Mohamed Diarra au Final Four de NCAA avec NC State : zoom sur le dernier représentant français de la March Madness !

Le 05 avr. 2024 à 10:59 par Céleste Macquet

Mohamed Diarra NC State 4 Avril 2024
Source image : YouTube

Alors que Rudy Gobert et Victor Wembanyama se ruent vers les trophées de Défenseur de l’Année et de Rookie de l’Année, un autre intérieur français fait actuellement son petit boucan en Amérique du Nord. Mohamed Diarra n’évolue pas (encore) en NBA, et c’est en plein milieu de la folie de Mars, la March Madness, que notre Tricolore fait parler de lui. Et s’il était là l’invité surprise… de la Draft 2024 ?

Presque inconnu du grand public en France il y a encore quelques semaines, le dernier représentant français de la March Madness de la NCAA enchaîne les gros matchs pour amener son équipe d’underdogs toujours plus loin dans la compétition. Le numéro 23 de NC State est l’une des raisons de l’excellent parcours de son université en postseason. C’est la première fois que la meute atteint le Final Four depuis 1983. Pour une équipe dixième de saison régulière et qui n’était partie pour ne même pas faire la March Madness, c’est quelque chose. Et pourtant, rien ne prédisposait l’intérieur de Montreuil à en arriver là.

Un parcours “original”

A la base, le sport de Mohamed c’était… le football, puis il finit par s’essayer au basket à 15 ans. Il passe par Gravelines et par Orléans, mais n’est finalement pas retenu longtemps là-bas. Un joueur viré de deux centres de formation et qui finit par cartonner sur la plus grande scène du basketball universitaire américain, voilà une aventure bien peu commune. Mohamed Diarra a eu l’occasion de faire une première année en High School aux Etats-Unis, puis a dû revenir en Europe à cause d’un certain virus au cours de l’année 2020. Next.

Il réussit malgré tout à rebondir et à se faire recruter par les Missouri Tigers pour la saison 2022-2023, saison qui ne se passe pas très bien. Direction NC State, oh la bonne idée.. Après un début de saison en dents de scie, il trouve son rythme au meilleur des moments. A l’orée du début de la March Madness, voilà qu’il fait les deux meilleures semaines de basket de sa vie.

“Je galérais au début de l’année. Je doutais de moi-même, mais maintenant ma confiance est de retour et j’ai prouvé ce dont j’étais capable à haut niveau. Il y a des gens qui ne m’ont pas fait confiance et qui ne m’ont pas donné ma chance, mais maintenant je suis capable de performer comme je l’ai fait et rendre mon équipe meilleure.” – Mohamed Diarra


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Deux semaines de domination dans la raquette

Alors que l’équipe de Mohamed était sur un bilan moyen de 16 victoires pour 14 défaites jusque là, NC State enchaîne cinq victoires de rang lors du ACC Tournament et obtient son billet pour la March Madness. Dès le jeudi 14 mars, lors du huitième de finale du tournoi, Mohamed envoie une performance lourde : 8 points, 14 rebonds et 6 passes décisives contre Syracuse. Le lendemain contre Duke, un gros double-double avec une défense excellente : 14 points à 5/9 au tir, 16 rebonds, avec 4 contres et 3 interceptions. Le jour d’après ? 9 points et 12 rebonds pour finir Virginia en prolongations. Enfin, le dimanche en finale face à North Carolina : 11 points, 14 rebonds, 3 contres, 3 interceptions, et la victoire qui va avec. Le ticket pour la March Madness est validé.

“On n’écoute pas ce que les gens disent. On joue juste notre basketball et on sait qu’on est une grande équipe. Si on doit aller jusqu’au titre pour montrer que notre équipe est forte, on va le faire. On est content d’être dans les meilleures équipes du pays, on va continuer à jouer comme ça.” – Mohamed Diarra

NC State a donc droit à sa place en March Madness en tant que onzième seed, et Mohamed va célébrer ça en posant son season high au scoring dès le premier tour face à Texas Tech. 17 points à 6/9 au tir et 12 rebonds. Le fFançais a joué 39 minutes sur 40 dans ce match, sans perdre un seul ballon ! 11 points, 13 rebonds et 3 contres contre les Golden Grizzlies d’Oakland pour gagner en prolongations, puis un sympathique match à 11 points et 15 rebonds avec 0 perte de balle face à Marquette dans le Sweet Sixteen pour se qualifier au Elite Eight. Deuxième tête de série du pays ou pas, c’est pas son problème à Mohamed.

