Que sont ils devenus – Greg Oden : n°1 de Draft censé rouler sur la planète basket, mais parfois, la vérité est ailleurs
Le 27 juil. 2022 à 09:40 par Giovanni Marriette
La NBA est le théâtre parfait pour réaliser des rêves de gosse, mais la NBA a également pour particularité de parfois éteindre la lumière plus vite encore qu’elle ne l’a allumée. Période creuse oblige, on se penche cet été sur des noms qui nous sont familiers, certains plus que d’autres, des noms qui nous “disent quelque chose” mais qui ne font plus vraiment les premiers titres. Des histoires qui ramènent à une douce mélancolie. Cold Case Affaires classées mais version NBA, avec l’ambition de vous donner quelques nouvelles de ces mecs qui ont fait partie fut un temps de notre quotidien. Premier épisode ? Pas le plus feel good story de la série, celui qui concerne Greg Oden.
On attaque très fort. Greg Oden, un nom qui vous dit forcément quelque chose si vous suivez un tant soit peut la NBA, même si t’as 16 ans et que tu t’appelles Killian. Alors avant d’aborder le quotidien de Gregaudeune en 2022, retour rapide sur la carrière du géant… aux genoux d’argile.
Juin 2007, et la planète basket n’est pas prête, en tout cas c’est ce que dit le souffle général au soir de la Draft, quand le mammouth d’Ohio State est drafté avec le first pick par les Blazers. Vaincu avec les Buckeyes par les Gators de Joakim Noah, Al Horford, Corey Brewer et Taurean Green lors du Final Four, le Greggos n’en demeure pas moins LE nom qui revient sur toutes les lèvres, même si un certain Kevin Durant donne également quelques sueurs froides aux scouts NBA. KD qui sera finalement choisi en 2 par feu les Sonics de Seattle, quand Al Horford partira du côté d’Atlanta avec le pick 3, accompagnant ses deux besties Brewer (7) et Jooks (9) dans le Top 10 de la Draft. Greg Oden ? First pick, évidemment, car à l’époque on parle tout simplement du successeur potentiel de… Shaquille O’Neal. On a là un géant de 2m13 et quasi 115 kilos, surpuissant et doté de qualités offensives ET défensives, surtout défensives d’ailleurs, bref le genre d’intérieur comme on en croise peu dans une vie. Bonus track, à 20 ans Greg en fait déjà 40, pas sûr que ce soit une bonne nouvelle mais à l’époque ce détail reste une simple vanne, pour l’instant.
Malheureusement la suite ne sera que succession de blessures et donc d’absences, de longues absences, de trop longues absences. 105 matchs au total, en sept saisons, dont quatre passées intégralement entre le banc et la salle de soins. Les genoux de Greg ne sont pas fragiles, les genoux de Greg sont en mousse, et pendant que le colosse peine à marcher plus de dix mètres Kevin Durant devient tranquillement l’un des meilleurs joueurs de l’histoire, bis repetita d’une époque à laquelle les Blazers avaient choisi de squeezer un certain Michael Jordan au profit de l’incertain Sam Bowie.
“Quand vous êtes blessé, vous vous sentez très seul et vous voulez être avec vos coéquipiers. Vous voulez être capable de réaliser les choses pour lesquelles vous avez été recruté. Vous voulez ramener un titre et faire de grandes choses sur le terrain, mais vous ne pouvez pas physiquement. C’est dur. Mentalement, vous essayez de gérer ça. Parfois, quand vous êtes jeune, vous ne savez même pas comment vous gérer vous-même et gérer vos propres pensées, et tout d’un coup vous êtes complètement seul. Comment faire face à ça ? Comment se lever chaque jour en sachant que ça fait mal ? C’est très dur mentalement.”
