Les Cavaliers 2024 sur les traces des Warriors 2015 ?

Le 19 nov. 2024 à 12:48 par Nicolas Meichel

cavaliers warriors
Source image : Montage YouTube

En remportant leurs 15 premiers matchs de la saison, les Cavaliers réalisent le deuxième meilleur départ de l’histoire de la NBA. Devant eux, il n’y a plus que les Warriors de 2015-16 (24 victoires de suite). Ironie de l’histoire : l’explosion de Cleveland cette année rappelle beaucoup celle de Golden State il y a une décennie.

Nouveau coach, nouvelle philosophie, nouveau succès

Après une élimination sans panache en demi-finale de conférence la saison dernière, les Cavaliers ont décidé de changer leur coach, virant J.B. Bickerstaff pour faire venir Kenny Atkinson. Les dirigeants de Cleveland avaient l’impression que l’équipe – malgré tout son talent – stagnait sous Bickerstaff et qu’il fallait une nouvelle voix pour maximiser le quatuor Darius Garland – Donovan Mitchell – Evan Mobley – Jarrett Allen. Résultat : après 15 matchs cette saison, Cleveland n’a toujours pas perdu et affiche un bilan de 15 victoires – 0 défaite.

Dix années plus tôt, après une élimination dès le premier tour des Playoffs 2014, les Warriors décidaient eux aussi de changer leur coach, virant Mark Jackson pour faire venir Steve Kerr. Les dirigeants de Golden State avaient l’impression que l’équipe – malgré tout son talent – stagnait sous Jackson et qu’il fallait une nouvelle voix pour maximiser le collectif porté par les Splash Brothers Stephen Curry – Klay Thompson. Résultat : après 15 matchs cette saison-là, Golden State affichait un bilan de 13 victoires pour 2 défaites, bilan qui montera même jusqu’à 21-2 avant un troisième revers.

Que ce soit à Cleveland aujourd’hui ou Golden State il y a une décennie, le changement de coach a transformé une équipe solide et compétitive en véritable machine de guerre.

Comme Steve Kerr il y a dix ans, Kenny Atkinson a hérité d’une équipe possédant de très solides bases défensives, mais dont le grand talent offensif n’était pas vraiment exploité à sa juste valeur. Les Warriors sous Mark Jackson étaient trop prévisibles, les Cavs sous J.B. Bickerstaff se marchaient dessus, et il fallait une nouvelle philosophie de jeu pour permettre au collectif de rayonner des deux côtés du terrain. Juste en changeant de coach, Cleveland est passé de la 16e à la meilleure attaque NBA, tout en gardant sa solidité défensive (7e). En 2014-15, les Warriors étaient eux passés de la 12e à la 2e attaque, tout en ayant la meilleure défense NBA.

Le jeu “Warrioresque” des Cavs

Avant d’arriver sur le banc des Cavaliers, Kenny Atkinson était l’assistant de Steve Kerr à Golden State pendant trois ans, de 2021 à 2024. Durant ces trois années, l’ancien coach des Nets a découvert la culture Warriors et la philosophie de jeu permettant à Golden State – champion pour la quatrième fois en 2022 – d’arriver au sommet de la NBA.

Au cours de la dynastie Warriors, et en particulier lors des premières années (2014-16), le jeu pratiqué par Golden State était construit sur plusieurs piliers : le spacing évidemment avec Stephen Curry et Klay Thompson, mais aussi le mouvement du ballon, le mouvement constant des joueurs sans ballon, et un très gros rythme de jeu (1er à la pace en 2015, 2e en 2016). Ce sont des principes qui sont – en soi – assez basiques, mais que les Warriors maîtrisaient mieux que n’importe qui grâce notamment à la menace unique que représentaient les Splash Brothers.

Dix années plus tard, c’est Cleveland qui s’en inspire.

“Je pense qu’il faut vraiment prendre ces Cleveland Cavaliers au sérieux, et je vais vous dire pourquoi” a récemment déclaré la star des Warriors Draymond Green. “Ils bougent la balle tellement vite, c’est fou ! J’avais la tête qui tournait tellement ça allait vite. J’apprécie vraiment cette équipe.”

Membre crucial du succès de Golden State, Draymond a presque eu l’impression d’affronter les Warriors de la grande époque quand les Cavaliers ont explosé les Dubs début novembre (136-117), Cleveland marquant pas moins de 83 points en… première mi-temps.

Dans cette fameuse rencontre face aux Warriors, les Cavaliers ont peut-être montré leur plus beau basket de toute la saison : une balle qui circule avec une fluidité magnifique, ça dégaine à 3-points sans hésitation, ça court dès que possible, ça bouge sans ballon, ça joue vite en transition mais aussi sur demi-terrain, bref ça déroule quoi !

“Nous avons une alchimie incroyable. Les joueurs se comprennent incroyablement bien. Ils se respectent et c’est magnifique à voir. Nous avons nos scoreurs mais on a aussi de bons passeurs, de bons connecteurs. On sait comment passer la balle, on prend des décisions rapides. J’ai adoré ce que Draymond a dit l’autre jour. La balle bouge, c’est ‘Warrioresque’ et c’est superbe à voir.” – Kenny Atkinson

Meilleure efficacité offensive de la NBA (122,1 points pour 100 possessions), septième pace de la Ligue (seulement 24e l’an passé), 1er à l’adresse à 3-points (41,9%) et dans le Top 5 au nombre de 3-points marqués par match (15,5), les Cavaliers font du Warriors Basketball. Et le reste de la Ligue n’a pour l’instant pas réussi à les ralentir.

