Pas de défense, pas de progrès : si les Hawks continuent à jouer à 1-2-3 soleil, rien ne va vraiment changer
Le 20 mars 2020 à 14:09 par Bastien Fontanieu
Si l’on devait expliquer en quoi la saison 2019-20 des Hawks fût décevante, on aurait pu sortir un paquet de raisons. Mais la plus flagrante, la plus attristante, celle qui met des nuages dans le futur d’Atlanta : c’est la défense. Et c’est peu dire si y’a du boulot.
Lloyd Pierce, coach des Hawks, l’avait annoncé sur la pointe des pieds l’an dernier. Il l’avait dit, après une deuxième partie de saison excitante, qu’il ne fallait pas se faire des attentes incroyables autour de son équipe et pour une raison simple. Avec des vétérans disparus (Kent Bazemore, Dewayne Dedmon) et remplacés notamment par des joueurs trop jeunes (Cam Reddish, Bruno Fernando, DeAndre Hunter), il allait forcément y avoir des dos d’âne sur la route. Impossible d’attendre monts et merveilles en ayant un effectif aussi jeune, à qui enseigner tout un système offensif… avant de se pencher sur la défense. C’est peu dire si la leçon a été appliquée avec soin. Les Hawks ont proposé la pire défense de toute la NBA, sans trop de débat envisageable. Allez, on peut parler des Cavs ou des Wizards, dans le lot, mais c’est tout. Les Spurs, Warriors et Blazers, à l’Ouest, ont montré bien mieux malgré leurs affreux rankings. Et le duo Cleveland – Washington, par séquence, a montré du positif en attaque. Ce qui a permis à ces franchises de proposer quelque chose de respectable. Pas du tout le cas d’Atlanta, qui a proposé un différentiel terrible entre inefficacité défensive et efficacité offensive. Du coup, quand t’as pris 36 fois (!!!) plus de 120 points dans un match, même quand ton équipe carbure à plein régime en attaque, tu t’exposes à de lourdes défaites. Deux équipes en ont mis plus de 150 dans le temps réglementaire, c’était tout simplement honteux.
Alors oui, y’a la jeunesse, l’incompréhension des rotations et des principes de base pour certains. Il y a le leadership, si ton All-Star n’en fout pas une en défense, difficile de motiver les autres. Mais il y a clairement eu un problème d’effectif, de spécialistes et de recrutement opéré à Atlanta, qui doit impérativement changer cet été. Hunter et Reddish, rookies, ont été les deux meilleurs défenseurs des Hawks cette saison : cela n’a aucun sens. Avec tout le talent qu’ils ont, ils seront intéressants à regarder à l’avenir, mais quelle équipe base sa réussite sur le professionnalisme défensif de joueurs qui traînaient dans les couloirs universitaires il y a un an ? Evan Turner et Allen Crabbe n’ont pas eu d’impact dans le jeu, la raquette a été un stand libre avec Alex Len, Bruno Fernando et Damian Jones pour gérer le poste de pivot. Le premier rideau, on oublie, et sur le banc pas un garçon motivé par sa propre moitié de terrain. Les Hawks peuvent avoir tout le talent et la hype du monde, sans faire attention à sa raquette, il n’y aura tout simplement pas de progrès réel à l’avenir. L’avantage, c’est que si un blédard peut écrire ça sur son bureau en France, ça devrait trotter également dans la tête des dirigeants à Atlanta.
Premier move, récupérer Clint Capela, qui devrait changer la donne en protection d’arceau. Vu la concurrence à son poste, autant dire que le Suisse va avoir une tête de Dikembe Mutombo façon sauveur de peuple en levant simplement ses bras dans sa nouvelle équipe. Mais ensuite ? Au boulot, Travis Schlenk. Si le GM des Hawks veut que son équipe soit meilleure, il faudra filer de la meilleure came à son entraîneur. Il faudra donc surveiller de près les signatures futures à Atlanta, car n’importe quel joueur intégré devra avoir un profil défensif. Un vétéran qui met des tartes, un ailier capable de switcher sur plusieurs attaquants, un meneur pitbull qui mène la vie dure. Tout sera observé au microscope, pour la simple et bonne raison que ces choix définiront la gueule de la reprise en Géorgie. S’il n’y a pas eu d’effort de la part du management pour entourer les jeunes talents offensifs, très bien, on repartira sur une trentaine de victoires max et des déceptions à la pelle, même avec un Capela au sommet de son art. S’il y a un choix conscient, en mettant des verrous respectés dans ce vestiaire, là on pourra parler de projet excitant attendu. Car derrière, un flemmard comme Trae Young n’aura plus le choix. Un John Collins à la recherche de son gros contrat n’aura plus le choix. Et un Lloyd Pierce qui aura vite une sensation chaude sous son siège n’aura plus le choix. Maillots, stade, mascotte, pubs, on s’en fout. Atlanta doit apprendre à défendre, sous peine de réserver encore plus de frustration et de peine pour ses fans comme ses joueurs la saison prochaine.
Les Wizards ont su surpasser une défense horrible en attaquant assez bien. Les Nets ont su surpasser une attaque horrible en défendant assez bien. Le meilleur des deux mondes ? C’est le début du bonheur. Vous savez quoi faire, Travis, Clint, Lloyd, John et Trae. Au travail.