John Havlicek, légende des Celtics et éternel pionnier du jeu

Le 08 avr. 2023 à 17:05 par Edgar Courtine

John Havlicek
Source Image : Youtube / Andy Hoops

Légende des Celtics dans les années 1960-70, John Havlicek demeure comme l’un des plus grands joueurs de l’histoire. À l’instar des premières grandes légendes de ce jeu, Hondo aura pavé la voie, laissant derrière lui une marque indélébile. Retour sur son parcours et son impact.

On se plaît à dire que John Havlicek est l’un des joueurs les plus sous-cotés de l’histoire de la NBA. Et beaucoup d’éléments viennent nourrir cette affirmation. Déjà car son manque de reconnaissance auprès du public actuel est presque insultant par rapport à son palmarès et ses accomplissements.

John Havlicek, c’est 16 saisons aux Celtics de 1962 à 1978, 8 bagues NBA, 13 fois All Star, meilleur scoreur all-time des Trèfles (26 395 points) et une intronisation au Hall of Fame en 1984 pour l’ensemble de son œuvre. Mesurons l’envergure du garçon, à un moment où la NBA comptait comme têtes d’affiche Wilt Chamberlain, Bill Russell, Oscar Robertson ou encore Jerry West…

Naître dans une Dynastie

Allégorie du two way-player, Hondo est un athlète complet. Lorsqu’il démarre son cursus universitaire à Ohio State, il est si polyvalent qu’il se tâte entre le football américain, le baseball et… le basket. Après une carrière remarquée à l’univ’ (aux côtés d’un certain Jerry Lucas), le jeune Havlicek est drafté… en NFL ! Il atterrit dans la franchise des Browns de Cleveland en 1962, tout en étant sélectionné par les Celtics la même année. Définitivement pas convaincu par l’idée de jouer sur de l’herbe, il retourne finalement au chaud sur les parquets de Boston où il y construira sa légende.

Le jeune Havlicek démarre sa carrière en 1962-63 en tant que 6ème homme, dans une franchise historique qui reste sur quatre titres consécutifs. Bill Russell ou Bob Cousy sont ses maîtres pédagogues. Mais dès sa première saison, Hondo va montrer qu’il n’est pas fait du même bois que les autres. Shoot soyeux, endurance incomparable et énergie folle, le gamin de l’époque impressionne à tel point que l’on se demande rapidement si ce n’est pas la meilleure saison all-time d’un remplaçant. Cette saison-là et avec l’aide d’Havlicek, les C’s sont champions pour la cinquième fois de suite et Hondo vient renforcer une dynastie déjà légendaire.

Les C’s l’ont bien compris, Havlicek est différent. Alors il joue. De plus en plus. À une époque où le tir primé n’existe pas, Hondo est une attraction à lui tout seul. Il inspirera les “shooting-forms” que l’on connaît aujourd’hui dans la Ligue. Un vrai visionnaire. Les Trèfles continuent leur confiscation du trophée en dominant cette année-là les Warriors d’un certain… Wilt Chamberlain. À tout juste 23 ans, Hondo a déjà deux bagues, et se hisse rapidement au niveau de ses coéquipiers Bill Russell et Tom Heinsohn. Nous sommes en 1963-64. Un an avant LE moment de la carrière d’Havlicek.

HAVLICEK STOLE THE BALL !

Après une saison (1964-65) où il monte encore en puissance, les Celtics sont embarqués dans un match 7 de finale de conférence face à Philadelphie. Hondo va alors résumer son immense carrière en une interception. Cette action, c’est tellement lui. Au bout d’une série intense au possible, Philly a la balle pour aller en Finale NBA sur une ultime remise en jeu. Infatigable, Havlicek trouve le moyen d’intercepter la passe. Il envoie ainsi Boston en finale et pose une première pierre dans la construction de sa légende.

Les Celtics sont (encore) champions en battant les Lakers (4-1) lors des Finales 1965, et Hondo bascule dans une nouvelle dimension à mesure que la dynastie des Celtics marque l’histoire de la NBA. Et cette dynastie n’est pas prête de s’arrêter. Le mythique duel Celtics – Lakers se poursuivra encore l’année suivante. Résultat : victoire en 7 au Garden et 8e titre consécutif pour les C’s. Irréel. Havlicek a déjà quatre bagues… en quatre saisons.

Ok, vous nous direz probablement que John Havlicek est arrivé au bon moment dans une franchise qui a tout raflé sur toute une décennie ou presque. C’est vrai. Mais Havlicek est, à cette période, un pilier de cette dynastie des C’s emmenée par le joueur le plus titré de l’histoire : Bill Russell. Infatigable des deux côtés du terrain, l’endurance de Hondo est le moteur de l’effectif de Boston. Billou aurait-il eu ses 11 bagues sans son ami John ? Question rhétorique.

