Giannis Antetokounmpo relance l’éternel débat : « Le jeu en Europe est beaucoup plus dur qu’en NBA »

Le 26 sept. 2022 à 12:43 par Arthur Baudin

Giannis Antetokounmpo
Source image : YouTube

Ce dimanche se tenait la 78e édition du “Media Day” des Milwaukee Bucks. On ne sait pas vraiment si c’est le 78e – ça rajoute juste un peu de style au texte – mais c’est le premier au cours duquel Giannis Antetokounmpo se positionne aussi franchement sur l’un des grands classiques du débat basketballistique. On développe tout ça en-dessous.

« Hellow Giannis, what do you prifère to say : pain au chocolat ouw chocolatine ? ». Ce n’est pas hyper drôle mais ça suffit amplement en guise d’accroche. Ce dimanche, à l’occasion du Media Day des Milwaukee Bucks, Giannis Antetokounmpo s’est posé une petite dizaine de minutes devant les journaleux. À l’orée de la saison NBA 2022-23 – mais surtout au retour de l’EuroBasket – le Greek Freak est d’abord revenu sur son état de forme : « Physiquement et mentalement, je un peu fatigué, mais j’ai bien profité de mon été ». Une phrase que les habitants de Milwaukee redoutaient, eux qui ont passé les deux dernier mois à mater le double MVP affronter des pays qu’ils ne savent même pas placer sur la carte. Pour Giannis, cette compète internationale – sa quatrième – a catapulté le basket-ball tout en haut de la scène sportive grecque. Une sorte de réveil culturel dans ce pays où, fut un temps, la balle orange était quasi biblique, mais qui n’a plus décroché de médaille depuis l’EuroBasket 2009.

« C’est la première fois que j’ai vu les gens aussi engagés. Le basket est revenu en Grèce, même si nous n’étions qu’à un match des médailles. J’ai senti que les gens avaient de l’espoir et c’était le plus incroyable des sentiments. Tu représentes le pays entier. Ils m’ont dit que c’était quelque chose comme 6 ou 7 millions de Grecs qui regardaient nos matchs. Or il y a 10,5 millions de personnes en Grèce. C’est génial. »

Que demande-t-on à l’un des meilleurs joueurs du monde qui a passé son été sur les terrains FIBA et s’apprête à retrouver les parquets NBA ? Les journaleux présents dans la salle de presse n’ont pas manqué à leur devoir, à savoir celui de relancer le plus éternel des débats sur la planète basket : « Quelles sont les différences entre le jeu européen et le jeu NBA, et par conséquent, lequel est le plus difficile ? ». Trois ans après que Luka Doncic ait publiquement soutenu que scorer était « plus compliqué en Europe », Giannis Antetokounmpo marche dans les traces de son homologue slovène.

« Le jeu en Europe est beaucoup plus difficile qu’en NBA. Les joueurs NBA sont plus talentueux, mais l’espace y est différent : vous avez beaucoup plus de couloirs pour driver, pour créer. En Europe, c’est plus intense. La défense tout terrain, les prises à deux, les zones tout terrain, et ensuite ils te défendent en homme à homme jusqu’aux dernières secondes de la possession, et ensuite ils te doublent au poste… Il n’y a pas de couloirs pour driver. C’est plus physique. »

C’est à la fois super chouette pour la promotion du basket européen, et à la fois bien malin de soutenir que « les joueurs NBA sont plus talentueux ». Quand un bonhomme dit d’un joueur qu’il est moins talentueux mais plus difficile à affronter, comment ce dernier est-il censé recevoir ce faux compliment ? Son analyse des différents types de défense en Europe et de la réduction des espaces fournit heureusement son argumentaire. Est ensuite venue cette question, plutôt logique et attendue, que n’importe quel twittos aurait pu poser : « Êtes-vous actuellement le meilleur joueur du monde ? ». Réponse pleine d’humilité ou d’intelligence : à définir.

« Est-ce que je suis l’un des meilleurs joueurs du monde ? Oui. Mais est-ce que je suis le meilleur du monde ? Non. C’est le joueur qui est capable d’emmener son équipe jusqu’au bout. C’est Stephen Curry. Jusqu’à la saison prochaine… »

À l’occasion du Media Day des Warriors, Stephen Curry a été interrogé sur cette belle louange de Giannis Antetokounmpo, que certains des journalistes ont interprété comme un stratagème pour se défaire de la pression. « Je ne sais pas si c’était un stratagème. J’aurais dit la même chose l’an dernier au sujet des champions. Je pensais la même chose de Giannis l’an dernier et j’apprécie le compliment. Ce n’est pas du tout quelque chose qui va me faire baisser ma garde (sourire) ».

En même temps, après tout ce qu’il a accompli, s’attendait-on réellement à ce que Stephen Curry loupe ses tirs car un grand Grec l’a traité de « meilleur joueur du monde » ?

La conférence de presse se termine sur la thématique Abou Dabi. Les 6 et 8 octobre prochain, Bucks et Hawks se déplaceront aux Émirats arabes unis pour y jouer deux rencontres de présaison. La question est alors la suivante : « Giannis, êtes-vous inquiet quant à l’énergie que peut vous coûter ce long déplacement de 11600 kilomètres, surtout après avoir participé à un Euro disputé dans quatre pays différents ? ». On a un peu reformulé la question initiale pour apporter quelques détails supplémentaires, mais l’idée n’a pas bougé.

« Non. Je suis toujours excité par les “Global Games”, voyager à travers le monde et jouer devant des fans qui aiment le jeu. Il y a tellement de gens qui aiment la NBA en dehors des États-Unis […]

Je vais vous dire un truc. Pour un enfant comme moi, un gars qui est parti de rien, je pense que la NBA m’a un peu gâté. Parce qu’ici, on a nos avions charter, on a notre bus qui nous emmène à l’hôtel. On a les hôtels cinq étoiles “Four Seasons”. Puis tu traverses l’Atlantique et ce n’est plus pareil : on s’enregistre, on enregistre nos bagages, on vit normalement […] Ici tu peux être tranquille sur ton IPad. Il y a toujours de la nourriture et des snacks pour toi. Nous sommes bénis. On est plus que bénis. »

Une simple question sur son état de forme, transformée en débat de société par la parole décomplexée de Giannis Antetokounmpo. C’est quand même super agréable d’écouter un grand joueur qui va plus loin que ses leçons de media training. On glisse la vidéo de sa conférence de presse juste en-dessous, pour ceux que les sujets plus “secondaires” intéresseraient.

Jour de Media Day pour les premières franchises et déjà de chouettes déclarations à se mettre sous la dent. La petite sortie de Giannis Antetokounmpo le confirme, l’EuroBasket 2022 a probablement été la meilleure publicité du basket européen – du moins la plus efficace – depuis pas mal de temps. C’est chouette et ça ouvre les esprits.


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