Another strong outing for 🇫🇷 Mohamed Diarra as NC State continues their magical run. Against no. 2 seed Marquette, he finished with 11 points, 15 rebounds, 1 assist, 1 steal and 1 block. Great job attacking the boards to guarantee extra possessions and scores pic.twitter.com/znZngKjugp

— Eurohoops Scouting (@EHoopsScouting) March 30, 2024

“Je suis heureux. J’essaye de profiter parce que c’est la première fois que j’arrive à ce niveau là et que j’ai la chance de jouer le Final Four. Je pense que quiconque joue au basketball dans le monde rêve de ce moment. On doit garder le pied sur la pédale, on peut faire ce run, on a une super équipe. On joue bien, on doit juste continuer, jouer dur en défense et en attaque. C’est spécial. On fait un super run, les dernière semaines ont été incroyables. On va continuer sur cette voie et continuer de gagner.” – Mohamed Diarra

Pour son dernier match, Mohamed a été moins retentissant que sur les rencontres précédentes, limité par les fautes. 3 points, 7 rebonds et 1 passe en seulement 23 minutes contre Duke, quatrième seed. Ses coéquipiers, derrière un immense DJ Burns (21 points dans la seconde mi-temps), ont tout de même réussi à qualifier NC State au Final Four. Il faut dire que Diarra joue avec une contrainte que la plupart des joueurs n’ont pas. En effet, il observe scrupuleusement le jeûne du Ramadan depuis le début du mois saint. Que ce soit à l’origine de son succès récent ou que cela reste un facteur limitant, une chose est sûre, Mohamed doit parfois attendre les interruptions de jeu pour couper son jeûne :

“Je suis content quand il y a le temps mort. J’ai faim, j’ai soif, mais c’est mon choix et je dois jouer quand même. Même si j’ai faim, même si j’ai soif, je dois jouer.”

pic.twitter.com/Q22fFBCtB2

— No Context College Basketball (@ContextFreeCBB) March 29, 2024

Le match du Final Four alors ? Il a lieu ce samedi, face à nul autre que le titan Zach Edey et ses Boilermakers de Purdue, premiers du Big Ten avec un bilan de 33 victoires pour 4 défaites. Le mont canadien a enchaîné des performances à vous glacer le sang, avec du match à 40 points entre autre. L’équipe de l’Indiana peut en plus compter sur d’autres éléments solide dans la peinture, la raquette sera donc difficile d’accès et il faudra réaliser un véritable coup d’éclat pour performer au milieu de tout ce bazar. L’échéance s’avère relevée pour le dodu DJ Burns et l’ailier fort de Montreuil, mais à cœur vaillant rien d’impossible, Mohamed Diarra a tout ce qu’il faut pour bien embêter l’international canadien et les siens.

Un rim runner à l’ancienne, capable d’une défense elite de chez elite

Annoncé à presque 98 kg et pas loin des 2m11, Mohamed a un profil d’ailier fort sur-athlétique, pouvant dépanner sur les postes d’ailier ou de pivot. Il excelle sur contre-attaque où il couvre beaucoup de terrain très rapidement pour conclure des actions. Le point fort de Mohamed Diarra sur demi-terrain, c’est un bas du corps vraiment puissant et une stature solide. Il a en plus des épaules bien développées, et tout ça lui permet de reculer facilement, tout en le rendant difficile à bump pour se créer de l’espace en attaque.

Une fois qu’il arrive sous le cercle, on observe un très bon toucher de balle et des qualités de finition définitivement au-dessus de la moyenne. Balle en main dans le périmètre, il a la vivacité pour driver si son défenseur est à la bourre. Et faites attention à ne pas traîner n’importe où dans le dunker spot, car vous pourriez bien vous faire dunker sur la gueule.

