Guy Dupuy. Le nom évoque du 100% français. Le style, lui, est américanisé. Comme si l’on assaisonnait son coq au vin avec de la sauce barbecue. Une sorte de Brisco Basket persuadé d’être né sur la Côte Ouest, alors qu’on parle juste du Finistère. Portrait – peut-être – du plus grand – sûrement – dunkeur français de tous les temps.
« Eh TrashTalk, dans un monde où Jordan Kilganon et ses cheveux bleus existent, Guy Dupuy, c’est du simple fantasme de Français non ? ». Parce qu’on ne se rend pas toujours compte des joyaux de notre terroir, la réponse – allégée au format vidéo – vaut mille mots.
Dunker dans la rue, dans un gymnase, sous une pluie torrentielle dans la banlieue de Séoul, ce n’est pas bosser un seul aspect offensif du basket-ball. Le dunk, quand élevé au rang de discipline, n’est pas en marge du sport collectif. C’est un art à part entière. Alors bien sûr, pour Kevin des Seniors de Saint-Franchou des Cannelets, un dunk « ça fait que deux points, comme un lay-up ». C’est là le propre de chaque mouvement difficile à exécuter. Certains se font une raison. Ils ne tutoieront jamais les étoiles. D’autres, moins en phase avec la réalité, sont constamment dans le déni et essaient de dévaloriser le dunk. « Moi je fais du basket, pas du show à l’américaine ». Mais le dunk en tant que mouvement, qu’action, est aujourd’hui tellement estimé qu’il est parvenu à se détacher du basket-ball. Comme dans chaque domaine où il existe une courbe d’exécution – et donc, de progression – le dunk possède son petit Hall of Fame des joueurs qui grandissent la discipline. Parmi les plus grands dunkeurs recensés, Jordan Kilganon – dont l’allure coûte 2000 V-Bucks dans la boutique Fortnite – est n°1 sur de nombreux plans.
Guy Dupuy n’a pas la médiatisation de l’Américain. Et pourtant, le natif de Bobigny est dans le milieu depuis une quinzaine d’années. Des rêves de NBA abandonnés à l’adolescence. Un athlétisme naturel à polir. Il s’est fait connaître en raflant la seconde édition de l’émission The Dunk King en 2017. Par « s’est fait connaître », on entend qu’il a ajouté une nouvelle dimension à sa carrière déjà bien avancée. Diffusé sur TNT. Dispo sur la plateforme Prime Video. Un peu comme si un grand bouliste jouait à 20h45 sur TF1. En tout point, l’expérience la plus importante de sa carrière. Jordan Kilganon, Brandon Lacue et Jordan Southerland dans son rétroviseur. Juste « un autre jour au bureau » pour Guy Dupuy, comme il l’a lui-même confié au Figaro. Pas émerveillé pour un sou le bonhomme.
À l’origine de cette belle carrière, des circonstances atténuantes. Michael Jordan et Vince Carter comme idoles. Kadour Ziani, légende française du dunk, prince du documentaire Dunk or Die, en qualité de mentor. C’est lui qui a repéré Guy Dupuy à la veille du All-Star Game 2004 de la LNB. Un petit tournoi pré-festivités organisé entre jeunes : mais qui est donc ce bonhomme d’1m93 ? Il n’a pas forcément la dimension d’un joueur de cinq contre cinq. Sa technique est à développer. Mais alors ce jump… Ce même jump qui – avec tout le boulot autour – l’a emmené sur le toit de sa discipline.
«Le talent naturel, ça peut t’ouvrir la porte, mais pas toujours. Moi j’avais toujours la faim de vouloir continuer, d’innover et de repousser les limites. Je n’ai jamais vraiment arrêté de m’entraîner. Jusqu’à aujourd’hui, je m’entraîne encore. » Guy Dupuis pour Le Figaro, en juin 2019
Des moments de doute, comme lors du All-Star Game 2009 de la LNB où le Francilien s’est incliné contre Kevin Kemp. Les projecteurs de Bercy braqués sur une tentative foirée. Rien de pire pour un dunkeur que de ne même pas donner suite à son idée. Le titre honorifique de « meilleur dunkeur » alors revenu à la concurrence. Mais des moments de joie, innombrables, desquels le sportif cherche constamment à remplir sa carrière. On n’a pas tous gratté un chéquos de 100 000 dollars en direct sur l’une des plus grosse chaînes américaines. On n’a encore moins battu le visage de notre discipline. Jordan Kilganon. Celui qu’un fan de NBA – sans se pencher davantage sur le milieu du « dunk » – connaît de par le simple relais de ses haut faits. Dans plusieurs années, on souhaite à Dupuy que la maxime dont tout le monde rêve sonne juste. « Il saute haut lui. C’est vrai que tu l’as battu papi ? ».