John Wall et les Wizards c’est terminé : un trade au stabilo sur dix ans d’un amour parfois toxique mais surtout passionnel

Le 03 déc. 2020 à 14:27 par Giovanni Marriette

John Wall 3 décembre 2020
Source image : YouTube

La news est tombée cette nuit sur Washington comme l’annonce d’un changement de POTUS. C’était dans l’air, les avis se croisaient, se confirmaient ou se contredisaient, s’écharpaient parfois, et finalement le couperet est tombé sur les coups de 2h du matin. Le chemin qui accompagnait John Wall et les Wizards se termine, avec à droite la direction de Houston, et à gauche l’arrivée de Russell Westbrook dans la capitale. L’occasion, évidemment, de faire le point sur une relation de dix ans… pas toujours au beau fixe, mais néanmoins l’une des plus fidèles et passionnelles de la décennie.

On en parlé dès l’annonce de cet énorme trade, le départ de John Wall réduit donc la catégorie déjà très étriquée des joueurs fidèles, ceux qui n’ont jamais déménagé depuis dix ans ou plus. Dans la NBA actuelle ? Demeurer une décennie entière dans la même maison est la preuve d’une relation particulière avec une ville, une région, une franchise, des dirigeants, et cette nuit ce sont donc dix années qui passent dans la case “souvenirs”, au terme d’un sprint entamé en 2010 et terminé à bout de souffle malgré l’apparent retour en forme du joueur. Dix ans c’est beaucoup, en dix ans il s’en passe des choses, et le couple Wall/Wizards n’a clairement pas dérogé à la règle.

La base d’une bonne entrée en relation ? La hype, l’excitation, la preuve d’un côté comme de l’autre que chacun veut s’engager. Ca tombe bien, John Wall est drafté en n°1 par Washington en 2010, après une saison exceptionnelle avec Kentucky, aux côtés de DeMarcus Cousins, Eric Bledsoe et Patrick Patterson notamment. 35 victoires en 37 matchs, une élimination décevante en finale régionale face à West Virginia mais l’essentiel est ailleurs : une saison 2009-10 éclatée malgré quelques profils solides et/ou badass (Arenas, Jamison, Caron Butler, Nick Young, JaVale McGee), qui offre aux Wizards le premier choix de la future draft. Des Wizards qui jetteront sans surprise aucune leur dévolu sur John Wall, meneur supersonique des Wildcats et promis à un fantastique avenir. Champagne à D.C., un gamin qui affiche rapidement ses ambitions dans la capitale et qui fout le smile à tout le monde, everybody est content.

Souvenir inoubliable : le premier match de John Wall à Washington, avec un Dougie PARFAIT qui avait fait exploser la foule dès l’intro des joueurs 🤩🤩🤩pic.twitter.com/Eg4OEtOhd4

— TrashTalk (@TrashTalk_fr) December 3, 2020

Des premières saisons à la fois compliquées au niveau du bilan (Rome ne s’est pas faite en un jour) mais également, globalement, positives en ce qui concerne l’évolution de Johnny Muret. Rookie de l’année en 2011, ça progresse, Bradley Beal débarque en 2012, Marcin Gortat en 2013, et en 2014 c’est ce que l’on appellera le coup de l’omelette. Baveuse et difforme d’un côté, on fait sauter et hop, de l’autre on découvre une belle surface bien lisse, colorée par endroit, et autrement plus appétissante. Début d’une série de quatre qualifs en Playoffs en cinq ans, début également… du prime de John Wall et attention les yeux car ça va très vite, au propre comme au figuré.

Les années 2014-2017 sont donc les plus belles à Washington depuis… la fin des années 70, logique lorsque l’on possède dans son roster l’un des tous meilleurs meneurs de la Ligue. Le pic pour Wallie ? Il interviendra en 2017, au soir d’une saison lors de laquelle John Wall vit la quatrième de ses cinq saisons level All-Star, au soir d’une saison où il intégrera également et fort logiquement la All-NBA Third Team. Son énorme fait d’armes ? Relégués au second rang ses career highs à 52 pions ou 20 passes, respiration 1, reléguées également ses pointes à 140 km/h balle en main ou un 42/8/4 pour taper les Hawks en Playoffs, respiration 2, puisque l’on vous parle là DU shoot d’une carrière, de ce genre de soir où plus rien ne peut se mettre entre vous et votre destin, entre vous et une franchise qui transpire de bonheur à la simple évocation de votre nom. 12 mai 2017, demi-finales de Conférence, les Wizards sont menés 3-2 par les Celtics et Jean-Jean entre en piste. Le reste ? Il appartient à l’histoire :

La plus grande action de John Wall en carrière avec les Wizards ?

Certainement.

Playoffs 2017.
Game 6 versus Boston.
2 points de retard.
Saison terminée dans 8 secondes…

… ⭐️pic.twitter.com/zftf8Ds2ON

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Le plus gros tir de la carrière du meneur, et une victoire qui enverra les Wizards… perdre le Game 7 face aux Celtics d’un Isaiah Thomas stratosphérique cette année-là.  Ce que l’on pense alors ? C’est que John Wall n’en a pas fini avec nous. Ce que l’on ne sait pas encore ? C’est que le destin viendra malheureusement très vite se mêler de tout ça avec le sourire du Joker. Et on va faire ça sous forme de tiret tiens, parce que c’est encore plus sale.

