Lettre ouverte : ma vie de fan de Damian Lillard, ma vie de fan des Blazers
Le 29 sept. 2023 à 09:11 par Gaspard Devisme
Jamais facile une rupture hein. Les souvenirs ensemble, un amour encore intense, mais une relation qui ne pouvait plus durer, des rapports devenus toxiques, et une histoire qui ne devait faire autrement que de s’arrêter. Damian Lillard, aujourd’hui, vit sûrement un peu tout cela à la fois, les Blazers aussi… Moi ? Pareil, à l’autre bout du monde, loin d’une franchise et de son ex-leader dont je pourrais difficilement être plus proche. Allez, quelques lignes en formes de thérapie pour un cœur toujours plein de #MomentLillard.
“Dans sa vie, un homme peut changer de femme, de parti politique ou de religion, mais il ne change pas de club de football.” – Eduardo Galeano, auteur uruguayen
Dans ma vie de de supporter, peu importe le ballon en question, chaque hype, chaque déception, chaque petite boule au ventre avant un match – équipe nationale exceptée – a été liée à UNE équipe et UNE SEULE. En panier-ballon cette équipe c’est Portland, et ce pour une unique raison. Une image vidéo vaut mille mots, mirez un peu :
Il y a 9 ans jour pour jour…
Damian Lillard (23 ans) éliminait les Rockets avec 0.9 sec à l’horloge en inscrivant l’un des plus grand buzzer-beater de l’histoire de la NBA. La naissance du Dame Time.
Les frissons… ✨⌚️ pic.twitter.com/Trqeua5avo
— Blazers France (@BlazersFr) May 2, 2023
#1 “A three wins the series… It’s Lillard, he got the shot off… OH MY GOIJIUFIEB! GOOD! And the Blazers win the series for the first time in FOUR-TEEN YEARS!” Celle-ci je la connais par cœur, et elle ne se traduit pas. 0,9 seconde pour terminer Houston, 0,9 seconde pour gagner un groupie. Portland for life!
Alors oui, je n’ai qu’une franchise, mais quand tu es là avant tout pour un joueur, presque aussi grand que l’institution elle même – jamais plus attention -, on fait comment ? Oui Damian, tu m’as fait découvrir et aimer le basket, mais tu m’as aussi fait me demander : “s’il part l’autre zinzin, je resterais moi ?” Je crois que la réponse est oui, demandez à Eduardo. Mais quand même… Damian Lillard s’en va, une part des Portland Trailblazers avec, et ma NBA ne sera plus jamais la même.
Depuis plus ou moins 8 ans, 2015 en gros, elle fait mal celle-là, je vis le basket à travers Dame et les Blazers. À travers le reste aussi, à partir de mai voire avril, bien malgré moi. De plus en plus assidu chaque saison, je grandis comme la franchise… avec Damian Lillard. Déjà bien solide et multiple All-Star, Dame a du attendre l’éclosion d’un arrière que franchement pas grand monde n’attendait pour placer PDX sur la map NBA des années 2010. C.J. McCollum, MIP en 2016, forme alors avec La Montre un backcourt amené à rivaliser avec les Splash Brothers Stephen Curry et Klay Thompson, leaders de la dernière dynastie de la Grande Ligue américaine. Du moins c’est ce qu’un petit gars pas encore super calé imagine.
Entre 2016 et 2019, les Warriors de Steph et Klay éliminent trois fois les Blazers en Playoffs, 12 matchs gagnés à 1 si on veut vraiment se faire du mal. Paye ta rivalité. Pas grave, on progresse à notre rythme, tout se passera bien, et puis faire les Playoffs dans la jungle de l’Ouest c’est pas donné à tout le monde. Au final, dans cette période il n’y a qu’une vraie déception, rapidement évacuée en plus. En 2018, Portland est 3ème de l’Ouest devant le Thunder de Westbrook et Paul George, pourtant c’est peut-être la seule fois que Damian m’a déçu. Les Playoffs atteints plutôt tranquillement pour une fois, Lillard se fait DÉ-TRUI-RE par les Pelicans et envoyer en vacances par Jrue Holiday… Au moins y’a un jeu de mots rigolo à faire (il est à chier). Mes premiers matchs en direct et aucune autre envie que d’envoyer des patates de l’espace à mon écran d’ordi au fond de mon lit à 5h du mat.
