Profil Draft 2023 – Victor Wembanyama : un profil unique au devant d’un immense défi

Le 17 juin 2023 à 10:41 par Loan Rayer

Victor Wembanyama
Source : beIN Sports

Après une quinzaine de profils de jeunes joueurs américains et français, voici venu le temps du dernier portrait de la série, celui du prospect le plus attendu de la cuvée 2023 mais aussi de la… décennie, et accessoirement le prospect le plus attendu de l’histoire de France : celui de Victor Wembanyama. Notre licorne française est déjà assurée depuis des mois d’être sélectionné en première position de la Draft par les Spurs le 22 juin prochain, mais certains se demandent ce qui le rend si spécial ? Voici Wemby, sa vie, son œuvre, et son talent tout simplement unique.

Son profil grosso modo

  • Âge : 19 ans, né le même jour que James Bond l’ornithologue, pas l’agent secret.
  • Poste : Ailier-fort ou pivot, mais un autre poste inventé rien que pour lui serait plus judicieux.
  • Équipe : Levallois Metropolitans 92
  • Taille : 224 centimètres, comme l’indicatif téléphonique de la Guinée.
  • Poids : 109 kilos comme Al Horford
  • Envergure : 243 centimètres, soit le code à l’arrière de ma CB.
  • Statistiques 2022-23 : 21,6 points à 47% au tir, 10,4 rebonds, 2,4 passes décisives et 3 contres en moyenne (32,4 minutes sur 43 matchs)
  • Comparaison : Kevin Durant en plafond, et Bol Bol en plancher, la violence de cette phrase, déso
  • Prévision TrashTalk : 1er choix, on se mouille vachement !

Son parcours

Victor Wembanyama naît le 4 janvier 2004 dans les Yvelines, au Chesnay. Son père, congolais, était un athlète spécialisé dans les disciplines du saut en longueur et du triple saut, alors que sa mère ainsi que toute sa famille maternelle a plutôt baigné dans le basket-ball. Victor choisit donc la voie du ballon orange après s’être essayé au foot et au judo, en vain. Il marche dans les pas de sa grande sœur, Ève, basketteuse professionnelle aujourd’hui, et le dernier de la famille, Oscar, a également décidé de faire comme ses aînés et évolue au plus haut niveau national en U18. Sympa la mif.

Wemby commence le basket à 7 ans dans le club de sa ville natale avant de rejoindre Nanterre à ses 10 ans. À cet âge là, le W mesure déjà plus d’1m90 et met la pagaille dans des raquettes d’enfants de CM2. Grâce à sa taille et son talent brut, Nanterre 92 et lui remportent le tournoi de Bourbourg, l’un des tournois U11 les plus prestigieux et reconnus d’Europe. Les années se suivent, ils remportent des titres avec le Comité de l’Île-de-France, et l’Europe du basket commence logiquement à toquer à sa porte. Le FC Barcelone l’appelle à 14 ans pour le faire participer à la Mini Copa del Rey, un tournoi de mi-saison national entre les équipes U15 des clubs de première division seniors. Vico y participe mais il décide ensuite de rester chez lui dans les Hauts-de-Seine. Bonne idée l’ami.

À partir de ses quinze ans, les choses commencent à prendre une nouvelle dimension. En 2019 vient sa première sélection en Équipe de France U16,lors d’une compétition où les Bleus finiront avec la médaille d’argent. Après une compétition à près de 20 d’évaluation de moyenne, il rejoint l’équipe espoirs de Nanterre et atteint la dizaine de pions par match pour sa première année. À peine un mois après le début de la saison, il est déjà convoqué sur le banc des pros sans pour autant entrer en jeu avant le 29 octobre 2019, où il effectuera ses premières secondes en pro sur le parquet de Brescia.

La saison suivante, il alterne entre les espoirs, les pros et quelques piges avec le Pôle France pour se développer au max. Il peut se le permettre car il vient de finir le lycée avec une année d’avance. Et voici alors l’été 2021, la Coupe du Monde U19 que tous les scouts attendent et où l’effectif XXL français a une vraie chance de piquer la médaille d’or aux Américains. Après un combat tant attendu entre Victor Wembanyama et Chet Holmgren, c’est finalement le deuxième pick de la Draft 2022 qui l’emporte.

