Matt Bonner, le bon gars des Spurs mi-shooteur mi-mascotte
Le 05 avr. 2023 à 20:40 par Auguste Amar
Il y a des joueurs dans l’histoire de la NBA dont on se souvient pour leurs exploits sportifs et d’autres pour leur personnalité. Le joueur dont on va parler aujourd’hui fait plutôt partie de la deuxième catégorie. Matt Bonner, illustre joueur des Raptors et des Spurs, a marqué son temps par son humour et son personnage.
La Draft 2003 nous a offert des joueurs incroyables comme LeBron James, Carmelo Anthony, Dwyane Wade et… Matt Bonner. Choix 45 de cette cuvée, le Red Rocket croit partir chez les Bulls, lorsque Chicago décide de l’envoyer tout de suite chez les dinosaures canadiens. À son arrivée, les Raptors lui promettent un spot dans l’équipe… de la saison prochaine car il n’y a plus de place dans celle de la saison 2003-04. Il passe donc une année en Europe, en Italie plus précisément chez les Pallacanestro Messina en Sicile. Seulement, le club fait faillite à la mi-saison et ne peut plus payer les joueurs. Mais Bonner reste car il a la volonté de progresser. Ça vous indique la personnalité de ce joueur sans prise de tête qui va le suivre durant toute sa carrière. À l’été 2004, il retourne à Toronto où il passe deux saisons de pivot back-up honorable.
Deux ans plus tard, il est transféré chez les Spurs où il écrira réellement sa petite histoire personnelle pendant 11 ans. À San Antonio, c’est le vecteur de bonne humeur, le soldat de l’ombre qui n’apporte jamais de problèmes à l’équipe et qui fait que le groupe vit bien. C’est une sorte de mascotte aux multiples surnoms qui met entre 5 et 8 points (à 40% de loin) et prend entre 3 et 4 rebonds par match. Dans les grands faits de sa carrière, on compte deux bagues avec San Antonio (2007, 2014) et une finale du concours à trois points 2013 où il perd contre Kyrie Irving en finale. Mais il pourra se narguer d’avoir battu Stephen Curry au premier tour. Oui, oui, un pivot a battu le meilleur shooteur de l’histoire dans un concours à trois points.
Le 6 janvier 2017, il annonce sa retraite dans une vidéo humoristique qui résume parfaitement son tempérament et sa carrière. Dans une salle de conférence vide, il remercie tous ceux qui lui ont donné une chance, avant de (presque) claquer un dernier dunk.
Les Spurs ont ensuite retiré son n°15 pour tous les travaux qu’il a accompli… ou presque.
In a very cozy and private ceremony, today we retired @MattBonner_SAS 's flannel shirt. #ThankYou15 pic.twitter.com/BXW8NyZC0R
— Manu Ginobili (@manuginobili) January 13, 2017
Mais la carrière sur le terrain de Matt Bonner est presque anecdotique comparée à toutes les petites histoires qu’il entoure. Celle avec New Balance en est un parfait exemple. Lorsqu’il arrive chez les Spurs, le Red Mamba n’a plus de contrat avec de marques de chaussures. Il est donc libre de mettre ce qu’il veut au pied. Il finit par choisir New Balance car il a un ami qui lui envoie des paires. Seulement, aucun contrat ne relie alors les deux parties. Le Red Rocket fait donc la promotion d’une marque sans toucher le moindre kopeck.