Comme Golden State il y a dix ans, les Cavs peuvent aujourd’hui s’appuyer sur un backcourt redoutable en Donovan Mitchell et Darius Garland. Ce n’est pas tout à fait le même style que Stephen Curry et Klay Thompson, mais ça fait tout aussi mal.

Comme Golden State il y a dix ans, les Cavs peuvent aussi s’appuyer sur un poste 4 en pleine évolution avec Evan Mobley. Ce n’est pas tout à fait le même style que Draymond Green, mais sa polyvalence et sa défense font souvent la différence.

Comme Golden State il y a dix ans, les Cavs peuvent également s’appuyer sur un pivot défensif, très bon finisseur et capable de bien passer la balle comme Jarrett Allen. Ce n’est pas tout à fait le même style qu’Andrew Bogut, mais il est tout aussi important pour le succès de son équipe.

Vous l’avez compris, les similitudes dans le jeu entre les Cavaliers de 2024 et les Warriors d’il y a dix ans sont nombreuses. Mais ça ne s’arrête pas là.

Strength in Numbers

L’une des grandes forces des Cavaliers en ce début de saison, c’est leur profondeur d’effectif et la production du banc.

Bien sûr, Donovan Mitchell et Darius Garland sont les têtes d’affiche à Cleveland. Certes, la montée en puissance d’Evan Mobley explique en partie le succès de Cleveland. Et bien sûr, Jarrett Allen reste un pilier défensif des Cavs. Néanmoins, cela fait deux matchs que le cinq de Kenny Atkinson n’est pas au complet et ça ne s’est pas vu du tout. Pas de Mobley contre Chicago ? Pas de problème, victoire de 18 points avec un Georges Niang qui intègre les titulaires pour marquer 14 points. Pas de Mitchell contre Charlotte ? Aucun souci, victoire de 14 points avec Ty Jerome qui inscrit 24 unités avec 8 passes dans le costume de titulaire. On rappelle aussi que les Cavs évoluent depuis le début de la saison sans leur ailier titulaire Max Strus, remplacé d’abord par Dean Wade puis Isaac Okoro. Et ces deux-là font le taf !

Sur les 15 premiers matchs cette saison, les Cavaliers sont septièmes de la NBA au nombre de points inscrits par le banc (38,6) mais surtout, ils sont troisièmes en matière d’efficacité avec un net rating (différence entre efficacité offensive et défensive) de +5,3. Le duo Ty Jerome – Caris LeVert booste tout particulièrement la second unit, sans oublier Niang ou encore le sniper Sam Merrill. Tout ça pour dire que Kenny Atkinson a de vraies solutions et pas mal de possibilités d’adaptation selon le scénario d’une rencontre ou le match-up proposé par l’adversaire. Et cela enlève de la pression aux meilleurs joueurs de l’équipe, Mitchell étant le joueur le plus utilisé avec seulement 31 minutes par soir.

Before the Warriors became a feared superteam that booked five consecutive trips to the NBA Finals, Steve Kerr preached a mentality that became a rallying cry: Strength in Numbers.@ramonashelburne has the story: pic.twitter.com/MzdgXgwmz9

— Malika Andrews (@malika_andrews) November 5, 2021

Cette profondeur d’effectif, ces joueurs de la second unit qui step-up pour aider à faire basculer les matchs, cette solidité collective qui existe entre les stars de l’équipe et les role players, ça rappelle clairement les Warriors de 2014-15. Ces derniers symbolisaient tellement tout ça qu’ils en avaient un slogan dédié : “Strength in Numbers”.

Strength in Numbers, autrement dit la Force du Nombre.

Derrière les énormes banderilles de Stephen Curry et Klay Thompson, derrière la défense et la polyvalence grandiose de Draymond Green, il y avait une armée de role players qui rendaient les Warriors presque intouchables. Andrew Bogut brillait par sa capacité à protéger le cercle et à passer la balle depuis le poste de pivot. Andre Iguodala s’était transformé en l’un des meilleurs sixièmes hommes de la NBA. Le jeune Harrison Barnes apportait une dimension athlétique à l’aile. Et avec tout ça, Golden State possédait de vrais soldats comme le miraculé Shaun Livingston, l’ancien All-Star David Lee, mais aussi Marreese Speights, Leandro Barbosa ou encore Festus Ezeli.

C’est en partie grâce à la Force du Nombre que ces Warriors ont remporté 67 matchs durant la saison régulière 2014-15, avant d’aller chercher le premier titre de leur dynastie lors des Playoffs qui ont suivi. Comme un symbole, c’est Andre Iguodala qui a été élu MVP des Finales NBA en 2015. L’année suivante, les Dubs gagneront 73 matchs dont 24 pour démarrer la saison, deux records qui tiennent toujours.

The only team in NBA history to win more than 15 straight games to start a season were the 2015-16 @warriors who opened the season at 24-0! pic.twitter.com/Wr9GxjTZym

— NBA History (@NBAHistory) November 18, 2024

L’avenir nous dira si les Cavaliers version Kenny Atkinson sont capables de connaître le même succès que les Warriors de l’époque. Mais sachez que toutes les équipes qui ont commencé une saison par 15 victoires en 15 matchs ont atteint au minimum les Finales NBA. On se donne rendez-vous en juin ?


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