Denver s’impose chez les Sixers, 114 à 110 : Joel Embiid gagne la bataille individuelle, mais Nikola Jokic a remporté le combat collectif

Le 15 mars 2022 à 04:48 par Bastien Fontanieu

jokic embiid
Source image : nba league pass

C’était le duel le plus attendu de cette grande soirée NBA, et on peut dire qu’on a pas été déçus. Devant un public de Philadelphie chaud-braise, les Nuggets n’ont pas flanché et ont su appuyer là où ça faisait mal afin d’imposer une cruelle défaite aux Sixers, 114 à 110. Magnifiquement entouré, Nikola Jokic est reparti avec la gagne, et une caresse derrière la tête de Joel Embiid.

Tout le monde avait noté le rendez-vous.

C’était the main event, le match à ne pas rater entre deux des meilleurs joueurs au monde, les deux meilleurs pivots de la planète, et deux leaders dans la course au MVP. Joel Embiid et ses Sixers, à domicile, Nikola Jokic et ses Nuggets, en déplacement. Niveau tendance, on était pas tout à fait sur la même longueur d’ondes puisque Denver avait enchaîné quelques défaites frustrantes pendant que Philly, hormis son gadin contre Brooklyn, était plutôt en forme. Même en back-to-back, même en ayant laissé de l’énergie à Orlando, les hommes de Doc Rivers savaient très bien que cette rencontre ce lundi soir n’était pas comme les autres. Et justement, les Sixers démarraient la soirée ainsi : avec agressivité, le couteau entre les dents, un Embiid plus concentré que jamais et Matisse Thybulle renversant de domination défensive et d’activité de tous les instants. Ensemble, les Sixers créaient un écart et en face… et bien on n’y était pas du tout. L’odeur qui sortait du premier quart-temps était davantage celui d’une branlée qu’un match immanquable entre deux MVP en force, et pourtant la suite va s’avérer très intéressante. Notamment dans ce second quart qui va voir le banc des Nuggets imposer son style sur celui des Sixers, DeMarcus Cousins et Bones Hyland donnant le ton afin d’aider Denver à rester au contact. Un travail précieux, car pendant qu’en face DeAndre Jordan nous réservait une nouvelle disasterclass d’un sport qu’on ne connaît pas mais qui a l’air de ressembler à du basket, les visiteurs eux se serraient les coudes et recollaient au score. Et paf, le retour de Jokic sur le terrain est ponctué par un run déterminant avant la mi-temps, ce qui fait qu’un retard de près de 20 points… n’était plus que de 5 unités. Une aubaine pour les Nuggets, une frustration réelle pour Philadelphie, mais encore toute une mi-temps à jouer.

Dans le troisième quart ? Malgré une mauvaise entame, les hôtes se calaient derrière un Embiid de gala et l’écart remontait, ce qui faisait clairement pencher la balance du côté de Philadelphie. Comment les Sixers pourraient perdre ce match ! Denver n’arrive pas à planter trois shoots extérieurs de suite, Will Barton est la seule vraie option offensive aux côtés du Joker, Aaron Gordon est trop atteint physiquement… et même Nikola Jokic lui-même n’est pas dans une immense partie. Hormis quelques caviars, le pivot serbe fait surtout froncer les sourcils par des paniers aisés loupés et des balles perdues gênantes. No way, avec un Matisse Thybulle pippenien, un Harden qui chauffe et le patron Embiid qui sanctionne, ça va le faire pour les Sixers. Grave erreur. En ayant laissé Denver recoller au score plus tôt dans la soirée, les potes de Georges Niang vont tendre le bâton pour se faire taper. Et les Nuggets, qui rêvaient d’un miracle, vont avoir droit au show Bones Hyland : 21 points à 4/9 du parking, avec des tirs quasiment pris du milieu du terrain. Le natif de Wilmington, à 40 minutes de Philadelphie, réalisait un rêve de gosses devant ses proches. Faire un carton chez les Sixers, et pour le coup en mode grosse climatisation. On attendait Nikola, on attendait Joel, et on a en effet eu droit à ce duel, mais celui qui est sorti du lot était clairement le rookie, qui à lui seul a mis le public de Pennsylvanie dans sa poche et a abattu le banc de Doc Rivers de par son talent. Des points ultra précieux, comme ceux de JaMychal Green, qui permettaient aux visiteurs de garder la main sur la rencontre.

Bien évidemment, match épique oblige, le money-time va être un immense enchaînement d’actions spectaculaires, entre gros contre d’Embiid, faute intense sur le pivot, caviar succulent de Jokic, tir renversé en total déséquilibre, pénétrations de James Harden et… exécution très moyenne des Sixers au buzzer. En faisant le nécessaire pour gratter trois petits points d’avance avec quelques secondes à jouer, les Nuggets vont laisser Niang faire une impro WTF au finish, Tyrese Maxey et sa bande se prenant la tête à deux mains après 47 minutes passées à tenir le regard. Une véritable bénédiction pour Denver, qui ne va pas se faire prier pour finir le business. Jokic évidemment au four et au moulin (22 points, 13 rebonds, 8 passes, 2 interceptions, 2 contres), mais également les autres copains qui ont limité les gaffes pendant qu’en face c’était la fête à la saucisse. Si Embiid n’a pas du tout à rougir de son match (34 points, 9 rebonds, 4 passes et 2 contres), le pivot camerounais a semblé plus esseulé. Un géant bien soutenu par Maxey et Harden, mais qui d’autre autour de vraiment solide ? Un vrai souci pour les Sixers, pendant que Denver se frottait les mains derrière la solidité du groupe mis en place par Mike Malone. L’entraîneur des Nuggets, fier de son équipe, ne pouvait que secouer la tête dans ce match à l’odeur de Playoffs. Car il le sait, plusieurs fois dans le match sa bande avait tendu la joue pour se faire gifler. Mais face à la possibilité d’enterrer le match une bonne fois pour toutes, les Sixers n’ont pas été décisifs. Et cela s’est notamment retourné contre eux quand cela comptait le plus, en toute fin de rencontre.

Avec beaucoup de respect et d’admiration mutuelle, Nikola Jokic et Joel Embiid vont quitter le parquet en se serrant dans les bras. Good game bro, good game bro. Un véritable vainqueur de ce match ? Les Nuggets, meilleurs et plus solides collectivement. Un vrai perdant ? Le pivot des Sixers et son équipe, car l’opportunité de frapper fort dans la course au MVP était là… et elle a disparu sous les yeux d’Embiid. Pendant ce temps-là, imaginons cette équipe de Denver avec Michael Porter Jr et Jamal Murray. Elle est pas belle la vie ?


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