythme. L’impression n’est pas celle d’une équipe privée de son meilleur joueur, mais d’un collectif qui sait déjà quoi faire même quand son MVP manque à l’appel.
⚡️ Le Thunder a officiellement égalé le début de saison all-time des Warriors de 2015-16, avec 24-1 en 25 rencontres.
Ils l’ont fait en infligeant aux Suns la pire défaite de leur histoire (138-89).
Hot take de 4h48 mais… est-ce qu’ils pourraient aller chercher le 73-9..? pic.twitter.com/3Jkapvwa63
— TrashTalk (@TrashTalk_fr) December 11, 2025
Sur la saison 2025-26, OKC affiche un defensive rating de 103,3, soit la meilleure défense de la Ligue. L’attaque possède un offensive rating de 120,5, soit la 5e meilleure attaque de la Ligue. En comparaison avec l’an dernier (2024-25), le Thunder finissait avec un offensive rating de 120,3 (3e de la NBA) et un defensive rating de 107,5 (1er). Un combiné qui leur avait permis d’achever la saison avec un bilan de 68-14, 1er de l’Ouest.
Autrement dit : même avec des ajustements de rotation, l’équipe conserve un socle défensif d’élite, tout en restant capable d’attaquer efficacement quand le contexte le permet.
Là où l’absence de Shai pèse davantage, c’est sur l’efficacité offensive en demi-terrain. Un chiffre résume tout : sans lui sur le parquet, l’attaque d’OKC perd 14,7 points offensifs pour 100 possessions selon Cleaning The Glass. C’est assez énorme.
Cela ne veut pas dire que le Thunder devient soudain médiocre, surtout quand on connaît la puissance collective et défensive du groupe. Mais l’équipe perdrait l’avantage le plus précieux en Playoffs : un créateur capable de manipuler une défense organisée. En saison régulière, le système compense : du rythme, beaucoup de spacing, un banc ultra-productif, de la circulation de balle, Jalen Williams qui fait office de premier gestionnaire, Chet Holmgren capable de driver ou de shooter au-dessus de tout le monde, et une profondeur qui sort des joueurs capables d’apporter dix à quinze points (coucou Ajay Mitchell) sans qu’on ait besoin de leur écrire une chanson.
Ce Thunder-là, envoyé à l’Est sans son franchise player, jouerait la saison régulière comme une équipe top 2 ou top 3 de Conférence. La défense serait immédiatement la meilleure de l’Est, peut-être même de loin. Detroit, Miami ou Orlando ont des défenses solides, mais aucune ne possède cette combinaison constante de longueur, discipline, verticalité et intelligence collective. Et même si l’attaque chute d’un cran sans Shai, elle resterait suffisamment bonne pour écraser des séries de matchs contre la moitié du calendrier. On parle d’un groupe qui peut mettre de la vitesse, du tir, du passing, tout en verrouillant la raquette et en punissant les pertes de balle adverses. Beaucoup d’équipes de l’Est n’auraient jamais vu passer un impact défensif de ce niveau.
Là où les débats deviennent brûlants, c’est en Playoffs. Une série, ce n’est pas un blow-out contre le Jazz en décembre. Une semaine entière de scouting, du match-up ciblé, des systèmes qui cherchent à museler chaque habitude, et l’exigence maximale du demi-terrain. Sans Shai, OKC se retrouve avec un vrai défi : trouver du scoring garanti quand tout ralentit. Jalen Williams peut porter beaucoup, Holmgren peut sanctionner, le spacing restera excellent, mais on parle de match-ups contre des défenses qui n’offriront aucun confort. New York ou Detroit ont des créateurs capables de survivre dans la boue. Ils ont aussi les gabarits pour transformer une série en bagarre tactique. Dans un tel contexte, la capacité d’OKC à générer du scoring dans le clutch sans Shai devient la seule faiblesse réelle, un plafond qui peut empêcher de transformer une superbe équipe défensive en finaliste NBA automatique.
The Thunder’s Starting 5 stats tonight… through 3 Quarters 😂 pic.twitter.com/JEqIcJtq0v
— Thunder Insight (@Thunder_Insight) December 11, 2025
Alors, est-ce que le Thunder – version Est sans Shai – peut aller en Finales NBA ?
La réponse la plus honnête, avec les données dont on dispose, ressemble à ceci : en saison régulière, le Thunder serait un top seed quasi certain ; en Playoffs, il aurait une vraie chance d’aller en Finales, mais rien ne serait garanti. La défense lui ouvrirait les portes, la profondeur lui permettrait d’étouffer beaucoup d’équipes, et le collectif pourrait faire tomber une ou deux séries sans jamais paniquer. Mais dans les moments difficiles, là où chaque possession devient une marchandise rare, l’absence d’un shot-maker supérieur serait le point faible qui empêche d’appeler ça un destin assuré.
On peut donc pousser le raisonnement à fond : si on met de côté toute certitude mathématique, le Thunder sans SGA, projeté à l’Est, reste une équipe finaliste potentielle, avec une régularité défensive qui suffirait à gagner énormément de matchs. Le seul bémol vient des septièmes matchs, des derniers quart-temps, des demi-terrains qui se ferment.
Avec Shai, OKC devient favori pour le titre. Sans lui, OKC reste monstrueux… mais humain.
Sources : NBA.com, Basketball Reference, Cleaning Glass
