Les NBA Paris Games 2025 de l’intérieur : carnet de bord d’un rêve éveillé
Le 26 janv. 2025 à 14:27 par Robin Wolff
Je suis devenu journaliste sportif pour avoir la chance de vivre les grands événements de l’intérieur. Ces NBA Paris Games représentent la première accréditation de ma carrière. Quatre journées hors du temps grâce auxquelles je peux désormais prononcer des phrases que je n’aurais jamais pu imaginer. Alors il fallait bien tout vous raconter et vous plonger avec moi dans les coulisses d’un événement exceptionnel, quoi qu’en pense Daniel Riolo !
Raconter un souvenir ! Pour trop nombreux un mélange amer entre une réalité arrangée et un fantasme approché. Mais lorsqu’à de rares occasions, les rêves rejoignent la réalité, il n’y a nul besoin de les décorer. Je vous emmène, le cœur encore ivre de gaité, dans le carnet de bord d’une semaine dorée. Et promis j’arrête les rimes.
Mercredi
Pour récupérer l’accréditation, il faut arriver sur place après 9h du matin, alors je suis devant les portes à 8h50. L’excitation est immense, une adrénaline proche de celle ressentie lors du premier jour des Jeux olympiques. Je récupère le précieux sésame et je ne peux pas m’empêcher de penser que la photo n’est pas géniale, surtout lorsque je vois que mon collègue Nass a envoyé un selfie qui ferait mouche sur n’importe quelle application de rencontre, mais tant pis. Lorsque je passe devant Bercy, je réalise le chemin parcouru et une larme monte, la première depuis la fin d’How I Met Your Mother … chacun ses cordes sensibles.
L’entrée des médias, les couloirs presque souterrains de l’arène, tout est nouveau et un léger syndrome de l’imposteur commence à pointer le bout de son nez… jusqu’à ce que j’entre en salle de presse et que j’entende : “Chris Paul, c’est bien le grand gars ?” Je suis parfaitement à ma place !
Je croise tout de même des journalistes que j’admire, Tom Compayrot, Rémi Reverchon, Benjamin Moubèche et je n’hésite pas à leur dire, les compliments non-distribués sont trop souvent synonyme d’alchimie évaporée, de frustration accumulée.
Les premiers entraînements commencent, je n’ai jamais été à hauteur de parquet dans une si grande salle. Alors se rendre compte de si près, de la puissance physique des joueurs NBA, entendre les bruits de chaussure, leurs communications, c’est invraisemblable. Stephon Castle rentre des lay-ups exceptionnels et Obi Toppin fait … n’importe quoi. Il lance des ballons dans la tête de Thomas Bryant, pose pour les caméras et a l’air d’une humeur remarquable, presque étrange… on apprendra plus tard qu’il venait de se fiancer.
Le premier joueur à rentrer en conférence de presse s’appelle Victor Wembanyama. Je l’ai déjà vu en vrai, eu la chance de lui poser des questions, mais son intelligence, sa verve, la qualité de ses interventions m’hallucine toujours. Quand le sens de la mesure se cache dans une taille presque inhumaine.
Je découvre aussi l’humour de Rick Carlisle, que je parviens à faire rire, plus ou moins intentionnellement. Il nous offre également un monologue sur un trajet de bus qui deviendra le running-gag de la semaine.
La journée à l’Accor Arena terminée, je fonce à la NBA House pour l’ouverture. La Carreau du Temple est un écrin merveilleux et j’ai la chance de rentrer parmi les 50 premiers. Chance car cela me permet d’obtenir gratuitement un ourson au chocolat réalisé par Cyril Lignac et une tasse des San Antonio Spurs… Simplement, la confiserie est à la guimauve, donc je n’en raffole pas et j’éclate le mug sur le sol moins de cinq minutes après l’avoir récupéré. Les mots de mon ancienne colocataire : “je pensais être maladroite avant de te rencontrer” me reviennent en boucle.
Une magnifique première journée, mais il faut rentrer se reposer, demain les choses sérieuses commencent.
Jeudi
J’arrive au stade et la première personne que j’aperçois est Hugo Décrypte. Il parle à d’autres gens et je n’ose pas lui dire que mon premier souvenir de sport est un but de la tête sur l’un de ses centres dans un stage de football au Conquet. On vient de la même ville, on est au même endroit ce jeudi, mais on a pas encore la même stature, c’est la vie.
