Les GM font un lien entre le calendrier et les blessures : les joueurs victimes du rythme hardcore imposé par la NBA ?

Le 15 avr. 2021 à 11:47 par Nicolas Meichel

Joel Embiid
Source image : NBA League Pass

Victime d’une rupture d’un ligament du genou, Jamal Murray est le dernier grand nom à avoir rejoint l’infirmerie et malheureusement, la liste est plutôt longue cette saison. Une saison 2020-21 marquée par un certain nombre de bobos, qui s’expliquent – selon de nombreux dirigeants NBA – par le rythme effréné imposé par le calendrier.

C’est l’une des craintes qu’on possédait par rapport à cette saison 2020-21 pas comme les autres. En marge du COVID, on craignait une avalanche de blessures suite à la courte intersaison et la mise en place d’un calendrier condensé de 72 matchs. Le rythme de la saison régulière est déjà très soutenu en temps normal, c’est encore plus le cas cette saison. La NBA a beau dire que la santé physique et mentale de ses joueurs représente l’une de ses priorités, on sait tous que les dollars sont un petit cran au-dessus sur l’échelle de ces dernières. C’est pour cela que l’actuelle campagne a commencé deux jours avant Noël – c’est-à-dire seulement deux mois et deux semaines après le dernier match des Finales NBA 2020 dans la bulle de Mickey – pour se terminer à la mi-mai concernant la saison régulière et le 22 juillet au plus tard pour les Playoffs, les Jeux Olympiques de Tokyo démarrant juste derrière. Et sans grande surprise, cette saison 2020-21 est très usante pour les joueurs. Entre tests positifs COVID, protocole sanitaire strict, matchs reportés puis reprogrammés (ce qui provoque des arrêts prolongés suivis de grosses séries de matchs), on vit un exercice globalement chaotique dans lequel les blessures sont devenues un point central. La dernière en date, celle de Jamal Murray lundi, fait particulièrement mal et seulement deux jours plus tard, Baxter Holmes d’ESPN a publié un petit dossier mettant en avant le potentiel lien entre ces pépins physiques et le calendrier hardcore de la NBA. Un dossier basé sur plusieurs interviews réalisées auprès de managers généraux NBA, d’entraîneurs et de membres de coaching staffs.

“Sans hésiter, c’est le pire calendrier que j’ai vu en 25 ans. C’est juste de la folie.”

– Un assistant coach NBA

Plusieurs chiffres sont mis en avant par ESPN. Le premier, c’est celui du pourcentage de matchs ratés par les All-Stars cette saison, à savoir 15%, soit le deuxième plus élevé de l’histoire de la NBA derrière la saison 2014-15 selon Elias Sports Bureau. Le second, c’est le nombre de matchs par équipe et par semaine : 3,6 cette saison contre 3,42 l’an passé. Et depuis le All-Star Break, on est même sur du 3,75 à cause des matchs reportés de la première partie de saison qui restent à rattraper. Face à ça, la NBA assure que le taux de blessure n’est pas plus élevé cette année que la saison dernière et le nombre de blessures est dans la moyenne des saisons précédentes. Aucun chiffre n’a cependant été communiqué pour illustrer cet argument. Avec le COVID et le rythme effréné du calendrier, Adam Silver et ses associés ont notamment mis en place des baseball series (c’est-à-dire deux matchs consécutifs contre un même adversaire et dans la même ville) dans le but de limiter les déplacements et donc augmenter le temps de repos entre les matchs. Un ajustement parmi d’autres mais du repos, il n’y en a pas beaucoup au final car il faut également respecter le protocole sanitaire avec des tests quotidiens qui jouent forcément sur la fatigue, physique comme mentale.

“Il n’y a pas de repos et de récupération avec le protocole COVID. Les déplacements, combinés avec les tests le matin, on n’a jamais vu ça. Les joueurs arrivent dans la salle de tests en marchant comme s’ils avaient 900 ans.”

– Un préparateur physique NBA

L’ensemble de ces facteurs rendent cette saison 2020-21 extrêmement compliquée pour les joueurs et les franchises. Nombreuses équipes ont vu leur campagne être largement perturbée par le COVID. Les Mavericks ont connu un retard à l’allumage à cause de plusieurs absences liées au coronavirus, le Heat a connu beaucoup de forfaits lors des premières semaines, les Celtics connaissent le protocole COVID plus que n’importe qui, et on n’oublie pas non plus les Spurs et les Grizzlies, obligés de rattraper pas mal de matchs en cette deuxième partie de saison. Cela oblige les franchises à utiliser la profondeur de leur effectif (la NBA a élargi les rosters à 17 joueurs depuis l’épisode de la bulle) en faisant jouer des mecs qui n’auraient sans doute pas autant de minutes en temps normal. Et forcément, certaines équipes s’en sortent mieux que d’autres. “Nous sommes passés en mode survie”, a carrément déclaré un manager général NBA. Ça veut dire ce que ça veut dire. Et malheureusement, le rythme imposé aujourd’hui par le calendrier de la Ligue pourrait avoir des effets sur le long terme. Outre les grosses blessures pouvant impacter l’avenir d’un joueur et donc celui de son équipe (comme Jamal Murray avec Denver, même si c’est difficile de faire un lien direct entre sa blessure et le calendrier), l’enchaînement brutal des matchs aujourd’hui peut également fragiliser les corps pour les années à venir.

“Cette période de deux ans aura des effets à long terme sur les joueurs, qui vont durer des années. C’est comme quand vous avez une coupure de courant, vous allumez des bougies pour avoir de la lumière, mais vous ne les aurez plus à la prochaine coupure de courant. C’est ce qu’on fait aujourd’hui avec les joueurs à un rythme alarmant. Mais quelle est la solution ? Des effectifs de 25 joueurs ? Moins de matchs ? Ce n’est pas dans le genre de la Ligue. Cela demande une collaboration avec le syndicat des joueurs. C’est une responsabilité partagée, motivée avant tout par l’argent.”

– Un manager général NBA

Le calendrier condensé provoque-t-il plus de blessures ? C’est l’impression qu’on peut avoir et c’est l’avis de nombreux dirigeants et entraîneurs au sein de la NBA. Sans surprise, la Ligue voit les choses différemment mais au final, il semble assez évident que les joueurs commencent à tirer la langue. Comment pourrait-il en être autrement ?  

Source texte : ESPN