LeBron James et Anthony Davis, une première année presque parfaite : et si c’était la meilleure collaboration de la carrière du King ?
Le 14 avr. 2020 à 12:27 par Nicolas Meichel
En débarquant l’été dernier à Los Angeles dans le cadre d’un transfert bien fat, Anthony Davis est venu épauler LeBron James, qui sortait d’une saison assez chaotique lors de sa toute première année aux Lakers. Le nouveau duo angelino a immédiatement fait des ravages et les deux monstres donnaient l’impression de jouer ensemble depuis un bon bout de temps. Du coup, on n’a pas pu s’empêcher de faire une comparaison avec les autres grands duos de la carrière du King, où les débuts n’ont pas toujours été aussi fracassants.
Mais avant de rentrer dans ce petit jeu, faisons un bref état des lieux concernant les débuts de BronBron et du monosourcil sous le maillot pourpre et or. Revanchards après une saison 2018-19 qu’on pourrait qualifier de décevante pour les deux joueurs, l’un à Los Angeles et l’autre à New Orleans, James et Davis sont revenus avec le couteau entre les dents et dès la pré-saison, on a eu un aperçu de ce que ça pouvait donner. Cet aperçu s’est ensuite transformé en film interdit aux moins de 18 ans car le duo a fait du sale tout au long de la régulière. Parmi les monstres à deux têtes qui sont nés durant l’intersaison 2019, celui de Los Angeles a été le plus performant et le plus constant dans l’excellence. En comparaison, Kawhi Leonard et Paul George ont beaucoup moins joué ensemble, et on n’a pas vraiment pu voir ce tandem au top à cause notamment du load management et des bobos de PG-13. James Harden et Russell Westbrook ? Des énormes stats mais il a fallu attendre février pour voir ces deux-là véritablement cartonner en même temps. LeBron et AD ont eux proposé du lourd pratiquement from day one, et leur entente fut presque évidente malgré le fait qu’ils étaient eux aussi en phase d’apprentissage. Avec un James en mode Magic et un Davis impressionnant de polyvalence, les deux ont formé une combinaison létale pour les adversaires. Le pick & roll entre les deux a été particulièrement violent, et l’un a clairement profité de la présence de l’autre. On a même pu observer un LeBron plus focus en défense cette année, poussé par le pilier AD, auteur d’une saison calibre DPOY. Et dans le même temps, Davis n’a jamais autant marqué de tirs à 3-points dans sa carrière, tentant plus souvent sa chance sous l’impulsion de James et ses nombreux caviars.
Durant sa carrière, LeBron a évolué aux côtés de sacrés phénomènes, mais jamais les choses n’ont semblé aussi évidentes aussi vite. James et Davis, on a l’impression qu’ils possèdent déjà plusieurs saisons en commun derrière eux. Il y a un équilibre, c’est très complémentaire et on ne se pose pas vraiment la question de savoir qui est le big boss de l’équipe car chacun brille dans son rôle respectif. James est le chef d’orchestre, le meilleur distributeur d’assists de la Ligue, le patron quand il s’agit d’organiser le jeu. Davis est le meilleur scoreur ainsi que le pilier défensif de l’équipe. D’un point de vue purement basket, cette combinaison est assez naturelle et elle a rapidement tourné à plein régime. Avec Dwyane Wade par exemple, qu’on peut considérer comme le meilleur coéquipier de la carrière de James vu le bordel qu’ils ont réalisé ensemble, il a fallu plus de temps pour trouver cet équilibre après la folie de la Free Agency 2010, où Flash a accueilli Bron les bras ouverts. Déjà, rappelons que la dynamique de base était différente car on était sur un Big Three à Miami avec Chris Bosh, ce qui n’est pas le cas à Los Angeles à moins que vous ne considériez Jared Dudley comme le troisième membre. Mais on peut tout de même parler de duo dans le sens où CB a rapidement pris le rôle de numéro 3. La première année entre LeBron et D-Wade a été caractérisée par des hauts et des bas, loin de la régularité démontrée par le duo James – Davis. Les deux étaient dans leur prime, les deux avaient pris l’habitude de porter leur équipe de Miami et Cleveland, et les deux étaient des joueurs de ballon évoluant à l’extérieur. Pas top comme combinaison malgré leur énorme talent, et on a vu tout au long de leur première campagne des séquences de “à toi, à moi” pas idéales. Il a fallu attendre l’humiliation des Finales 2011 contre Dallas pour voir D-Wade, de plus en plus touché par les bobos, donner les rênes de sa franchise à LeBron. Un sacrifice qui a permis au King de regagner son statut de MVP, et au Heat de trouver un vrai équilibre pour rafler deux bagouzes derrière.
