Collin Sexton divise autant que le slash de votre calculette : joueur 2K ou vraie menace en devenir, on ne sait que dire

Le 18 mars 2020 à 15:23 par Giovanni Marriette

Collin Sexton 12 février 2020
Source image : YouTube

Quand vous prenez cette saison 2019-20 d’un pur point de vue statistique, un homme peut facilement passer pour un patron à Cleveland. Cet homme c’est Collin Sexton, et la simple lecture de cette phrase donne pourtant une espèce d’envie de vomir aux fans des Cavs. Car Collin Sexton c’est à la fois Jean-Michel Wow et Barnabé Beurk, un mec que tu aimes autant que tu le détestes. L’occasion parfaite pour remettre l’église au centre du village, à savoir peser le pour et le contre dans le dossier de l’un des joueurs les plus clivants de toute la NBA.

La saison de Collin

Statistiquement ? Une tuerie. Parmi les meilleurs sophomores de NBA bien que très loin des intouchables Luka Doncic et Trae Young, Collin Sexton a participé à tous les matchs de son équipe et les a tous débuté. Pas vraiment meneur car peu d’amour pour l’altruisme, pas vraiment arrière car doté d’un corps de lâche, Collin joue donc “sur la ligne arrière” sans vraiment s’accrocher à un poste bien défini. Mis en concurrence assez vite avec un Darius Garland pour beaucoup plus talentueux mais moins NBA ready, il ne fait en tout cas pas de doute dans l’esprit de John Beilein sur la question de qui détient une bonne partie des clés de l’attaque. A l’arrivée ça nous donne plus de vingt points par match et une série post-All-Star Game du feu de Dieu (30 pions de moyenne sur les huit derniers matchs) une fois les vannes du tanking ouvertes, une pointe à 41 face à Boston et de belles promesses dans un rôle de slasher scoreur dont le seul intérêt est un cercle orange servant de base à une ficelle blanche.

C’est quoi le problème en fait ?

Des problèmes ? Il y en a… quelques uns. On l’a dit, Collin n’est pas un meneur de jeu, et les innombrables découpages faits cette saison sur son jeu sont là pour le prouver. De l’impression visuelle un peu cheum donc, mais aussi une conclusion facile à tirer quand on se pose un peu sur les stats de l’ancienne resta d’Alabama. Quasiment autant de… balles perdues que de passes décisives, oh qu’elle est moche cette stat, et l’on comprend donc beaucoup mieux le flot de critiques qui s’abattent sur le gamin depuis plusieurs mois. D’énormes difficultés à se muer en joueur – un minimum – altruiste et une explication logique également à la moue des vétérans de Cleveland, en premier lieu un Kevin Love à deux doigts de lui mettre sur la gueule à mi-saison à force de ne pas voir la gonfle. Les Cavs prennent branlée sur branlée, Collin Sexton se croit sur le playground de son enfance et énerve donc de près comme de loin et après quelques mois il devient même le symbole de la scission entre les jeunes et les moins jeunes. Vrai talent mais cerveau peu fonctionnel, sait où se trouve le panier mais pas les copains, pas de vrai poste défini, freine l’évolution d’un vrai prospect, bref un dossier bien complet malgré les skills du garçon, et on appelle ça une vraie transition.

Ce qu’il ne faut pas oublier

Ce qu’il ne faut pas oublier ? Tout simplement que le gamin s’est affirmé en moins de deux ans comme l’un des attaquants les plus doués de la Ligue, et l’un de ses meilleurs manieurs de ballon. Ne pas oublier non plus que la saison sophomore du garçon a été conditionnée par un environnement peu stable du fait de la difficulté de John Beilein à faire adopter à tout le monde ses méthodes de dictateur est-allemand universitaires. Difficile dans ces cas-là de devenir un joueur de basket responsable au sein d’un collectif qui tire dans le même sens, et ce que l’on peut dire aujourd’hui c’est en tout cas que Collin Sexton reste le seul mec du roster (avec un morceau de Kevin Porter Jr. sur la fin de saison) à avoir montré qu’il était capable de foutre le feu à une défense. Il faudra du temps, beaucoup de temps peut-être, et dans cette optique la prolongation de coach Bickerstaff semble être une bonne nouvelle pour lui. On parle quand même d’un mec qui n’a l’âge de boire de l’alcool que depuis trois mois, l’heure de se demander – peut-être – si l’on est pas un tout petit peu trop pressé.

Et maintenant, qu’est-ce qu’on va faire de toi ?

Bonne question, en même temps c’est nous qui la posons. En même temps nous ne sommes pas les seuls d’ailleurs, et l’avenir de Collin Sexton fait ainsi partie des gros points d’interrogation ayant attraits au futur proche de la franchise de l’Ohio et même de la NBA toute entière. Très clairement les Cavs peuvent envisager l’avenir assez sereinement, avec un trident Garland / Sexton / Porter Jr. giga talentueux. L’idée ? Confirmer Darius Garland en tant que meneur titu et surtout confirmer le Sextoy Collin au poste 2, en lui ôtant cette lourde responsabilité d’organiser le jeu. Le faire jouer arrière c’est oui, le faire jouer arrière aux cotés d’un meneur encore moins expérimenté que lui c’est bof, et si le besoin d’avoir des joueurs sur le terrain ne s’était pas autant fait ressentir cette saison à Cleveland… on aurait bien vu le petit sortir du banc, tout simplement. Dans un rôle à la Lou Williams, à la Terrence Ross, ce genre de mec dont le seul objectif est de planter des buckets, ce genre de mec que l’on ne blâme pas après une ligne de stats en mode 31/0/0/0/0. A Cleveland ou ailleurs puisque rien n’est moins sûr concernant les envies de mariage de la franchise, mais avec une ambition claire et nette le concernant : ne pas brider un tel talent car du talent le garçon en a et pas qu’un peu.

Voilà le paradoxe avec Collin Sexton. On parle d’un gamin de 21 ans qui tourne à 20 points de moyenne pour sa deuxième saison en NBA et dont pas mal de monde s’accorde à dire qu’il est un véritable boulet sur un terrain de basket. Saison 3 incoming, un jour peut-être, mais Collin devra être fort, plus que les autres encore, pour se faire sa place et prouver qu’il peut aider une franchise à gagner des matchs. Bon chance hein.


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