Durant la saison 2013-14 Greg tente un comeback de plus avec le Heat, il surnage et apparait même subrepticement lors des Finales NBA face aux Spurs, mais il joue surtout le dernier match de sa carrière avec Miami et poursuit son long chemin de croix mais cette fois-ci hors du circuit NBA. Time. La suite ? Quelques candidats pour un énième revival mais c’est en Chine que le géant qui n’a alors que 26 ans va continuer sa carrière tronquée. Rien de bien fou à l’Est, retour aux États-Unis et dans la fameuse Big3 League, joujou d’Ice Cube aux règles bizarres et qui met à l’honneur les papys de la street et accessoirement anciennes “gloires” NBA. Spoiler, c’est lors de cette compétition estivale que l’ex plus gros prospect de la planète fera rebondir un ballon pour la dernière fois.
Nouveau job pour une nouvelle vie
La vérité, c’est qu’entre son passage en Chine et ses exploits face à des quinquagénaires bedonnants en BIG3 League… Greg Oden a connu un down assez badant. La dépression toute proche, les problèmes d’alcool bien présents, presque logique quand on vous annonçait comme le futur Shaq et que vous êtes finalement devenu la définition même du bust. En cette période sombre de sa vie, l’ancien crack d’Ohio State a néanmoins peut-être fait un vœu en voyant passer une étoile filante, tant et si bien qu’un beau jour son ange gardien prend la forme de Thad Matta, son ancien coach chez les Buckeyes.
“Je me rappelle, j’avais appelé coach Matta, je ne savais même pas qui j’étais, et je ne pouvais pas rester silencieux et replié sur moi-même. Il était du genre, ‘Viens à la salle, viens à l’entraînement.’ Je commençais à revenir à l’entraînement et honnêtement, le fait d’avoir à nouveau le basket dans ma vie, le fait d’avoir quelque chose à faire chaque jour, c’était crucial pour sortir de cette spirale. Et puis ensuite, une fois que j’étais là, il m’a dit, ‘Tu sais, il y a ce programme qui existe pour obtenir ton diplôme…’ J’ai dit, ‘Hmm, d’accord.’ Et puis je suis retourné en cours, j’étais obligé de me concentrer et je ne pouvais pas avoir la gueule de bois tous les jours. Cela m’a donné un chemin à suivre. Et puis j’ai réalisé que je n’avais pas besoin de boire chaque jour pour me sentir bien, ou tout simplement pour ressentir quelque chose.
Je voulais rester dans le basket, et le coach m’a donné l’opportunité de travailler ici. Il m’a donné quelque chose à faire des mes après-midis. J’essaie toujours de comprendre où j’en suis dans ma vie. Depuis l’école primaire, je n’ai connu que le basket. J’essaie juste de devenir une meilleure version de moi-même en obtenant un diplôme afin de préparer le futur de ma famille.”
Nous sommes en 2016, youpi Greg a un but dans la vie, et pas besoin d’avoir le physique de LeBron pour reprendre ses études. Simplement un max de volonté, et ça la bête n’en manque pas. Pendant trois ans celui qui approche la trentaine va donc voir son cursus universitaire s’étoffer aux côtés de Matta et Chris Holtmann, dans son cocon, là où il se sent chez lui. Diplôme en poche voilà qu’il intègre dans la foulée le staff officiel des Buckeyes, dans lequel il officie toujours aujourd’hui, retour là où tout a commencé, avec la certitude d’être à une place à laquelle il se sent bien et avec dans la lunette, pourquoi pas, une revanche à prendre sur les bancs, mais cette fois-ci à la place à laquelle on l’attend.
Porté aux nues avant même qu’il ne pose un pied sur un parquet… alors qu’il n’en posera finalement pas tant que ça dans sa carrière. Un n°1 de Draft censé rouler sur la planète basket mais parfois la vérité est ailleurs, comme par exemple quelque part entre le bonheur de transmettre et le confort de travailler parmi les siens. En 2022 Greg Oden a 34 ans et parait plus jeune qu’en 2007, et c’est peut-être bien le premier indice de sa renaissance, une vraie renaissance cette fois-ci.