Qu’est-ce qui définit un champion ? Son palmarès ? Non, en tout cas pas pour Damian Lillard mdr (faut bien savoir en rire hein). Ici, on va plutôt partir sur le leadership, la force de porter une équipe sur son dos quand elle en a besoin, la capacité à rebondir. Alors, s’il fallait trouver une saison de champion durant la collab Portland X Damian Lillard, 2019 serait sûrement le choix évident. Une réaction de patron après l’humiliation, une nouvelle 3ème place à l’Ouest et mon premier #MomentLillard vécu en direct… enfin presque.
#2 Avril 2019, 3-1 dans une série de premier tour contre OKC, je me regarde les matchs tranquille en replay tous les lendemains matin.
Ben ouais, la série contre les Pels m’a bien vacciné. Quelle erreur mon garçon, quelle erreur… Le match 5 arrive, tout se passe bien, pourquoi changer mes habitudes ? Au réveil impossible de ne pas se spoiler, les Blazers sont partout, Damian Lillard est partout. Un tir de 11 (!!) mètres sur la tête de Paul George, une nouvelle série terminée au buzzer, et 50 points en Playoffs, ce mec est définitivement un cyborg. Dégoûté de pas avoir pu crier au milieu d’la night mais tellement fier. À part @BlazersFr sur Twitter, je ne suis même pas sûr qu’il y ait un autre fan des Blazers en France métropolitaine. C’est notre moment et ceux qui pensent que Westbrook est meilleur que Lillard, ils ne connaissent vraiment rien à ce sport.
On this day in 2019… Damian Lillard hit the SECOND series-winning buzzer beater of his career! #NBA75 pic.twitter.com/2tNxC280RA
— NBA History (@NBAHistory) April 23, 2022
Malgré un Lillard moins en réussite les demi-finales de Conférence sont tout aussi belles… les Finales de Conf un peu moins, en tout cas promis juré je ne raterai plus tes matchs de Playoffs Damian. Inconvénient, il n’en a pas joué beaucoup depuis. Avantage, la promesse a été facile à tenir.
2019 devait être l’envol, 2019 a été l’atterrissage. Celui d’une franchise mal construite, prenant pour acquis le fait de disposer de l’un des meilleurs point guards du jeu. Faute de vibrer avec les Blazers, j’ai continué de vibrer avec toi, Damian. Depuis ce beau run de Playoffs il y a 4 ans, les #MomentLillard se sont enchaînés. Des actions, des matchs, des symboles du joueur all-time que l’on avait sous les yeux dans l’Oregon, et que l’on a pas su chérir comme on chérit un monstre de cette trempe.
Dès la saison 2019-20, les choses se compliquent. Ça galère fort pour arracher les Playoffs, merci la bulle, et merci à son MVP. Sans un Damian Lillard de feu, les Blazers n’auraient rien vu d’autre que Mickey à Disney World. Un tour en postseason pour pas grand chose si ce n’est assurer au front office qu’il ne faut rien changer. L’exercice 2020-21 n’est pas beaucoup plus glorieux et mes nuits auraient été bien ternes sans un Damian… Lillardesque.
#3 7 mars 2021, All-Star Game à Atlanta.
Un match des étoiles des plus banals : pas de défense, des highlights et un semblant d’enjeu; c’est le résumé d’une saison des Blazers en gros. On ne parle pas d’un match qui restera dans les annales, ni d’un gros moment d’émotion pour un fan. Non, juste du pur kif distribué en palettes : une paire Lillard – Curry qui, dans un bon jour, pourrait gagner au beer-pong avec des balles de tennis. Chacun à 8/16 depuis le parking, et toujours de plus loin à mesure que le match avance. Fallait le voir le zombie au fond de son plumard, ça s’enflamme sur chaque tir comme s’il y avait une bague au bout alors même que les joueurs à côté faisaient semblant d’en avoir quelque chose à foutre. Et à la fin c’est le rappeur qui termine le match du milieu de terrain – Dame Time – prend ça Stephen.