J’entre en bord de terrain juste avant que Tissot ne dévoile la nouvelle shot-clock de la NBA. J’aperçois tout de suite Joe Dumars et quelques minutes plus tard, Sabrina Ionescu et Tony Parker s’avancent sur le parquet pour un concours de tirs. La joueuse du New York Liberty envoie un 0/4 avant qu’un ballon ne lui soit redonné pour “laver l’honneur”. Le Français enlève soigneusement sa veste avant de commencer par un immense air-ball, je ne peux m’empêcher de pouffer, mais quelques secondes plus tard, la légende des Spurs en réussit un des quatre. Victoire, sans la manière.
Je me redirige vers la salle de presse et je ne passe pas très loin d’éclater le nez de Nikola Karabatic avec une porte … quand je vous disais que je ne pensais pas prononcer certaines phrases. Il faut dire que j’étais pressé, la conférence de presse d’Adam Silver allait commencer.
Je m’assois presque tout devant, en plein centre comme un bon élève, aux-côtés de Benjamin Moubèche, encerclé par Joe Vardon et Brian Windhorst. Mark Tatum est un rang devant, Andre Iguodala et Shaun Livingston ne sont pas bien loin sur ma droite et je réalise que je vais vivre mon premier match de NBA officiel, le tout accrédité. J’ai les yeux d’un enfant, le coeur d’un amoureux et le sourire d’une publicité pour le dentifrice.
Adam Silver à propos de l’extension en Europe 🇪🇺 :
“Nous explorons les opportunités, pour continuer de développer le basket-ball ici. Pour l’instant il n’y a pas d’accord avec la FIBA, mais nous avons eu des réunions. Nous ne sommes pas prêts à faire d’autres annonces.” pic.twitter.com/d6WNj80plO
— Robin Wolff (TrashTalk) (@robinwolff12) January 23, 2025
Inutile de vous raconter à nouveau le match, mais sachez que lors de la séquence exceptionnelle de Victor Wembanyama dans le troisième quart-temps, Tom Compayrot et moi étions les deux seuls debout en tribune de presse. Tant pis s’il fallait faire bonne figure ou bien preuve de discrétion, je ne revivrai jamais ça, et au fond je sais que Giovanni, mon rédacteur en chef serait fier de moi !
Les conférences d’après-match s’enchaînent, je parle à Chris Paul, à Bennedict Mathurin, et je repars chez moi l’âme en joie, la tête pleine de souvenirs.
Je pourrai dire à mes enfants que mon premier match officiel de NBA, c’était à Paris, avec un Victor Wembanyama de gala, accrédité en tant que journaliste ! 🥹🥹🥹
Merci @TrashTalk_fr, merci Wemby, merci la vie 🫶 pic.twitter.com/Xftdg7nL3V
— Robin Wolff (TrashTalk) (@robinwolff12) January 23, 2025
Vendredi
C’est le jour du NBA Jam. Pour être honnête je n’ai pas spécialement d’attentes. Je veux voir Alex et Bastien animer Bercy, mais c’est à peu près tout. J’arrive à la salle et Tom m’explique que Tristan Jass n’a pas enlevé son casque lors de sa conférence de presse. Il est déjà dans son match et ça va se voir très fort quelques heures plus tard. Je vais près du parquet et presque immédiatement, je vois l’influenceur Nicotine se fracasser la truffe sur un trampoline. La journée s’annonce spéciale.
Peu après, je tombe nez à nez avec Oscar Robertson qui tournera, quelques instants plus tard une vidéo avec Lethal Shooter juste devant mes yeux.
86 years old, Oscar Robertson aka THE BIG O still doesn’t miss… We appreciate your GREATNESS and everything you’ve done for the game of basketball. He understands it!🎯 #NBA #Iunderstanditnow pic.twitter.com/UHpjG6gjR5
— Lethal Shooter (@LethalShooter__) January 24, 2025
Si vous voulez tout savoir, la légende des Bucks l’a rentré lors de sa deuxième tentative.
Mais je ne peux pas traîner, Esteban Ocon et Teddy Riner vont arriver en conférence de presse. Je suis au premier rang et j’ai la chance de poser la première question. Les voir en vrai est émouvant et amusant, ils enchaînent les vannes et semblent prêts à passer un excellent moment.