Entre Russell et Bird, Havlicek façonne sa légende

Devenu entraîneur-joueur des Celtics en 1966, Bill Russell connaît une première saison relativement décevante dans son nouveau rôle, puisqu’il n’y a pas de titre au bout. Même si Boston arrive en finale de conférence (et perd contre Philly), on se dit que la dynastie des Celtics est potentiellement terminée. Avec des joueurs vieillissants (Bill Russell ou Sam Jones) et un K.C. Jones parti à la retraite, les voyants ne sont pas tous au vert (lol). C’est le moment que choisit Hondo pour écrire SA propre histoire. Capitaine de la franchise lors de la saison 1967-68 et devenu titulaire depuis ses premières années, John Havlicek va toucher du doigt son prime.

Menés 3-1 par Philadelphie en finale de conf’ 1968, Havlicek va prendre en main les affaires et aider à renverser la série avec une victoire dans un bouillant Game 7 à Philly. Clim. En finale, face aux Lakers (comme d’hab), il pond deux merveilles : 31 points – 10 rebonds – 8 passes lors du Game 5 puis 40-10-7 au Game 6. L’affaire est dans le sac et Boston décroche le dixième titre de son histoire en battant les Lakers 4-2. Hondo peut fièrement décorer l’entièreté de sa main avec une 5e bague. La saison suivante, il en décrochera même une sixième (toujours face au Lakers), la dernière avec Bill Russell, Sam Jones et Tom Heinsohn. Un affrontement légendaire face à la superteam des Lakers (Chamberlain, West, Baylor…). Russell se retire avec 11 titres, la dynastie est alors bel et bien terminée, mais John reste là, inoxydable et prêt à reconstruire.

Comme pour toute franchise, la fin d’une dynastie rime avec reconstruction. Havlicek en fait partie au début des années 1970. Orphelin de Bill Russell, Bob Cousy et Sam Jones, Boston ne fait pas les Playoffs pendant deux saisons consécutives. Havlicek demeure au-dessus du lot et continue d’entretenir la flamme qui s’estompe gentiment dans le Massachusetts. C’est peut-être dans l’ombre, au moment où la franchise est le plus dans le dur que l’on reconnaît l’immensité du joueur. Son intégrité et son engagement à ce moment-là de sa carrière sont exemplaires, l’érigeant en légende aux yeux d’un public et d’une ville qui vient de connaître une décennie comme elle n’en reverra (sans doute) plus jamais.

Après quatre saisons vierges de titres (une éternité pour John…), Boston retourne en Finale NBA avec une équipe reconstruite autour de Hondo. Ses lieutenants : Jo Jo White et Dave Cowens, qui l’épaulent à merveille. À 33 ans, Havlicek vit une nouvelle jeunesse. Dans une série de Playoffs légendaire face aux Bucks de Kareem Abdul-Jabbar et Oscar Robertson (excusez du peu…), Havlicek livre une perf monstrueuse qui lui permettra de devenir MVP des Finales et de décrocher une septième bague lors de la saison 1973-74.

Plus de doutes, Hondo est une légende. 

Pour couronner une carrière sous la tunique celte, Havlicek s’offre une dernière bague deux ans plus tard, la 8e de son ahurissante carrière. Après une élimination contre Washington en Playoffs la saison précédente, Boston est de nouveau en Finale NBA en 1975-76 et Hondo va une nouvelle fois briller pour battre les Suns de Phoenix (4-2) au terme d’une série animée avec plusieurs rencontres qui sont allées en prolongation.

Havlicek mettra un terme à sa carrière un 8 avril 1978, après 16 saisons avec le trèfle sur le cœur. Hondo part en légende en inscrivant 29 points contre Buffalo. Une ultime ovation du Garden et voilà la fin d’une des carrières les plus abouties de tous les temps dans la Ligue. Son mythique n°17 retiré dans la foulée de sa retraite trône fièrement à côté des bannières et des légendes de Boston. Il peut sereinement passer le flambeau à Larry Bird qui prendra le relais en 1979.

Précurseur et athlète révolutionnaire

Au-delà d’un palmarès et d’une carrière hors du commun, John Havlicek a également apporté un style de jeu et une énergie rares. Quand il a entamé sa carrière au début des années 1960, sa manière de jouer détonnait. Intraitable défenseur et magnifique shooteur, Hondo savait tout faire avec la balle orange. Ajoutez à cela une mentalité de champion hors du commun et vous obtenez la carrière que nous venons de dépeindre. Capable de jouer différents rôles dans un effectif, il a su s’adapter à chaque situation qui se présentait à lui. De 6e homme (meilleur de tous les temps ?) à lieutenant merveilleux de Bill Russell, Hondo a su aussi montrer à la fin de la dynastie qu’il pouvait être un leader de jeu, capable de mener son équipe aux titres face à certains des plus grands joueurs de l’histoire (Kareem, Robertson, Jerry West&Co…).

Disparu en avril 2019, John Havlicek aurait fêté son anniversaire en ce 8 avril. Un anniversaire qui nous permet de mesurer l’immensité de sa carrière et de la trace ineffaçable qu’il a laissée dans les livres. Dans une époque où la culture de l’instant fait rage, ce devoir de mémoire est essentiel.

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Sources : Proballers.com / Andy Hoops Youtube / Back Rim Basket Ball Youtube 


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