“J’avais un très bon ami qui était représentant pour la marque New Balance. Il m’a donné quelques paires. Un été, j’étais chez moi dans le New Hampshire et j’avais besoin d’une paire pour jouer. Je les ai essayées et je les ai trouvées très confortables. Mais quand je les ai mises en match, elles sont complètement tombées en morceaux. Une semelle s’était détachée. On m’a alors expliqué qu’il s’agissait d’un prototype et que je n’étais pas supposé les porter. Quand j’ai envoyé un mail pour demander quand sortirait le prochain modèle, on m’a dit : « Oh, nous avons décidé de ne plus sponsoriser le basketball. » Mais ils ont continué de m’en envoyer. Je crois que j’étais la seule personne à porter cette marque dans toute la NBA. Et je n’étais même pas payé pour ça. Je peux vous dire que c’est assez rare de ne pas avoir de contrat sneakers en tant que joueur NBA. Ça a duré cinq ans et je faisais tout pour porter ces chaussures jusqu’à leur dernier souffle. En début de saison 2013-14, j’ai épuisé mon stock en abîmant ma dernière paire. Je n’avais pas de plan de secours, je ne savais pas ce que j’allais faire.” – Matt Bonner à ESPN
Mais vous commencez à connaître le personnage, toujours à la recherche de l’originalité. C’est alors qu’en 2014, il prend “de force” le compte Twitter de “Nice Kicks”, compte spécialisé sneakers et essaye de conclure le premier deal de l’histoire de la chaussure sur l’oiseau bleu. Il tague New Balance, Adidas et PEAK. Les réponses tombent et c’est la marque allemande qui remporte le lot et signe Bonner en même temps que Jeremy Lin, Derrick Rose ou John Wall.
.@newbalance @Adidas @peaksportsUSA
I'm ready to sign the fist ever shoe deal via twitter. Any takers?#history
— Nice Kicks (@nicekicks) October 21, 2013
En même temps que sa recherche de contrat sneakers, Matt Bonner est devenu le Sandwich Hunter dans sa petite série “The Sandwich Hunter : The Quest for the Hoagie Grail”. Si on se la joue québécois à tout traduire ça donnerait un truc comme : “Le chasseur de sandwich : la quête pour le Graal de l’Hoagie”. Le Hoagie étant un sandwich avec de la viande, du fromage et des légumes, tout simplement. Sur le site des Spurs, il répertoriait tous les sandwichs qu’il testait à travers les États-Unis sur une carte. Toutes ces recherches n’existent plus sur le blog officiel, mais des archives sont disponibles sur Internet. On retrouve des selfies qu’il prenait devant chaque enseigne de sandwich. Et si vous vous demandez quelle est l’origine du projet : c’est parce que Matt Bonner mangeait systématiquement un sandwich à chaque déjeuner le jour du match. Ne jamais casser une routine qui fonctionne.
Depuis le début de l’article, vous avez pu constater que Matt Bonner a plusieurs surnoms : Sandwich Hunter, Red Rocket, Red Mamba… Certainement les meilleurs de la Ligue. Chaque surnom a sa petite histoire plus ou moins sérieuse. Pour le Sandwich Hunter, on vient d’en parler dans son amour de la baguette coupée en deux avec des ingrédients en tout genre à l’intérieur. Le Red Rocket est le premier sobriquet qu’on lui donne à Toronto. “Red” car il est roux, ça ne va pas plus loin, et “Rocket” parce qu’il avait l’habitude de prendre le métro qui s’appelle le Rocket à Toronto. Ce surnom donnera même une idée de pub géniale pour Subway (Matt Bonner qui touche de l’argent pour un surnom par une marque de sandwich, le comble est comblé). Son dernier surnom, le Red Mamba, lui est donné par le Mamba originel en personne, Kobe Bryant. En 2013, le Black Mamba l’appelle comme ça quand il revient sur sa carrière et le fameux match à 81 points.
“Il m’a surnommé le Red Mamba. Je ne sais pas pourquoi. Ce n’est pas comme si j’en mettais 50 tous les soirs. Peut-être qu’il a vu quelque chose en moi.”
Matt Bonner restera dans les mémoires (enfin quelques-unes) pour sa personnalité, sa joie de vivre et un peu son basket. Il sera à jamais dans l’esprit des fans de San Antonio. Désormais, il travaille sur le canal des Spurs sur Fox Sports. Comme quoi, son amour pour cette franchise n’est jamais vraiment parti.
Sources texte : Basket4Ballers, News4SanAntonio