Le grand été est fini, et Victor quitte Nanterre. Un tremblement de terre pour le basket français car le V décide de rejoindre… LDLC ASVEL déjà double champion de France en titre. Peu utilisé en EuroLeague mais davantage en Betclic Élite, le projet est de le développer musculairement pour qu’il soit prêt à tout dézinguer pour sa dernière saison en Europe. Mais après avoir empoché le titre de champion de France qu’il manquait à son palmarès, il s’en va encore une fois.

Nouveau séisme, Wemby retourne en région parisienne mais dans le club… rival de Nanterre. Direction Levallois pour apprendre encore une saison aux côtés du meilleur, le coach de l’Équipe de France en personne, Vincent Collet. La domination est immédiate, autant sur le sol français qu’américain lorsque les Mets et lui se déplacent à Las Vegas pour jouer des matchs contre Scoot Henderson et l’Ignite de G League. Il n’y a rien à dire, et c’est pour cela aussi qu’il est appelé en novembre 2022 pour la première fois en Équipe de France séniors pour les phases de qualification à la Coupe du Monde 2023. Il éclabousse aussi la scène internationale de son talent, et désormais il n’y a plus qu’à empocher les trophées individuels.

Il glane ainsi son troisième titre de meilleur espoir du championnat de France de suite, son second titre de meilleur contreur de Betclic Elite, et ajoutez à cela une seconde sélection au All-Star Game et un titre de meilleur scoreur de la saison 2022-23. Allez zou, Victor Wembanyama est élu meilleur ailier-fort et meilleur joueur tout court du championnat de France cette saison. 

Voici enfin le temps des Playoffs où Victor arrive à emmener son équipe en Finale après avoir éliminé sur son passage les redoutables choletais et la maison lyonnaise triple championne en titre. En Finales les Mets affrontent Monaco, troisième meilleure équipe d’EuroLeague. Le combat s’annonce rude mais les Mets ne peuvent plus lutter. Défaite nette 3-0, le balai est utilisé pour nettoyer la terre battue de Roland Garros. Adieu la France, les USA c’est parti !

Ses atouts et faiblesses

Ce dont on parle en premier quand on évoque Victor Wembanyama, c’est bien sûr de sa taille. Restons logique et commençons donc ce profil en parlant du phénomène physique qu’est Wemby. Sa taille ? Il fait 2m24,et le nombre de joueurs plus grands que lui en NBA se comptent sur les doigts de la main. Et ses bras… même ceux du Christ Rédempteur ne sont pas aussi longs. Pour vous donner une idée, 2m43 d’envergure ça fait la taille d’une bibliothèque de grand manoir qui vous donne l’impression qu’elle pourrait vous tomber dessus à tout moment, ou alors un garçon de CM2 debout sur les épaules d’un de ses camarades de classe. Bref c’est grand, et pratique pour marquer des paniers.

Sa taille est donc exceptionnelle, ce qui fait, dans un premier temps, de la défense son arme la plus puissante. Wemby arrive mieux à dissuader les joueurs adverses de tirer au-dessus de la tête qu’un négociateur du GIGN et arrive à repousser les opposants près du panier mais aussi de loin. Avec sa mobilité unique pour quelqu’un de son gabarit, il arrive à suivre des joueurs plus petits que lui (on vient de vous dire que plus grand ça n’existait pas) en dehors de la ligne des 3-points. Bien souvent Victor force son vis-à-vis à prendre un shoot casse-croûte, et le peu de fois où il arrive qu’il se fasse passer en défense… trop tard, l’heureux gagnant a déjà été contré salement sur la planche, s’il ne lui a pas carrément piqué à deux mains, tout en haut, comme s’il venait de prendre le rebond.

