Les Clippers nous refont le coup : 116-102, 3-2 Suns, pas de chute sans combat, pas d’abandon sans retour à la maison

Le 29 juin 2021 à 07:21 par Arthur Baudin

Los Angeles Clippers
source : NBA League Pass

29 juin 2020, un inconnu s’approche dans la rue et vous glisse à l’oreille : « la Suisse va éliminer les Bleus de Karim Benzema et Reggie Jackson prévoit de poser ses baloches sur la Finale de Conférence Ouest ». Sur le coup, le type mange un aller-retour phalangé et reprend même du rab s’il persiste dans son délire. Un an plus tard, avec du recul, la vie est parfois marrante. Débrief.

Tiendront-ils ? Résister aux assauts de types qui peuvent se payer des jours de repos, le genre de défi auquel le patronnât français fait difficilement face. Mais qu’en est-il du patronnât californien ? Les Clippers se déplacent dans l’Arizona avec comme seule philosophie, le redoutable Marche ou crève. Ne pas sombrer sous les offensives de Suns qui mènent 3-1 dans la série et qui ont l’opportunité de terminer le boulot devant maman, tata et la copine. A-t-on connu momentum plus unilatéral ? Il y a quelques heures, lorsque des banquiers – eux aussi trimballés 3-1 – se sont révoltés contre leur clientèle. Allez, on arrête de parler de malheur et souhaitons un meilleur sort à Nicolas Batum qu’à ses compatriotes. La salle sera euphorique, les intentions vicelardes et l’issue déterminante. Petit coup d’œil en direction de l’infirmerie des visiteurs dans laquelle Kawhi Leonard, Ivica Zubac et Serge Ibaka discutent pêche au gros. Les Arizoniens touchent quant à eux du bois puisqu’aucun absent n’est à déplorer dans leurs rangs. Une injustice légèrement nuancée par le masque translucide de Devin Booker, objet censé protéger le nez cassé du Golden Boy. Il y a des pépins des deux côtés – donc – mais l’impact est loin d’être le même. Ceci étant, regretter ses blessés signifie que l’on est encore en lice pour flirter avec ses objectifs. Bah oui, car beaucoup de blessés quand on est éliminé d’une compétition, ça ne rime plus à rien.

Raillé, décrié et surnommé « le Koumbouaré de l’Ohio » lors de son passage à Cleveland, Tyronn Lue marche aujourd’hui sur l’eau. Il fut le fossoyeur du Jazz de par des ajustements mettant à l’épreuve la mobilité de Rudy Gobert. Quelques jours plus tard, il est le détonateur de cette excellente première mi-temps côté Clippers. Pour comprendre l’impact du velleda californien, il suffit de se remémorer le Game 4 et l’imposante prestation de Deandre Ayton qui avait alors envoyé 19 points, 22 rebonds et 4 contres. Cette nuit, le first pick de la Draft 2018 a tout juste validé son double-double, durement restreint par l’activité de la raquette angelinos. Les petits gars d’Hollywood Boulevard se sont régalés, notamment Marcus Morris et DeMarcus Cousins qui ont fait parler l’expérience face au jeune colosse. L’un a brillé de par ses fadeaways et son spacing difficilement gérables pour un intérieur, l’autre a discuté dans le langage de l’épaule, du coude et des bons copains. De quoi lessiver un Deandre Ayton systématiquement isolé ligne de fond sur les séquences offensives de son équipe. Dernière roublardise de Mister Lue, missionner des ailiers comme Terance Mann et Paul George pour lui fatiguer le bas de corps. La peinture de Phoenix annihilée, le backcourt Chris Paul – Devin Booker fait de la résistance à coups de pull-up mi-distance (Phoenix Suns 52 – 59 Los Angeles Clippers).

Defense, offense, AND ONE. pic.twitter.com/4uLfG0p5s5

— LA Clippers (@LAClippers) June 29, 2021

Que sont réellement cinq, six ou huit unités d’avance lorsque l’on joue devant une salle qui hue notre basket-ball ? Le naufrage visiteur peut arriver aussi vite que l’enflammée locale, il suffit d’une action au hustle apprécié. C’est en tout cas ce que nous montre Chris Paul en ce début de seconde période : le Point God allume en sortie de pick et fait se lever les foules. Bien que l’écart soit d’ores et déjà défait, Paul George replace les siens sur de bons rails en validant un and one de grand fumier. Une agression de cercle contestée par trois défenseurs, laquelle se conclue malgré tout avec un toucher classieux de l’ancienne gloire de l’Indiana. Les Suns se montrent trop maladroits pour inverser la tendance et manquent plusieurs occasions d’euphoriser l’arène : un tir à 3-points – grand ouvert – de Chris Paul, plusieurs échecs de Jae Crowder et une défense au poste light à souhait. On apprécie la folie de Pat Beverley qui se chahute avec Cipi Fruit et mime le flopping de ce dernier. La chute était sale, mais sans aucun rapport avec la bonne défense du meneur canin. Quelques instants plus tard, le petit Pat transforme le banc des Clippers en jeudi soir étudiant via un tir primé de dégénéré. Le Nico Batum national – on ne peut plus serein balle en main – fait ce que l’on attend de lui et facilite les relations entre ses partenaires. Il sert aussi à ça, recevoir la gonfle à quelques secondes du chrono de possession, garder l’entièreté de ses moyens, user de son volume pour provoquer l’ouverture d’un pote et convertir une scène mal embarquée. L’imprenable Devin Booker est désormais la seule figure qui tient tête aux envahisseurs californiens, mais finit lui aussi par abdiquer sous les huit points consécutifs de Reggie Jackson : deux bombinettes inconscientes et un gros tomar en contre-attaque, la recette d’une séquence décisive. Les Clippers sont à la fête et font ce que n’a pas su faire LeBron en cette postseason : faire taffer la billetterie du Staples Center. Le chapeau de bon élève à Paul George qui cale 41 puntos (Playoffs career high), 13 rebonds, 6 assists et 3 interceptions à 75% au tir dont 3/6 de loin. Cependant, ses deux ballons perdus à cinq minutes du terme auraient pu couter cher aux Clippers. Le facteur X Reggie Jackson en a décidé autrement et prolonge une très belle saison, pour notre plus grand bonheur.

REGGIE JACKSON PUNCHES IT 💥 pic.twitter.com/LIFFgz7pGw

— ESPN (@espn) June 29, 2021

Pas de vacances pour les truands. Suffisamment dos au mur pour devoir réaliser un mini-exploit, les Clippers ont voyagé avec la grosse brouette en Arizona. Une victoire inscrite sur de solides fondations où la révélation de certains ajustements intérieurs pourrait bien inverser le cours de cette série. Le crâne de Monty Williams va devoir chauffer, y’a un choke à éviter.


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