NCAA : qui est Zach Edey, le gigantesque pivot de Purdue qui détruit tout en March Madness ?

Le 04 avr. 2024 à 16:36 par Julien Vion

Zach Edey Purdue 2 avril 2024
Source image : YouTube

Si vous avez un peu suivi la March Madness ces derniers jours, vous n’avez pas pu passer à côté des performances de Zach Edey avec Purdue. Le gigantesque pivot, dans sa quatrième année universitaire, martyrise les raquettes et monte graduellement dans les mock drafts. Son profil et son parcours intriguent autant qu’ils polarisent.

Rien ne prédestinait Zach Edey à devenir joueur de basketball. Dans la lignée de sa progression folle ces dernières années, il affiche un niveau historique en March Madness et a porté les Boilermakers jusqu’au Final Four grâce à une perf à 40 points et 16 rebonds. De quoi se faire une place en NBA ? Doucement, il ne s’agit pas de mettre la charrue avant le golgoth. Présentation.

Le parcours : la découverte du basketball… au lycée

Zach Edey est né le 14 mai 2002 à Toronto au Canada. Pendant son enfance, il n’a jamais été attiré par le basketball, préférant se concentrer sur le hockey sur glace, puis le baseball en grandissant. A plusieurs reprises, et malgré sa croissance hors norme, il a même rejeté le basket. C’est presque par défaut, après être devenu trop grand pour le reste, qu’il commence à fréquenter une équipe au lycée. Il a alors 16 ans et mesure 2 mètres 13.

Depuis ce moment-là, l’histoire de Zach Edey est celle d’une incroyable progression. Parti du niveau zéro, littéralement, il apprend petit à petit à s’insérer dans un collectif, jouer en attaque, défendre… le tout trois têtes au-dessus de tout le monde.

“Si vous m’aviez dit en sortant du lycée que j’allais être le joueur de l’année en tant que junior, j’aurais ri et j’aurais dit merci pour le compliment (…) C’est surréaliste. C’est le mot juste. Vivre cette expérience est surréaliste.”

– Zach Edey, via CBS Sport

Le néo-pivot quitte Toronto pour l’équipe B de l’IMG Academy de Floride en 2018, jusqu’à devenir un prospect 3 étoiles en 2020. C’est à Purdue qu’il découvre la NCAA cette année, loin d’imaginer les hauteurs atteintes par la suite.

The 7-4 freshman doing 7-4 freshman things. pic.twitter.com/orsNbApAHR

— CBS Sports Network (@CBSSportsNet) November 25, 2020

Dans le championnat universitaire, il multiplie ses statistiques comme sa réputation tous les ans. 8 points et 4 rebonds en tant que freshman, 14/8 en sophomore et un impression 22 points, 13 rebonds et 2 contres en tant que junior. Cette dernière campagne lui vaut le titre de “Player of the year” avec 57 voix sur 58. Mais l’aventure March Madness s’arrête au premier tour pour Purdue.

L’indécision régnait concernant une éventuelle déclaration pour la Draft 2023, mais Edey a fait le choix de rempiler pour une quatrième année universitaire. Bonne idée, les progrès ne s’arrêtent pas : 25 points, 12 rebonds et 2 contres par match, avec une efficacité impressionnante. Meilleur joueur de Purdue, il est aujourd’hui la tête d’affiche de leur superbe parcours en March Madness 2024.

Le profil : un pivot à l’ancienne aux dimensions hors norme

Pour vous donner une idée du physique du bestiau, on est presque dans le registre de l’inédit. Si Zach Edey débarquait en NBA demain matin, il deviendrait immédiatement le plus grand joueur de la ligue (2m24, à égalité avec Victor Wembanyama), et serait de très loin le plus lourd (136 kilos). Forcément, à l’échelon universitaire, personne ne peut lui tenir tête.

Mais contrairement au Français des Spurs, Edey est un spécimen de pivot traditionnel au possible, qui dort, mange et tricote dans la raquette. D’autant qu’il y est on ne peut plus efficace : 62% d’adresse globale cette saison, sur un volume conséquent. Au poste bas, son atout principal, il est carrément parmi les plus grands marqueurs de l’histoire de la NCAA.

