Kevin Durant est formel, scorer 30 points aujourd’hui est bien plus facile qu’il y a 15 ans : “À l’époque, la raquette était blindée”

Le 07 avr. 2022 à 15:10 par Nicolas Meichel

kevin durant interview Free Agency
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Faisant partie des meilleurs marqueurs de l’histoire et toujours au top quasiment quinze ans après son arrivée en NBA, Kevin Durant est plutôt bien placé pour parler scoring. Mais surtout, il a aujourd’hui une longévité qui lui permet d’analyser l’évolution du jeu, de comparer l’époque actuelle avec celle de ses débuts chez les grands à la fin des années 2000. Une époque où les attaquants étaient beaucoup moins à la fête qu’aujourd’hui selon KD.

On vient de sortir d’un mois de mars historique en matière de performances individuelles, avec des explosions dans tous les sens et une accumulation de matchs à 50 pions. Dans le lot, il y a évidemment certains des meilleurs scoreurs actuels comme Durant, Kyrie Irving, Jayson Tatum, LeBron James, DeMar DeRozan ou encore Trae Young, mais également des mecs qu’on n’attend pas forcément dans ce genre de liste comme le sophomore des Pistons Saddiq Bey par exemple. On a vu également un Robert Covington monter jusqu’à 43 pions (!) il y a une semaine, et ce n’était même pas un poisson d’avril. Tout ça pour dire qu’on vit aujourd’hui à une époque où les cartons offensifs sont monnaie courante, où les attaques ont le pouvoir, où les scores atteignent sans problème les 110-120 points voire plus sur certains matchs. Les old heads (coucou Charles Oakley) ont tendance à mettre ça sur le compte d’une Ligue qui serait devenue beaucoup plus soft qu’à leur époque, avec des défenses possédant moins d’impact à cause notamment de l’évolution des règles ayant pas mal favorisé l’attaque depuis une quinzaine d’années. Mais s’il y a du vrai là-dedans, il y a également d’autres explications. Cela va justement faire quinze ans que Mister Kevin Durant est en NBA et il avoue sans problème que c’était bien plus dur de scorer à l’époque où il est arrivé dans la Grande Ligue. Sauf que la raison principale selon lui, c’est surtout le surplus d’espace que peuvent bénéficier les joueurs actuels en comparaison avec ceux qui évoluaient à la fin des années 2000 (via le podcast de J.J. Redick The Old Man and The Three).

“C’était tellement dur de marquer 30 points. À l’époque, vous aviez deux mecs dans la raquette, et on n’avait pas des attaques exotiques comme c’est le cas maintenant (rires). […]

Aujourd’hui, vous avez des entraîneurs spécialisés qui essayent de trouver des systèmes pour vous ouvrir des opportunités et vous créer des espaces. À l’époque, vous deviez créer votre propre espace à partir de rien, et le jeu mi-distance était la clé. Il n’y avait pas beaucoup de tentatives à 3-points, et la raquette était blindée. Pour marquer 30 points, il fallait rentrer des tirs difficiles. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus facile.”

Le spacing est plus que jamais au cœur du jeu aujourd’hui. Avec la dynastie Warriors qui a fait entrer la NBA dans l’ère du 3-points, avec le développement des analytics qui ont favorisé la recherche de l’efficacité avant tout, avec la disparition du poste 4 tel qu’on le connaissait (qui joue à l’intérieur et souvent dos au panier) au profit d’ailier polyvalent, le jeu s’est complètement ouvert pour devenir plus dynamique et bien plus rapide. Si vous regardez un match NBA aujourd’hui en comparaison avec un match NBA des années 2000, vous aurez l’impression que le terrain actuel est plus grand. Ce spacing, il permet aux attaquants d’avoir beaucoup plus de liberté et de marge de manœuvre qu’à l’époque, et on voit le résultat dans les box scores. Dans une Ligue où il y a du talent absolument partout et sur tous les postes, les explosions offensives sont inévitables, même chez des joueurs pas forcément réputés pour faire partie des meilleurs scoreurs du monde. Tous ces éléments sont à prendre en compte quand on parle des cartons offensifs actuels et surtout quand on se met à faire des comparaisons avec les époques précédentes. Marquer 30 points en 2007, ce n’était pas le même délire que marquer 30 points aujourd’hui. Alors évidemment, quand vous prenez un joueur all-time comme Kevin Durant qui fait 2m10 et qui possède absolument tous les skills dans son répertoire, le contexte importe peu. Il tourne à 30 pions de moyenne en 2022, il tournait déjà à 30 pions en 2010. Mais la prochaine fois que vous verrez un mec comme Robert Covington lâcher une perf à 40 unités dans un match NBA, vous vous direz que ces gars-là sont quand même tombés à la bonne période.

Sans rien retirer au talent des joueurs actuels, ces derniers évoluent dans une NBA peut-être plus ouverte que jamais et où scorer est globalement une tâche plus facile qu’avant. Règles, style de jeu, optimisation des espaces, skills en hausse, baisse de l’aspect physique… voilà autant de raisons qui expliquent ce constat. 

Source texte : The Old Man and The Three (à partir de la 53e minute)