La saison 2019-20 exceptionnelle de Trae Young : du talent, du charisme, pas de défense mais un jeu royal

Le 20 mars 2020 à 14:59 par Bastien Fontanieu

Trae Young Atlanta Hawks 23 Février 2020
Source image : NBA League Pass

Trae Young n’a peut-être pas remporté beaucoup de matchs cette saison, mais Trae Young a fermé beaucoup de bouches cette saison. Pourquoi ? Parce qu’en voyant sa campagne, son jeu, les attentes placées sur lui et le style qui allait avec, le meneur d’Atlanta a posé des bases saisissantes pour la suite de sa carrière.

Trop petit.

Bust.

Pas aussi fort que Luka.

On pourrait faire une liste qui regrouperait toutes les punchlines, et on aurait certainement besoin d’un nouveau clavier pour continuer à écrire. Arrogantfloppeur, vous en voulez d’autre ? Tête d’abruti, pas All-Star. Bla, bla, bla. Pas un jour ne passe sans que Trae Young soit taclé, parfois de manière injuste, parfois en le voyant tendre le bâton. Demandez à Trevor Ariza, par exemple, ce qu’il pense après s’être pris un petit pont, avant d’envoyer le meneur valser au premier rang. Demandez à Jimmy Butler, par exemple, ce qu’il en pense après avoir vu Young annoncer game over à Miami, avant de perdre le match par la suite. Oui, sous bien des aspects, Young énerve. Mais il attire aussi. Il irrite, mais il fait criser. Dans la veine des grands joueurs, déjà, Trae ne fait clairement pas l’unanimité et ne laisse personne indifférent. C’est ce mélange piquant qui a embrasé les rues d’Atlanta et fait du joueur une star en un claquement de doigts. On aime Young parce qu’il tente des gestes incroyables, on l’aime parce qu’il a du culot, qu’il a cette mentalité peur de rien et qu’il veut faire partie de l’élite. On aime Young parce que le basket est un jeu quand on le voit jouer, on l’aime parce qu’il a ce petit plus, ce facteur supplémentaire, qui fait que vous pouvez difficilement demander à vos yeux de ne pas le regarder.

Cette saison, avec les Hawks, Ice Trae a fait tout ce qu’il était en mesure de faire. Concrètement, on va poser la question, que pouvions-nous demander de plus ? Oui, certes, de la défense et du leadership, pourquoi pas. Mais dans un groupe aussi jeune, sans pouvoir compter sur les vétérans, avec un bras-droit suspendu 25 matchs dès le début de saison ? En tournant à 29,6 points, 9,3 passes à 36% de réussite du parking, Young a tapé des cartons monumentaux sous les couleurs d’Atlanta cette année. Des 30-10, des 40-10, des matchs à 50 points, sans trop de déchets, avec des actions incroyables, permettant aux Hawks de se faire une petite place sur YouTube et les réseaux sociaux. Sans lui ? Pscht, sa franchise aurait coulé de manière lamentable. C’est juste un fait. Lorsqu’on voit à quel point le coach Lloyd Pierce a misé sur sa star, c’est indéniable. Tout ça en voyant, aussi, d’autres copains de sa cuvée de Draft se faire un début de place au soleil, comme Jaren Jackson Jr à Memphis ou Luka Doncic à Dallas, deux joueurs attendus aux potentiels Playoffs 2020. Oui, en étant All-Star titulaire, en étant aussi fort techniquement et excitant balle en main, Trae Young a rejoint les étoiles du jeu dès sa deuxième saison pro.

Mais est-ce que cela suffit pour autant ? Est-ce que les Hawks doivent se satisfaire de cela ? Malheureusement, non. Et pour lui aussi, le niveau supérieur doit être passé. Statistiquement, évitons les blasphèmes, ce sera difficile de faire mieux que du 30-10 de moyenne tous les soirs. Trae a insisté sur le fait qu’il voulait devenir le premier joueur depuis Nate Archibald à être meilleur marqueur et passeur de la Ligue, ça sera compliqué dans un futur proche, mais pourquoi pas. L’idée n’est pas là. Elle est dans le next step qui l’attend la saison prochaine. Ses idoles ? Steve Nash et Stephen Curry, des joueurs qui ont rendu leur équipe meilleure. Voilà la prochaine étape, celle qui définira la légende de Trae Young. Est-ce un incroyable talent mais qui ne défend pas un lampadaire et offre donc uniquement des highlights de novembre à avril, ou bien est-ce un talent générationnel, une merveille offensive capable d’emmener son équipe dans les hauteurs de l’Est ? Est-ce un leader qui fait l’effort supplémentaire et privilégie le dialogue plutôt que les pubs, ou bien est-ce une starlette qui serait parfaite (coucou Kyrie) à côté d’un vrai joueur de niveau superstar ? C’est l’heure, il l’a dit lui-même. C’est l’heure de gagner, d’arrêter de trouver des excuses. Car les grands talents ont des excuses, mais les légendes n’en ont pas. L’été à venir sera décisif pour Young, comme ses coéquipiers et son management. Encore une mauvaise année, et un trait commencera à se dessiner autour de sa drôle de crinière. Une saison collective prometteuse, et on rangera le crayon pour sortir le stylo plume. Que Trae montre la voie et nous surprenne, encore, comme il l’a fait depuis sa montée, en short, sur les marches de la Draft.

Combien de joueurs über-talentueux ont traversé la NBA, pour exceller individuellement sans jamais comprendre les finesses de la réussite collective ? Cette question, si on pouvait, on la poserait à Trae Young. Après une première année excitante et une deuxième année de mastodonte, le meneur va encore devoir passer un cap. Réponse à venir dans quelques mois.


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