On s’est bien éclaté au Match des étoiles, mais la saison des Blazers n’est pas fameuse (6èmes de Conf). Coup de chance, on tombe sur les Nuggets – sans Jamal Murray – en Playoffs. Nikola Jokic est là mais le backcourt Facundo Campazzo – Austin Rivers devrait prendre la saucée de sa vie contre Lillard et McCollum. C’est globalement ce qui se passe – en tout cas du point des vue des stats -, mais à l’intérieur Jusuf Nurkic se fait graille comme jamais par son homologue des Balkans Niko Jokic.
#4 2-2 dans la série malgré tout, l’espoir est permis, surtout qu’on sort d’une victoire au match 4 avec un Lillard à 10 points, fait assez rare pour être souligné.
Dans le Colorado au match 5, les montagnes se transforment en volcan et celui nommé Lillard rentre très vite en éruption. 55 points à 12/17 de loin, deux prolongations arrachées et un classique de Playoffs absolu. Merci pour ce moment et pas merci à tes collègues “basketteurs” de l’avoir gâché. Défaite, série perdue 4-2, ressenti 8-0, et un Damien toujours seul sur sa planète. Le supporter des Blazers désespère, celui du D chiale sévèrement.
Damian Lillard lors du Game 5 face à Denver 👑
55 points 💯
12/17 à 3-PTS 🏹
10 passes 🔑
2 tirs pour arracher à deux reprises une prolongation ⌚️
Il ne manque que la victoire…pic.twitter.com/u1UZTq7ksJ
— Rip'Cast (@RipCast) June 2, 2021
Et t’as pas fini de pleurer mon pote. Ton gars Damien balance en 2021-22 sa pire saison depuis dix piges, se blesse, et Portland appuie sur le gros bouton rouge en attendant le retour du patron. Bye-bye C.J. McCollum et compagnie, bonjour le tank. La saison suivante est la même, à une différence près : the boss is back in town. Au milieu des horreurs de Portland, les perfs de Lillard servent de piqûre à un tox en manque de cons’. 32,2 points de moyenne et un coup de chaud all-time le 26 février 2023 : 71 points sur la tête de Houston, dans la victoire dieu merci. Les plus avertis diront que ce n’est pas normal d’avoir besoin d’un leader à septante puntos pour battre les Rockets en 2023, et n’auront pas tort. Alors ce n’est pas mon #MomentLillard de l’année, vraiment pas.
A @trailblazers franchise-record and the eighth player in NBA history to score 70+ PTS in a single game.
All 71 of @Dame_Lillard‘s points from his historic outing 👏 pic.twitter.com/WoowXdFCzM
— NBA (@NBA) February 27, 2023
#5 7 jours tout pile après l’ébullition, sans doute que personne ne se souvient de cette rencontre, pas même toi Damian… moi si, et de très près.
J’y étais à Orlando ce dimanche 5 mars 2023 et je t’ai vu mettre 41 pions. Des pourcentages horribles, un adversaire pas mieux, mais qu’importe, je t’ai vu maillot de Portland sur le dos, mettre quelques 3-points sans un sombre site de streaming entre nous deux. 122-119, 3 points d’écart et une quarantaine à devoir mettre pour se défaire d’un candidat à Victor Wembanyama… J’oubliais votre infâme saison et me régalais, tu te disais sans doute que ça ne pouvait plus continuer ainsi.
Quelques semaines de tanking, un pick 3 pas tradé et une Free Agency dans la lignée des précédentes auront fini par te convaincre : à quoi bon la loyauté si elle n’est pas respectée ? Bien du courage à Anfernee, Scoot et Shaedon pour l’avenir, l’aficionado des Blazers sera toujours là, celui de Dame a bien compris que ce qui se passe sur les parquets ne vaut rien s’il n’est pas backé en dehors.
Pas facile à conclure cette histoire alors on va se contenter d’un mot tout simple que m’ont appris mes parents : MERCI. Et si par mégarde j’en viens à oublier le moindre de ces moments passés ensemble, je lèverai la tête et verrai tes maillots affichés au mur, Damian. Tout reviendra alors.