Les performances all-time s’enchaînent en NBA : époque dorée ou attaquants favorisés ?

Le 03 janv. 2023 à 18:18 par Nicolas Meichel

Source image : Montage YouTube

Auteur de 71 points la nuit dernière face aux Bulls, Donovan Mitchell a sorti la plus grosse performance au scoring depuis les fameux 81 points de Kobe Bryant en 2006. Une perf exceptionnelle donc, mais qui s’inscrit dans une saison record en matière de prestations individuelles et de scoring. De quoi se poser la question suivante : vivons-nous dans une époque dorée, ou une époque dans laquelle les attaquants sont plus que jamais favorisés ? 

71 points pour Donovan Mitchell. 60 points, 21 rebonds, 10 passes pour Luka Doncic. 54 points pour Klay Thompson. 45 points, 22 rebonds pour Giannis Antetokounmpo. 47 points pour LeBron James le jour de ses 38 ans. 40 points, 27 rebonds, 10 passes pour Nikola Jokic.

Voilà quelques-unes des plus incroyables performances NBA qui ont marqué nos nuits au cours des deux dernières semaines. Deux semaines de perfs all-time et de folies statistiques, qui font évidemment le bonheur des joueurs TTFL mais qui également… interrogent sur la direction globale prise par la Ligue en matière de jeu et notamment l’équilibre attaque – défense.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la saison 2022-23 est la plus prolifique en matière de points dans l’ère moderne (post années 1960), avec 113,7 unités marqués par équipe tous les soirs. La campagne actuelle est également en train d’établir un record all-time à l’efficacité offensive (113,5 points pour 100 possessions), et les 10 équipes les plus efficaces de l’histoire offensivement datent toutes de la période 2020-23 ! On évolue donc aujourd’hui dans une période où l’attaque est reine, où les scores qui étaient autrefois réservés aux All-Star Games sont désormais monnaie courante en saison régulière.

71 PTS
8 REB
11 AST
W

Donovan Mitchell sets a new scoring record for the Cleveland Cavaliers and becomes only the 7th player in NBA history to score 70+ points in a game. pic.twitter.com/qbOwr3sqyH

— NBA (@NBA) January 3, 2023

Plusieurs éléments expliquent cette explosion offensive qui caractérise la NBA des années 2020. Le basket américain aujourd’hui, c’est un basket où le jeu est rapide (avec donc beaucoup de possessions) et hyper ouvert, où la liberté de mouvement est largement privilégiée à l’aspect physique, et dans lequel le tir à 3-points – qui a pris une place prépondérante depuis l’avènement des Warriors de Stephen Curry au milieu des années 2010 – ouvre énormément d’espaces aux attaquants. Dans un tel contexte, la défense ne semble plus vraiment avoir sa place, en tout cas en saison régulière (en Playoffs c’est pas tout à fait la même). Les règles de la NBA d’aujourd’hui limitent grandement le pouvoir des défenseurs quand ils sont en homme-à-homme, et donc le degré d’intensité global qu’on peut voir soir après soir.

“Le jeu en Europe est plus difficile qu’en NBA. Il y a évidemment plus de talents en NBA mais il y a aussi plus d’espaces. En Europe tout est plus intense. La défense tout terrain, les prises à deux, les zones tout terrain, la défense en homme à homme. Tout le monde joue beaucoup plus physique en défense.”

– Giannis Antetokounmpo

Tout ça pour dire que les attaquants actuels évoluent dans un contexte hyper favorable pour démontrer leurs skills et qualités de scoreur. Kevin Durant – l’un des meilleurs attaquants all-time – le dit lui-même : “scorer 30 points aujourd’hui est bien plus facile qu’il y a encore 15 ans”. C’est peut-être avant tout pour ça si on a 5 joueurs à minimum 30 pions par match cette saison – ce qui n’était pas arrivé depuis la mythique campagne 1961-62 – et qu’on a déjà eu 13 performances à minimum 50 unités cette année.

Le top 5 des scoreurs NBA en 2022-23 (via ESPN)

Loin de nous l’idée de jouer au vieux con et de dévaloriser les performances des joueurs actuels, ou remettre en question le talent qui caractérise aujourd’hui la NBA. La Grande Ligue est blindée de superstars qui méritent leur statut, elle n’a peut-être jamais été aussi riche en matière de skills, on voit de plus en plus de freaks qui repoussent les limites du basket à travers leur polyvalence, et les attaques ont clairement gagné en intelligence. Mais quand il s’agit de comparer les performances statistiques actuelles avec celles du passé, de débattre sur le niveau des scoreurs actuels avec ceux des décennies précédentes, il semble indispensable de prendre en compte le contexte dans lequel s’inscrivent aujourd’hui ses perfs.

Cette NBA axée sur le show offensif, avec des stats de folie ainsi que des records individuels et collectifs de plus en plus fréquents est évidemment bon pour le business de la Grande Ligue, mais on peut quand même se demander si cette recherche constante de spectacle n’est pas en train de prendre le pas sur l’essence même du jeu. Sans vouloir faire le puriste, et même s’il faut savoir apprécier ce qu’on a sous les yeux, difficile de ne pas regretter les périodes où la NBA était moins en mode portes ouvertes. Où la NBA proposait autre chose que des matchs en 120 ou 130 points tous les soirs. Où les cartons offensifs à 50 pions étaient une rareté qu’on célébrait, plutôt qu’un exploit parmi d’autres qu’on a déjà oublié le lendemain.

La NBA est aujourd’hui remplie de phénomènes qui enflamment nos nuits à travers leurs immenses performances. Des performances qu’il faut savoir apprécier à l’instant T, mais aussi tempérer en dézoomant un peu et en prenant compte du contexte actuel qui favorise sans aucun doute les explosions offensives. 

Sources stats : Basket-Reference, NBA.com, StatMuse