Les Spurs joueront ce soir leur match de play-in à l’Ouest : une belle récompense après une saison pleine de promesses à San Antonio

Le 13 avr. 2022 à 18:14 par Nicolas Vrignaud

Gregg Popovich 29 mars 2022
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Ce soir, les Spurs affronteront les Pelicans avec pour objectif de continuer de rêver à une participation aux Playoffs. Et pourtant, quasiment personne ne le voyait si près de la postseason six mois en arrière. Les hommes de l’éternel Gregg Popovich ont arraché leur qualification en play-in au terme d’une saison forcément remplie de hauts et de bas mais surtout placée sous le signe de la progression. Posez-vous tranquillement là où vous le pouvez, on analyse cette régulière plutôt bien gérée. 

Quand la NBA rouvre ses portes, en novembre dernier, personne (ou presque) ne mise une pièce sur les Spurs pour jouer autre chose qu’un premier tour de Draft très bien placé. En même temps, vu le groupe, il y avait de quoi avoir les pétoches. Certes, des jeunots plutôt prometteurs sont présents, le meilleur exemple étant Dejounte Murray qui tournait la saison passée à quasiment 16 points de moyenne. Certes, il y a quelques vétérans qui peuvent apporter leur pierre à l’édifice (Jakob Poeltl, Thaddeus Young, Doug McDermott) mais globalement, on part sur un groupe destiné à jouer le bas de tableau après les départs de DeMar DeRozan, Patty Mills ou encore Rudy Gay. Au bout d’un mois de compétition, ça se confirme : San Antonio affiche un sale bilan de quatre succès pour treize défaites. On se dit alors que les ambitions d’atterrir dans les hautes sphères de la Draft en juin vont se confirmer et le jeu se maintenir au strict minimum pour remporter de temps en temps un match, histoire que la NBA ne fasse pas la tronche. 

Oui mais messieurs dames, nous sommes justement à San Antonio. Et dans cette partie de l’état du Texas, la défaite n’est absolument pas dans l’état d’esprit des locaux. Gregg Popovich a toujours faim de victoires, et de donner une âme à cette équipe qui ne demande qu’à progresser ensemble… Oh tiens bizarre, c’est son pêché mignon ça à Papy Greg’. Et ça marche, puisque cette saison aura vu l’éclosion statistique et dans le jeu de plusieurs profils. À commencer par Dejounte Murray… On vous parlait du bonhomme qui tournait à seize unités par match la saison passée, et bien remballez tous vos glow up Instagram et Tik Tok, car aujourd’hui Dejounte aligne en moyenne 21 points sur une partie de panier-balle, avec une polyvalence assez exceptionnelle (8 rebonds, 9 passes, et meilleur intercepteur de la Ligue avec 2 steals de moyenne). C’est ça l’embellissement, prenez-en de la graine. Derrière, même son de cloche chez Keldon Johnson, qui passe de 12,8 à 17 points en l’espace d’un an. Encore un qui a profité de son passage chez Team USA durant l’été pour franchir un cap. Et on vous parle de produits made in SA, l’importation d’autres franchises c’est pas trop le bail préféré du coin, surtout quand on peut façonner du pur basketteur à la maison. Demandez donc à Tony ou Manu ce qu’ils en pensent. Au total, ce sont sept (!) joueurs des Spurs qui tournent à plus de dix puntos de moyenne au gong final de cette saison régulière, dont un certain Jakob Poeltl hyper précieux dans la raquette des deux côtés du terrain (13,5 points de moyenne à 62% au tir, soit sa meilleure marque en carrière, avec 9,3 rebonds et 1,7 contre en bonus). C’est la preuve d’une grande importance accordée d’abord au collectif et ensuite à la bonification des spécialités offensives de chacun. Qui aurait pensé qu’un Devin Vassell, sélectionné en onzième place à la Draft 2020 et plutôt discret lors de première saison à 5,5 points, tournerait à 12,3 un an plus tard ? Personne, et c’est là toute la magie de notre cher Gregg Popovich.

Alors on vous présente ce projet comme étant infaillible, mais il faut bien se remémorer d’où l’on part. Seizième attaque et dix-septième défense de la NBA à la fin de la régulière, San Antonio n’est pas devenu en six mois une machine à gagner, mais ça suffit à assurer le play-in à coup de séries de trois ou quatre victoires coupées d’enchaînements de défaites. Néanmoins, ça va gagner chez les Warriors à San Francisco, à Boston et à Los Angeles (quelle que soit la franchise). Et au fur et à mesure que la saison avance et que le classement se précise, le staff technique ajuste son calendrier pour cocher tous les matchs importants, contre des équipes déjà larguées comme les Blazers, le Magic ou encore les Lakers. Systématiquement, dans une sorte d’efficacité limite froide de l’extérieur, tous ces soirs importants sont synonymes de victoires. Et quand l’opportunité de jouer le play-in se présente, le sang de notre cher Gregg – nouveau recordman pour le nombre de succès en carrière – ne fait qu’un tour : élévation du niveau de jeu, victoires à la pelle contre les concurrents directs, avec comme clou du spectacle un beau triomphe chez les Nuggets il y a une semaine. Ça ne suffit pas à s’épargner un match couperet à l’extérieur mais comme rappelé plus haut, vu d’où on s’élançait, c’est déjà bien honorable. 

Pour l’aspect plus technique, dans le jeu des Spurs, on ne parle pas non plus d’une révolution, mais plutôt d’une adaptation. Les raquettes de la Ligue sont verrouillées par des freaks athlétiques dans beaucoup d’équipes ? Pas de problème, on va laisser un peu de côté les finitions au cercle et favoriser l’utilisation de floater, de shoots dans le petit périmètre… Bref, de la filouterie estampillée Popovich, mais de la filouterie qui marche. La défense est elle un peu limite globalement, voire carrément cradingue par sessions, elle qui peut rapidement être supplantée par un adversaire individuellement très costaud. En effet, quand un bonhomme à la main chaude se pointe en face, ça craque très vite, notamment sur les pick-and-rolls où les changements défensifs mal gérés et les provocations de mismatchs ont parfois mené à la cataschtroumpf. Néanmoins, ça a tenu la marée lors des matchs importants et c’est bien là l’essentiel. Ce qu’on retient finalement de cette régulière à San Antonio, c’est qu’on a senti une vraie force de caractère émaner dans ce groupe au fur et à mesure de la saison, une sorte d’éveil collectif qui, finalement, représente tellement bien l’esprit qui règne en matière de basket à San Antonio. Cap maintenant sur le play-in ce soir, avec l’objectif de gagner dans le Bayou pour continuer à rêver et surtout engranger une précieuse expérience. 

Assisterait-on à la naissance d’une vraie équipe à San Antonio ? Il est sans doute trop tôt pour le dire, car la NBA reste toujours imprévisible. Mais en tout cas, Gregg Popovich est encore une fois l’artisan à l’origine de la création d’un groupe axé sur le collectif et sur le partage de la balle. Dans une ligue parfois déraisonnablement tournée vers l’individuel, ça nous fait mine de rien beaucoup de bien, alors merci les Spurs ! 

Source stats : ESPN