Zach Edey with the post finish😤 #MarchMadness #MBB pic.twitter.com/nNGz15FR90

— TSN (@TSN_Sports) March 30, 2024

Surtout, le pivot est devenu maître en l’art d’aller sur la ligne des lancers-francs. Il en tente plus de 11 par rencontre (contre 7 l’an dernier) et affiche une réussite plutôt solide pour sa taille, à 70% en carrière universitaire. Bien Edey par son avantage taille, il se retrouve évidemment en situation de mismatch dès qu’il joue un duel au panier. Si le spin ou la tentative de petit hook ne rentre pas, fort est à parier qu’une main adverse mal placée va lui donner des lancers.

De la même manière, c’est une machine à rebonds (12,5 dont 5 offensifs de moyenne depuis deux saisons) qui envoie des gros putbacks tous les quatre matins, et qui pose des contres autoritaires si le meneur d’1m84 s’approche trop près du cercle. Enfin, difficile de ne pas noter son endurance. Zach Edey sait enchaîner, et n’a par exemple été sur le banc que pendant 33 secondes face à Tennessee en Elite 8.

Edey domine tant que l’insider Jon Rothstein l’a comparé à un “Yao Ming au niveau universitaire”. S’il ne faut évidemment pas sauter dans la comparaison, les styles et les qualités ont des points communs, la mobilité en moins. On pourrait également relever des allures d’un plus grand et plus gros Ivica Zubac ou d’un Boban Marjanovic en mieux. L’analyse est primaire et l’éventail est large, surtout parce que les interrogations sont nombreuses.

La grosse question : a-t-il un avenir sur un parquet NBA ?

Ces dernières semaines, Zach Edey n’en finit plus de grimper dans les mocks draft. Pour autant, il reste l’un des profils les plus polarisants. L’adaptation de la NCAA à la NBA est un sujet classique avant une draft. Mais dans son cas, des problèmes sautent particulièrement aux yeux.

D’abord, sa mobilité et sa lenteur interrogent, notamment en défense. En tant que pivot, il sera amené à gérer des picks and roll, et donc des Fox, Curry et autres Jalen Brunson. A l’heure actuelle, il risque d’être ciblé systématiquement, alors qu’il profite cette année de l’absence de la règle des trois secondes en défense – qui existe en NBA. Son jeu de passe, surtout avec les double-team, semble aussi en dessous de la moyenne. 

Ainsi, si la comparaison avec Yao Ming n’est pas un blasphème pour certains à l’échelle universitaire, il en est encore très loin dans une perspective de draft. L’été dernier, le pivot n’avait par exemple pas réussi à exister pendant la Coupe du monde avec Team Canada, relégué en bout de banc.

Un dirigeant de la Conférence Est anonyme, cité par Fox Sport, aurait déclaré :

“Les équipes qui l’apprécient souligneront sa taille imposante et sa capacité à marquer efficacement dans la raquette et le considéreront comme un choix de milieu ou de fin de premier tour. Les équipes qui ne l’aiment pas souligneront sa vulnérabilité en tant que défenseur, ses défauts à la passe et son jeu face au panier, le considérant comme un remplaçant convenable dans les choix 30 à 45.”

Ces propos ont été recueillis avant la March Madness, qui a amélioré sa réputation sans toutefois gommer ses problèmes. Dans la dernière mock draft ESPN, datée du 25 mars, le Canadien fait son entrée dans la lottery à la 14è place. On peut y lire :

“Plus Purdue ira loin dans le tournoi, plus les équipes de la NBA devront considérer la manière dont son mélange unique de taille, de force et de production pourrait briser le moule conventionnel des pivots à ce niveau, peu importe à quel point il pèche sur le plan défensif.”

Bref, il n’y a aucun doute que la March Madness de Zach Edey est – déjà – historique. Avec 30 points, 16 rebonds et 2 contres de moyenne à 65% au tir, personne ne peut débattre de sa domination. Néanmoins, pour un avenir au plus haut niveau, de gros doutes subsistent chez les observateurs.

Dès ce week-end, face au petit poucet NC State, Zach Edey pourra tenter de hisser sa fac jusqu’en finale. Son duel avec DJ. Burns – autre spécimen d’intérieur non-conventionnel – vaut le coup de se connecter un peu après minuit dans la nuit de samedi à dimanche.

Source texte : Fox Sport, The Athletic, ESPN


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