Amoureux inconditionnel des Lakers depuis plus de 50 ans, Jack Nicholson fait partie de ces fans qui sont liés à leur franchise à jamais. Retour sur l’histoire entre l’acteur oscarisé et la franchise de Los Angeles.
Il y a quelques années, on avait rédigé une sorte de manuel du bon fan des Lakers. Dans ces “commandements”, des grands classiques : idolâtrer Kobe Bryant, Shaquille O’Neal ou encore Magic Johnson, détester tout ce qui est vert, penser que les Clippers sont juste des voisins bruyants sans aucune histoire mais aussi… reconnaître Jack Nicholson comme un compatriote Purple and Gold.
Mondialement connu pour ses talents d’acteur et ses nombreuses récompenses, Jack Nicholson ne jure pas que par le cinéma. L’acteur est en effet un énorme fan de sport. On sait qu’il a grandi en tant que fan de baseball et notamment des Yankees mais celui qui a brillé dans “Vol au-dessus d’un nid de coucou” (parmi bien d’autres) est aussi un accro de basket et une seule équipe trouve grâce à ses yeux : les Lakers.
À l’instar d’un Spike Lee pour les Knicks ou dans une moindre mesure d’un Drake pour les Raptors, Jack Nicholson a donc longtemps été le showman des gradins. Depuis le début des années 70 pour être exact. Il a donc assisté à tous les sacres des Angelinos depuis leur arrivée dans la Cité des Anges. De Jerry West et Wilt Chamberlain à LeBron James et Anthony Davis, même si évidemment la bulle d’Orlando l’a empêché d’être présent en 2020.
Mais au fait, c’est quel genre de fan Jack Nicholson ? Positionné courtside, l’acteur n’est pas le genre à gentiment rester assis et regarder. Il se lève, il crie, il harangue, il dit ses quatre vérités aux arbitres, parfois de manière assez cash.
Mais ce bon Jack n’est pas juste un fan, un supporter, il est aussi là pour jouer un rôle. Logique vu la profession du bonhomme n’est-ce pas ? On le voit notamment à son positionnement dans le public. À l’inverse d’un Spike Lee qui s’assoit généralement côté “foule”, Nicholson préfère être proche du banc. Sauf que son siège n’est pas proche de celui des Lakers mais de celui des visiteurs ! L’idée étant à la fois de supporter les siens, tout en essayant (si possible) de perturber l’équipe adverse et notamment les coachs.
Par le passé, plusieurs entraineurs ont eu à gérer le tempérament sulfureux de la star. L’un des problèmes majeurs étant que le coach adverse reste souvent debout devant Nicholson pour donner ses directives. De quoi cacher le jeu à l’acteur et forcément celui-ci ne manque pas de le faire remarquer. Premier coach de l’histoire des Mavs, Dick Motta avait même expliqué il y a quelques années que Nicholson lui avait pincé les fesses ! Une manière singulière de lui faire comprendre qu’il devait dégager du chemin.
Si au Forum ou au Staples Center, on adore cette filouterie et ce sourire plein de malice, l’interprète de Shining n’a pas que des amis en NBA. Qui dit fan des Lakers dit forcément ennemi des Celtics et le natif du New Jersey a fait quelques apparitions du côté de Boston au fil des années. On retiendra en particulier ses passages dans les années 80, au cœur de la rivalité entre Magic Johnson et Larry Bird.
Dans le Massachussetts, l’acteur ne manque jamais une occasion pour chambrer ou répondre aux provocations de certains fans du trèfle. Durant les Finales 1984, il aurait même montré son derrière à une partie du public de Boston ! Ce même public avait pris pour habitude de porter un t-shirt avec marqué “Hit the road Jack”, histoire de faire comprendre à ce dernier qu’il n’était pas le bienvenu en terre verte. Un petit exemple parmi d’autres.
Pas de quoi perturber Jack Nicholson, qui prenait même cette ambiance hostile comme une… expérience de vie. Des propos rapportés par Rick Reilly de Sports Illustrated dans un article en date de 1986.
“Tant que vous n’avez pas 15 000 personnes au Boston Garden qui crient “Va te faire foutre, Jack !”, vous n’avez pas vécu”.
Cette relation privilégiée avec le basket, elle ne date pas d’hier. Faut dire, le bonhomme a désormais 86 ans (il fête son anniversaire en ce 22 avril). Petite anecdote intéressante qui nous est rapportée par Kareem Abdul-Jabbar via David Ferrell du Los Angeles Times : Jack Nicholson a joué au basket dans sa jeunesse !
“Ce que les gens ne comprennent pas à propos de Jack, c’est qu’il jouait meneur au lycée, près d’Asbury Park (New Jersey).
“C’était la seule chose qu’il aimait et pour laquelle il vivait : le basket-ball. Il a probablement évacué toute son agressivité, quand il le pouvait, sur le terrain. Il adore ce sport. … C’est juste un rat de gymnase. Il jouait 12 mois par an”.
Le mythique pivot a évidemment eu le temps d’apprendre à connaître et sympathiser avec la célébrité, lui qui a passé quatorze années sous le maillot Purple and Gold. Durant les cinq décennies passées en courtside, Nicholson a eu le temps de côtoyer toutes les légendes du vestiaire. Sa rencontre avec Kobe Bryant ? En 1998, au moment du All-Star Game. Moment choisi par Nicholson pour aller interrompre l’interview du sophomore afin de récupérer son autographe. Rien de bien surprenant, on connaît l’excentricité du joyeux luron.
Cette excentricité et cet amour des Lakers vont même pousser l’acteur à se montrer assez exigeant dans sa vie à Hollywood. De quelle manière ? Il aurait fait inscrire dans ses contrats qu’il devait toujours avoir du temps libre pour voir les Lakers. La seule exception fut le tournage de Batman en 1989 (il incarnait le Joker), car le site de tournage était à Londres.
Autre exemple de l’intransigeance de Nicholson. Selon le New York Times, il aurait fait interdire toute tenue des Celtics sur le plateau de The Departed (2006). Pas une mince affaire, surtout que le film se déroule… à Boston.
Les années passant, les passages de Jack Nicholson au Staples Center (devenue ensuite Crypto.com Arena) se sont fait moins fréquents. Sa dernière apparition dans les gradins remonterait à octobre 2021 et un match face aux Warriors. Depuis, l’octogénaire semble faire profil bas et il aurait eu quelques problèmes de santé ces derniers mois. Dans ce contexte, on se demande forcément si on reverra les lunettes de soleil et le sourire en coin de l’acteur dans le futur ? Qui sait, si les Lakers vont jusqu’en Finales, l’acteur s’offrira peut-être une dernière danse en courtside pour supporter son équipe de coeur.
Cinq décennies en courtside, des milliers de match au compteur, un amour sans fin pour les Lakers, des anecdotes à la pelle, un show à lui seul dans les gradins, sans oublier une bonne dose de folie pour aller avec le personnage. Voilà Jack Nicholson, le fan numéro un des Purple and Gold.
Source texte : Los Angeles Times, New York Times, Sports Illustrated