  • 22 juillet 2017 : prolongation de contrat, quatre ans de plus pour 170 millions.
  • janvier 2018 : blessure au pied, deux mois d’indisponibilité
  • avril 2018 : défaite au premier tour des Playoffs face aux Raptors
  • décembre 2018 : opération au pied, fin de saison
  • février 2019 : en pleine rééducation, glissade à la maison et rupture du tendon d’Achille
  • décembre 2020 : départ pour Houston

En deux ans et demi John Wall aura donc réussi à passer de héros local et All-Star confirmé à paria has been spécialisé dans les blessures et les signes de gang en soirée. On exagère mais c’est fait exprès, comme pour pointer l’incroyable descente sans parachute depuis la signature d’un contrat mérité à l’époque, mais qui aura finalement mis les Wizards dedans jusqu’au cou. Ah, si on savait tout… L’époque lors de laquelle John Wall et Bradley Beal aimaient s’auto-proclamer meilleur backcourt de la Ligue est désormais révolue, ce genre de décla risquée étant d’ailleurs devenu avec le temps une belle petite punchline, et aujourd’hui c’est uniquement avec un œil dans le rétroviseur que l’on évoquera le couple Wall/Wizards, un couple monté très haut dans les aigus il y a maintenant trois ans, mais qui sort aussi d’un break assez désastreux pour l’image, pour les finances et pour l’avenir de chacun des protagonistes de cette drôle de love story, terminée de manière brouillonne autour d’une communication un peu étrange, un peu comme si John Wall VOULAIT partir, un peu comme si les Wizards VOULAIENT qu’il parte, mais que personne n’osait finalement l’assumer.

Au final ? Retenir le positif, aussi, car il y en a beaucoup.

John Wall dans l’histoire des Wizards :

1er en passes décisives
1er en interception
2eme en lancers rentrés
2eme en triple doubles
3eme en minutes
4eme en points marqués
4eme en trois points rentrés
7eme en matchs joués

— TrashTalk (@TrashTalk_fr) December 3, 2020

600 matchs sous un seul et unique maillot, 19 points, 9,2 passes et 1,7 steal  de moyenne, ça c’est pour les chiffres, ce qui reste gravé dans le marbre. Pour le reste ? Des souvenirs, des “this is my city” hurlés sur la table de marque, des histoires incroyables avec une fanbase toute acquise à sa cause, et un homme qui aura réussi à mettre un peu de chaleur sur une franchise historiquement plus habituée aux phares antibrouillard qu’à la crème solaire. Et ça mine de rien ? C’est déjà une sacrée performance. Un homme qui a laissé des souvenirs impérissables aux fans de sa franchise comme nous en parle d’ailleurs – comme toujours – très bien les membres éminents de la Team Wizards France sur Twitter.

Un vrai déchirement. Mais aujourd’hui, si tu veux contenter tout le monde (John Wall et Bradley Beal, ndlr)… tu vas chercher Russell Westbrook. John Wall retrouve son pote DeMarcus Cousins et Beal a son meneur de qualité. – Beverley

John Wall ? Un grand joueur, presque MVP, des séries mémorables… mais je pense surtout au bonhomme là. Les œuvres, le temps qu’il aura passé à Washington, le lien avec les fans (cf sa célébration du Game 6 en 2017), le renouveau de DC sur la décennie… la définition même du mec qui te faisait lever à 3h du matin. – Alexis

A chaud c’est un énorme déchirement. John représente tellement pour les fans, pour la ville, c’était un super joueur oui, mais un excellent humain également, malgré ses trop nombreuses frasques. Tout ce qu’il a fait pour les enfants à DC, peu de joueurs le font, John ne le faisait pas pour son image, il le faisait vraiment parce qu’il aimait aider. Alors oui, la rupture est brutale, sans qu’on sache aujourd’hui encore tous les tenants et aboutissants, il est probable que John ait voulu ce transfert. Ça fait mal, mais on lui pardonnera tout, comme une ex qui t’avait promis de ne plus coucher avec ton meilleur pote. – Quentin

En tentant de prendre du recul et de regarder les choses objectivement sur le plan sportif, on lâche un first round en 2023. C’est moche mais vu le contrat de Wall tu devais lâcher de l’asset. En contre-partie tu récupères WB, peu de chances que tu aies quelque chose de mieux à l’heure actuelle avec le contrat de John. Ce dernier était revenu au top oui, mais tout de même avec de l’incertitude, j’ai quand même la sensation qu’il va faire une grosse saison et faire taire quelques bouches avec son poto Cousins. Je ne me fais pas de souci pour la complémentarité WB-Beal, ça va fiter, faut juste que Russell comprenne bien qu’ici c’est la franchise de Beal, mais on y croit. Russell, bien que clivant, est un joueur que tu aimes forcément lorsqu’il est dans ton équipe. Une page (un chapitre) se tourne à DC, il le fallait, au fond on le sait. Bien que la blessure soit béante encore, les éclaircies sont à l’horizon. – Quentin

Il faut vraiment mettre l’accent sur l’amour réciproque entre John et Washington. Toute la ville, pas seulement les Wizards. C’est la fin d’une ère qui aura marqué à tout jamais l’histoire de la franchise. Même si ses perfs et ses stats sont dingues, on a parfois l’impression que ça allait au-delà du basket. – Ben

Un joueur qui m’a prouvé que la loyauté en NBA n’était pas morte, mais pourtant aujourd’hui… je me sens trahi. John Wall représente absolument TOUT à Washington. Folie, collectif, exploits, dix ans d’un amour fou. Le plus dur pour moi aura été d’avoir du attendre deux longues années pour le voir revenir… Un chapitre se ferme, un autre s’ouvre et on espère que Russell Westbrook en sera digne. – Luca

Quelques témoignages qui prouvent à quel point l’ADN Wall est encore présent aujourd’hui chez les fans des Wizards, tout aussi rares qu’ils puissent être, et qui tire donc un trait définitif sur une histoire compliquée et belle à la fois, une histoire longue de dix ans, une histoire comme on n’en fait – presque – plus aujourd’hui.


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