DIARRA ROCKS THE RIM 🫨#MarchMadness @PackMensBball pic.twitter.com/Gy2nU4Nzjz

— NCAA March Madness (@MarchMadnessMBB) March 31, 2024

Ce n’est pas un profil à chercher l’assist avant toute chose, et ça se ressent sur les statistiques, mais on relève quand même du match à 6 passes décisives cette saison. Pas incapable de stretch, on n’est tout de même pas sur les pourcentages du siècle derrière l’arc (31,8% cette saison). Pas plus de trois tirs à 3-points rentrés sur un match cette saison (3/3 face à Clemson). On l’a vu capable de sanctionner dans le corner, même contesté ou après un jab, mais on peut constater qu’il profite beaucoup des grands espaces créés par son acolyte DJ Burns. S’il n’y a pas de progrès dans le domaine, pas sûr que sa capacité à shooter de loin se traduise à l’échelon supérieur avec la ligne à 3-points bien plus loin éloignée dans une certaine Grande Ligue.

Les pourcentages aux lancers (65,8% cette saison) pourraient être meilleurs, sans être alarmant pour un joueur qui va moins de deux fois par match sur la ligne cette saison. Des voyages peu fréquents sur la ligne de réparation donc, ce qui représente un autre domaine dans lequel il gagnerait à s’améliorer.

Pour ce qui est de la défense, Mohamed Diarra peut être un vrai problème pour les attaques adverses, et n’est pas sans rappeler un certain Bam Adebayo par moments. On pourrait même se permettre un début de comparaison à Giannis Antetokounmpo quand on relève la pertinence de certaines des aides de Diarra. Ce n’est pas donné à tout le monde d’avoir de la performance à 7 stocks en match universitaire ! Avec en plus un sens du rebond très développé, on a l’impression que Diarra sait constamment où vont arriver les ballons.

Au vu de son gabarit, Mohamed Diarra reste un petit peu limité au niveau de la mobilité latérale, mais il n’est pas facile à effacer pour autant. De plus, il bénéficie d’excellents timings en repli pour réaliser des chase-downs vraiment impressionnants. Attentif, il ne se prive pas de gêner sur les lignes de passe, ce qui lui permet d’intercepter à foison sur certains matchs.

🇫🇷 Mohamed Diarra got the job done perfectly with a dominant presence on the glass and switchable defense, putting up another double double (11 PTS & 15 REB) to help NC State keep the spirit of ’83 alive with a 67-58 upset victory over Marquette in the Sweet 16#MarchMadness pic.twitter.com/lhwl7zDFuQ

— CBB Europe (@CBB_Europe) March 30, 2024


Si on fait le bilan, avec un profil qui fait penser à un mix entre DeAndre Jordan et Bam Adebayo, Mohamed Diarra a définitivement ce qu’il faut pour faire un excellent joueur de basketball professionnel. Cela dit, avec des moyennes saisonnières à 6,4 points, 7,8 rebonds et 0,6 passe à 48,1% au tir au global, on a du mal à voir une équipe tenter sa chance avec lui à la Draft qui arrive. Attention, on ne se montre pas catégorique, loin de là ! Pour l’instant, en postseason, les chiffres ont bien gonflé : 10,6 points et 12,5 rebonds de moyenne, sans compter toutes les choses qu’il fait pour faire gagner son équipe, qu’on ne voit pas forcément dans les statistiques.

Avec potentiellement deux matchs restants cette saison, Mohamed Diarra a encore deux opportunités entre les mains d’en mettre plein la vue aux scouts. Et qui sait, avec le gros Zach Edey au tableau de chasse suivi d’une finale solide, notre espoir français intéressera peut-être du monde en début de second tour en juin. On croise les doigts !

On a pas vu de Français remporter la March Madness depuis Joakim Noah. Il y avait bien eu Killian Tillie et Joel Ayayi en Finale avec Gonzaga il y a quelques années, mais rien depuis. Allez, pour soutenir Mohamed face à Purdue, ça se passe samedi soir. Sortez le drapeau tricolore !