L’autre grand duo de la carrière de BronBron est évidemment celui qu’il a formé avec Kyrie Irving à Cleveland entre 2014 et 2017. Là encore, on était plus dans une configuration Big Three à la base avec Kevin Love, mais ça s’est vite transformé en one-two punch. Comme à Sud Plage, la première saison n’a pas été un long fleuve tranquille. Vous vous rappelez de la première partie de régulière des Cavs cette année-là ? 19 victoires pour 20 défaites. Pas très beau ça. Certes, les petits pépins de LeBron – obligé de prendre deux semaines de vacances pour recharger la machine – ont largement contribué à ce retard à l’allumage, et Cleveland a ensuite réussi à bien redresser la barre pour arriver jusqu’en Finales NBA. Mais la transition n’a pas été facile, notamment pour Kyrie. Car faut pas oublier que c’était la franchise de Drew avant que James ne revienne à la maison. Même s’il collectionnait les défaites, Irving possédait SON équipe et était très clairement la première option. Alors quand vous avez un mec du calibre de LeBron qui débarque, forcément ça chamboule le système et ça demande une adaptation, sans oublier la pression et les attentes qui arrivent d’un coup. Jouer avec le King, ce n’est pas toujours évident et Uncle Drew a un peu galéré avec ce concept. Trois ans plus tard, ça a explosé avec la demande de transfert d’Irving, bien décidé à sortir de l’ombre de celui qui n’arrêtait pas de l’appeler “kid”. Contrairement au duo James – Wade, où c’est surtout sur le plan technico-tactique que ça pouvait piétiner un peu entre les deux potes, le tandem James – Irving était plus en décalage par rapport au rôle que pouvait avoir Kyrie aux côtés de LeBron. Ça n’a jamais été un conflit ouvert hein, et les deux ont su combiner leurs énormes qualités – des qualités plutôt complémentaires d’ailleurs – pour terroriser les défenses adverses et remporter ce titre légendaire de 2016. C’est juste que ça ne pouvait pas durer éternellement.
LeBron James et Anthony Davis ne sont pas passés par toutes ces turbulences lors de leur première saison sous le même maillot. Sur les parquets, les rôles de chacun sont bien définis et complémentaires tandis qu’en dehors, les deux sont clairement sur la même longueur d’onde. À 35 balais, même s’il évolue encore à un niveau de folie, le King sait qu’il est plus proche de la fin que du début, et il compte bien maximiser sa relation avec Anthony Davis pour gagner un nouveau titre et prolonger sa carrière encore un peu plus. AD – âgé de 27 ans – possède son prime devant lui, on est donc dans une dynamique presque naturelle entre les deux, avec un Davis qui devrait continuer à monter en puissance pendant que LBJ déclinera forcément. D’un côté, ça va faciliter les choses mais de l’autre, ça ne donne pas énormément de temps aux Lakers pour ramener une bannière supplémentaire au Staples Center pendant que les deux évoluent encore à un niveau de MVP. LeBron et Wade étaient pressés de gagner mais ils étaient loin de leur fin de carrière, LeBron et Kyrie avaient également plusieurs années devant eux, là la situation est un peu différente à Los Angeles. Alors si cette première saison aux Lakers a été un gros succès jusqu’ici, on peut dire que la suspension de la NBA pour cause de coronavirus est mal tombée pour le duo LBJ – AD, car c’était peut-être la meilleure opportunité pour les Lakers de gagner un titre. Et c’est Dudley qui le dit.
Si le tandem composé de LeBron James et Anthony Davis fonctionne peut-être mieux que n’importe quel autre dans la carrière du King, c’est seulement avec un titre NBA qu’il pourra éventuellement être considéré comme le meilleur duo devant LeBron – Wade et LeBron – Kyrie. Et aux dernières nouvelles, on n’y est pas encore.