J’ai demandé à Esteban Ocon et Teddy Riner leurs liens avec la NBA :
Ocon : “J’adore le basket, la NBA, j’ai vu un match à Los Angeles et j’ai adoré, le match d’hier également. Quand on m’a proposé de venir je ne pouvais pas refuser.”
🏎️🏀 pic.twitter.com/TuCGehvtns
— Robin Wolff (TrashTalk) (@robinwolff12) January 24, 2025
Il y a beaucoup moins de journalistes, alors avec Nass, on peut s’asseoir plus bas dans la tribune de presse. Je me retrouve malencontreusement sur une place réservée à un employé de CNEWS aux abonnés absent, comme sa chaîne de télévision dans un monde utopique, mais passons.
Le match est bien plus sérieux que ce que les spectateurs pouvaient imaginer. Un thriller avec deux prolongations extrêmement plaisant. L’ambiance est géniale, Joakim Noah et Jalen Rose, les entraîneurs adjoints agissent comme s’il étaient au coeur d’un Game Seven et les commentaires d’Alex et Bastien rendent le tout on ne peut plus vivant. Au coup de sifflet final, tout le monde dans la salle s’est régalé.
Mais la soirée n’est pas terminée. Un concert de Dadju est prévu et alors que sur le papier, honnêtement, je n’étais pas emballé, je me retrouve à danser presque autant qu’Aya Nakamura sur le morceau Jaloux.
Une apparition de Tiakola conclue la soirée et je n’aurais jamais pensé dire ça, mais j’ai pris presque autant de plaisir que la veille.
Samedi
Pour bien comprendre la folie de ce samedi matin, il faut que je vous ramène dix ans en arrière. J’étais un fan de tennis qui commençait à s’intéresser légèrement au basket-ball avec mes amis. Un jour, nous nous sommes donnés 24 heures pour choisir une équipe à supporter. Je me suis alors rendu compte que le fils de Yannick Noah était en NBA. J’ai regardé ses highlights et ait été directement impressionné par son énergie, sa défense et sa qualité de passes. Je suis alors devenu fan des Chicago Bulls… grâce à lui. Notez que je ne lui en suis pas vraiment reconnaissant puisque ça fait une décennie que je me lève la nuit pour voir mon équipe perdre, mais ce n’est pas le sujet.
Alors lorsque la semaine dernière, Bastien m’a envoyé un message : “tu veux t’entraîner avec Joakim”, la réponse était assez évidente.
Si le plus gros de sa clinic est porté sur la défense, j’ai une opportunité et une seule d’attaquer sur l’une de mes idoles, un ancien Défenseur de l’Année. Je me dis que je dois faire quelque chose de spécial et à jamais je pourrais affirmer… que je l’ai feinté.
La vidéo n’est pas très impressionnante, j’en suis conscient, mais le souvenir restera gravé.
Après un bon déjeuner avec Bastien et Nass, on se met en route pour l’Accor Arena et les conférences de presse sauf que, arrivé à Gare de Lyon, je me rends compte que j’ai oublié mon sac au restaurant. Je sais que le temps de retraverser Paris, les chances de retrouver mon ordinateur et mes autres affaires est inférieure à celles de Ben Simmons dans un concours à 3-points, mais une petite étoile veille sur moi cette semaine et je peux regagner le stade le coeur léger.
Deuxième match, deuxième claque de joie, d’humilité, je suis conscient de ma chance et profite de chaque seconde. Les tirs de Tyrese Haliburton impressionnent, les fautes de Jarace Walker et de Sandro Mamukelashvili aussi et à défaut d’un grand match, je passe un grand moment, c’est bien là le plus important. Un dernier diner, marqué par les fous rires, avec les membres de l’équipe TrashTalk présents sur place et on peut remballer.
Alors oui, les mots ne sont pas trop forts, c’est bien ça qu’on appelle une semaine dorée !
Merci à Bastien, Alex, Nass, Julien, Lise, Tom Compayrot, Benjamin Moubèche, Sébastien Gente et Félix Gabory pour m’avoir accompagner dans ce rêve éveillé et aux autres membres de l’équipe TrashTalk pour m’avoir permis de profiter à fond en travaillant d’arrache-pied !