Deux matchs sans Giannis Antetokounmpo, deux victoires : les Bucks ont mis un stop à la Freak dépendance, le signe d’une grande équipe
Le 04 juil. 2021 à 07:43 par Giovanni Marriette
On en avait très largement parlé en évoquant notamment le grand défi qu’attendait les Bucks et surtout Mike Budenholzer au moment d’aborder la dernière ligne droite de cette Finale De Conférence sans Giannis Antetokounmpo. 2-2 au soir de la blessure du double MVP, 4-2 au final, et Milwaukee a donc su trouver les réponses à son énorme problème. Y’a de la ressource dans le Wisconsin, c’est plutôt une bonne nouvelle en vue des Finales.
Les images avaient fait le tour de la planète mardi soir, lorsque la jambe gauche de Giannis Antetokounmpo avait tout à coup pris la forme d’une parenthèse sur un contest défensif à l’égard de Clint Capela. Très vite les grimaces, pour lui évidemment, pour la fanbase des Bucks bien sûr, mais globalement pour tout être humain aimant le basket et étant constitué d’un cerveau et d’un cœur. Hyperextension redoutée, ça c’était alors presque le verdict “le moins pire” auquel on pouvait penser, puis finalement des nouvelles assez rassurantes : aucun dommage structurel, ligaments intacts, le Freak l’est donc aussi au niveau de ses os. Malgré tout une absence à déplorer histoire de ne prendre aucun risque, et pour les Bucks une fin de Finale de Conf à gérer sans son franchise player, sans son arme fatale. 28 points, 13 rebonds, 5 passes, 1 contre et 1 interception en moyenne sur les Playoffs pour Giannis, des chiffres qu’il allait donc bien falloir redistribuer, tout comme les munitions offensives, tout comme les solutions en défense car rappelons que le fameux Grec de Milwaukee est une merveilleuse arme atomique en attaque mais qu’il également la clé de voûte défensive de son équipe, excusez du peu.
Mike Budenholzer a donc du se creuser, au cœur d’une série dont les Hawks avaient pour beaucoup récupéré le momentum, et au final la lumière vint quand l’ancien coach des… Hawks se rendit compte d’un détail assez incroyable : il a en sa possession quelques lieutenants dont n’importe quel coach rêve la nuit, et ces lieutenants ont les moyens de prendre le lead. On fabule un peu car Buddy ne s’est très probablement pad dit ça DU TOUT, mais encore fallait-il que les habituels seconds de Giannis Antetokounmpo mettent les mains dans le cambouis, encore fallait-il qu’ils sortent un lapin de leur chapeau à ce moment précis de leur carrière, un sens du timing pas donné à tout le monde et, quand même, rattaché au détail non-négligeable que les Hawks s’y attendaient aussi et donc s’y prépareraient comme un seul homme.
Résultat des courses ? Un examen réussi pour les Bucks, un examen réussi avec mention. Lors du Game 5 ? Une équipe qui semble sur-vitaminée et un homme notamment, qui va faire du saletel un Lorenzo lâché sur Amsterdam. Cet homme c’est Brook Lopez, qui va dans un premier temps se rappeler au bon souvenir de ses années chez les Nets en claquant son record en carrière en Playoffs, prouvant par la même occasion qu’il est clairement le plus adroit de sa famille balle en main. Une démo incroyable de la poutre des Bucks, qui avait décidé ce soir-là qu’il ne dézonerait pas comme un vulgaire pivot des années 2020. Ce qui nous amène à notre “second temps”, car en plus de reverdir et d’opérer sa réorientation au meilleur des moments, Brook Lopez comblait alors l’un des manques les plus évidents d’une équipe orpheline de Giannis : la taille dans la raquette, la domination dans la raquette. 14/18 au tir dont 0/2 de loin, le genre de stats… du Greek freak finalement, si l’on part du principe que ses 16/25 au tir cachent bien souvent un petit 0/4 des familles from downtown. Autour de lui un Khris Middleton intouchable sur son trône de roi du mid-range, un Jrue Holiday qui impulse le rythme dès l’entame et qui se régale pour gaver de ballons son ogre par défaut, un Bobby Portis tout heureux de montrer au monde entier qu’il aime le tir et la baston, et enfin un P.J. Tucker déjà habituellement très solide en défense mais qui semblait sur ce Game 5 avoir aspiré la force de son leader puisqu’elle ne lui servait à rien.
Victoire au Game 5 donc, tabassage en règle même, et sur le Game 6 ce fut encore une autre paire de manches. Pas de démo de Brook Lopez cette fois-ci mais les leaders présumés qui deviennent les leaders assumés. Jrue Holiday, encore, toujours, flippant en défense face à un Trae Young valeureux mais dans l’incapacité de peser après une campagne de Playoffs aussi éreintante qu’historique, flippant en attaque et tellement à l’aise en attaque, variant le rythme, variant les initiatives personnelles et les cadeaux pour les copains, du Jrue Holiday dans le texte mais avec le ballon encore plus souvent dans les mains, que demande le peuple, rien du tout, il hurle juste “encore”. Khris Middleton ? L’assurance tout risque sans les colliers de Mister T., l’assurance tout risque avec les chicots pourris, et 23 points au troisième quart histoire de mettre tout le monde d’accord dans la course au meilleur franchise player sans être franchise player de la Ligue. 23/8/5 sur la série pour Khris, des Games 3, 5 et 6 absolument merveilleux, et un Coach Bud qui peut dormir sur ses deux oreilles quand son esthète de shooteur a la balle en main.
Jrue Holiday et Khris Middleton en All-Star mode, Brook Lopez de retour à ses premières amours et parfait dans ce rôle, P.J. Tucker en patron de la défense, son armée de batons de GLU qui fait le taf aussi, et cette nuit, cerisette sur le gâteau, la surprise Jeff Teague et surtout le petit taureau ailé Pat Connaughton qui sortent de leurs boîtes. Moralité ? T’es un bon chef quand ton équipe tourne bien en ton absence, ça c’est ce qu’on t’apprend en BTS MUC. Les Bucks ont fait plus que bien tourner depuis la frayeur Giannis, ils n’ont pas “mieux joué”, mais ils ont proposé des choses et ce fut diablement intéressant. Propre les gars, bravo, et bon retour au Greek Freak, après un repos bien mérité et, surtout, bien géré par ses collègues.