Le billet d’Alex : sensation Suns, beautiful Bucks

Le 21 juil. 2021 à 18:35 par Alexandre Martin

Finales NBA Suns Bucks
Source : NBA League Pass

Dans la défaite, il ne faut jamais oublier d’où l’on vient. Jamais. Même quand la frustration est bien réelle. Les Suns et leurs fans reviennent de loin. Dix ans de vaches maigres, dix ans à récurer les bas-fonds bien crades de la ligue. Et puis il y a eu cet éclair dans la bulle d’Orlando. Cela n’aurait pu être qu’un énième faux espoir comme il y en a trop eu à Phoenix lors de la dernière décennie.

Mais James Jones et son staff ont fait les bons choix. Ils ont pris des risques lors de cette intersaison raccourcie et cela a plus que payé. S’en est suivie une magnifique saison régulière. Deuxième de l’Ouest avec un jeu très équilibré des deux côtés du terrain, c’est lourd ! Mais ce n’est limite pas grand chose comparé aux productions incroyables des Suns lors de ces Playoffs 2021 qui les ont donc vu débarquer en Finales NBA 28 ans après les Charles Barkley, Dan Majerle, Kevin Johnson et autres Oliver Miller ou Richard Dumas pour ne citer qu’eux. Une sensation pure, une sensation oubliée pour de nombreux membres de la Cactus Nation. 

Aujourd’hui, je suis fier de ces Suns. De nos Suns, de mes Suns. 

Ils ont surpris tout le monde. Ils ont régalé la planète basket pendant plus de six mois. Et pour offrir des Finales aussi intenses et d’un aussi bon niveau, il faut être deux : un gagnant et un perdant. Chris Paul a été grand, toute la saison. Il est arrivé avec sa vista et son expérience pour permettre aux Suns de faire plus que passer un cap avec son niveau de performance et sa justesse de jeu exceptionnelle. Il leur a permis de devenir de véritables contenders en surfant sur le bel élan de la bulle. Malheureusement, il a fléchi au pire moment. Il aura sûrement du mal à avaler le fait qu’il vient de rater son plus grand rendez-vous avec l’histoire. Pour autant, à Phoenix et dans la famille Suns, le respect lui sera éternel car sans lui, rien de tout cela n’aurait été possible, ni même envisageable. Chris Paul et son ami et coach Monty Williams sont au centre de l’une des plus belles pages de l’histoire des Suns. 

Aujourd’hui, je suis fier d’avoir vu ce duo mouiller ce maillot qui m’est si cher.

Fier que ma franchise de cœur soit celle qui a donné à Monty Williams la possibilité d’exprimer tout son talent de coach après le drame qu’il a vécu en 2016. Phoenix et sa salle surchauffée de fans complètement fous auraient évidemment préféré une autre issue. Un match 7 à la maison aurait été une récompense magique… Mais ils savent d’où ils viennent et une fois l’amertume passée, ils sauront apprécier ce qui vient de leur arriver sur les six derniers mois. 

Un run dingue. Un run en équipe, soutenu par les larges épaules du vétéran Jae Crowder, par la dévotion des soldats Torrey Craig et Dario Saric, par la folie douce de Cameron Payne et par le talent du jeune trio qui sera bientôt chargé d’assurer l’avenir des Suns après avoir méchamment assuré pour ses premiers Playoffs. Mikal Bridges a tellement progressé en quelques mois qu’on sait maintenant qu’il y a en lui de quoi devenir l’un des meilleurs 3 & D de la ligue. Du haut de ses 22 ans, le géant Deandre Ayton a envoyé un gros en double-double de moyenne et a proposé un niveau de défense qui est plus que prometteur. Et pour finir, comment ne pas poser quelques mots pour Devin Booker ?

Même s’il a lui aussi sa part de responsabilité dans les moments de faillites offensives des siens en Finales. Plus personne ne pourra douter ni de son talent ni de sa capacité à faire gagner une équipe. Plus personne. Booker est le franchise player des Suns pour les années à venir et comme l’a dit Eddie Johnson un soir d’août 2020 après un éblouissant game winner face aux clippers : “If you didn’t know, now you do. “

Book’ va revenir à la charge, c’est sûr. Il est trop fort mentalement pour qu’il en soit autrement. Avec lui en première ligne dans les prochaines années, l’Arizona Dream qui a pu paraître si loin, peut redevenir une réalité. Et oui, il ne faut pas oublier d’où l’on vient mais il faut surtout savoir où on veut aller. 

Allez, laissons de côté les perdants… Concentrons-nous sur les gagnants. Les Daims qui eux aussi reviennent de loin ! 

Essayons de réaliser ce que les hommes de Mike Budenholzer viennent de faire après deux campagnes de Playoffs ratées qui leur ont valu de nombreuses critiques et un niveau de dénigrement uniquement réservé aux très grandes équipes finalement. En équipe justement, en bataillon pourrait-on même dire, voilà comment les Bucks ont répondu présents. Ils ont assumé de devoir passer sur ce Heat qui les avait humiliés l’année précédente. Ils ont su chercher au fond d’eux pour revenir du passé, avec la hargne et la dose de chance qu’il faut, pour écarter les Nets d’un Kevin Durant bouillant. En finale de conférence, les Hawks, délicieuse surprise de cette post-season, n’ont pas pu empêcher Milwaukee de poursuivre son but. Les Suns non plus, même en ayant mené 2-0. 

Jrue Holiday le cadenas, Khris Middleton le lieutenant, Brook Lopez, Donte DiVicenzo et P.J. Tucker les role players cruciaux, Bobby Portis et Pat Connaughton les facteurs X, les energizer… Vous êtes des grands messieurs, vous êtes des champions. 

Vous avez été beautiful comme on dit dans le Wisconsin. Vous avez accompli votre devoir. Celui d’entourer du mieux possible un héros grec, un freak à la destinée hors du commun. Giannis Antetokounmpo était déjà double MVP et défenseur de l’année avant cette campagne de Playoffs. Il est maintenant champion et MVP des Finales. Il entre directement et brutalement dans la caste des monstres du jeu. Atypique avec son profil sur-athlétique et pas du goût de tous, il est néanmoins un modèle de leadership, d’abnégation et de compréhension de ce qu’il faut faire pour gagner. Ses Playoffs et surtout ses Finales façon Shaquille O’Neal et ponctuées d’un match à 50 points pour achever les Suns, en sont une preuve de plus. 

Giannis n’est pas grand, il est immense et il est là pour longtemps. 

Bravo à lui, bravo aux Bucks, bravo aux Suns. 

Et vive l’objectivité. 


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