Après avoir été une arme de destruction massive en défense, voilà donc que Wemby arrive en attaque. Mais… attendez… il remonte tout le terrain en dribblant comme un arrière là ? Les yeux sont écarquillés, le V est juste un joyau de la nature. En ayant été très grand très jeune, Wemby a travaillé précocement sur des traits du jeu peu voire pas utilisés chez les intérieurs. Aucun joueur de cette taille n’utilisera un dribble dans le dos ou entre les jambes pour se dégager de son adversaire, mais Victor Wembanyama si. Un handle tout simplement unique qui lui permet de faire la différence. Ajoutez à ça une lecture de jeu excellente due à son expérience du haut niveau national et continental et un jeu de passe dont rêveraient beaucoup de meneurs de métier, et cela vous donne un… Alien. Une Originalité Vivante Non Identifiée qui se balade sur tous les postes de jeu au basket comme Earvin Ngapeth en est capable sur un terrain de volley, une vraie révolution.

Victor Wembanyama is position-less basketball fully realized 🤯 pic.twitter.com/PFoN3ZtFWH

— Complex Sports (@ComplexSports) June 6, 2023

Le conte de fées est beau, fait rêver des jeunes avec, déjà, son maillot sur les épaules dans les tribunes aux quatre coins de la France. Mais il reste encore des points à améliorer pour créer un joueur à 99 de général sur NBA 2K. Tout d’abord, le premier hic vient du tir à 3-points. Il en prend, parfois même de très loin en step-back, et il en met quelques uns. Mais la face cachée de l’iceberg montre aussi qu’il en rate beaucoup et il faut encore gagner en constance sur le secteur du tir de loin, surtout en NBA quand il deviendra une vraie option de repli face à des pivots carrés. Sur la moitié des matchs de Betclic Élite il n’en met aucun ou un seul, alors qu’il peut en tirer quatre ou cinq sur ces rencontres. De la constance jeune homme !

Ensuite, si on passe la ligne à 3-points, on peut aussi discuter de la sélection des tirs mi-distance parfois douteuse de Victor Wembanyama. Cette année, il a été habitué à être le chef de file offensif, il sera aussi certainement le leader de San Antonio en attaque, mais il ne faut pas qu’il ait trop souvent le syndrome de sauveur en fin de possession. Dans ces situations il va souvent demander le ballon, essayer de créer un miracle mais les miracles… toi-même tu sais. Un fade-away mal exécuté, un step-back où il a plus de chances de retomber sur le pied du défenseur que de mettre son tir… faire une passe à un shooteur aguerri reste toujours la meilleure solution à la fin d’une possession mal ficelée, alors à travailler !

Enfin, on va directement dans la raquette, pour parler du problème qui pourrait être le plus important à ses débuts en NBA. On vous a dit que le W avait pris du muscle lors de son passage à l’ASVEL, mais cela ne suffira pas encore dans la Ligue quand on voit encore les problèmes qu’il a eu dans les raquettes françaises pour finir au contact. Loin du panier, la machine est rôdée mais en dessous, il faut encore qu’il apprenne à gagner en dureté pour enchaîner les and-one sur les drives mais aussi sur les putbacks après les rebonds offensifs. Personne n’est contre des points bonus sur la ligne des lancers.

Alors si on résume…

Points forts :

  • Physique
  • Défense
  • QI basket
  • Qualité de passe
  • Dribble
  • Des crêpes (on est sûr qu’il doit super bien en faire)

Points faibles :

  • Tir à 3-points plus constant
  • Sélection de tirs
  • Finition plus dure au contact

Dans les mocks Draft, ça dit quoi ?

La France peut déjà être fière de ce garçon passé par de nombreux échelons avant d’avoir pu arriver au rang qu’il détient aujourd’hui. Mais il reste encore du travail pour garder ce rang, l’affirmer, et dépasser ce statut de licorne encore quelque peu imaginaire. Après la grande cérémonie du 22 juin, Victor Wembanyama n’aura plus qu’à montrer ce qu’un véritable Alien peut faire endurer à des Américains encore stupéfaits. Tellement hâte.


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