David Stern, 77 ans, est décédé : commandant de bord pendant 30 ans, le patron laisse une NBA plus belle que jamais
Le 02 janv. 2020 à 05:06 par Bastien Fontanieu
C’est à 22h, ce mercredi 1er janvier 2020, que l’ancien boss de la NBA nous a quitté. David Stern, qui était hospitalisé depuis le 13 décembre dernier à New York suite à une hémorragie cérébrale, laisse derrière lui un héritage immense et un sport plus populaire qu’il ne l’a jamais été.
La nouvelle est tombée sur les réseaux sociaux comme une bombe, alors que l’enthousiasme de démarrer une nouvelle décennie occupait l’esprit de la plupart des gens. Comme un coup de massue, sur une grande famille du basket voyant partir un de ses patriarches, un de ses piliers, un de ses pères fondateurs. Car oui, si David Stern n’est pas à proprement parler un des fondateurs du basket-ball en tant que sport, il est cependant celui que l’on peut considérer comme étant le plus responsable de la NBA que l’on connaît aujourd’hui. Par où commencer, quand on veut parler de l’ancien commish de la Ligue ? Difficile à dire, impossible de classer, de hiérarchiser. Car les éléments sont déjà trop nombreux pour tous les citer. La Dream Team de 1992, main dans la main avec Boris Stankovic, c’est lui. La création de la WNBA, c’est lui. La Loterie de la Draft et une free agency mieux encadrée, c’est lui. La médiatisation de la NBA avec des Finales enfin diffusées en direct, c’est lui. NBA Cares, le nettoyage de la Ligue après l’avoir récupérée dans un état déplorable, l’explosion des revenus des joueurs et de la valeur des franchises, l’internationalisation du jeu, le merchandising génial des produits dérivés,… Même en se promettant de ne pas faire de liste, et en prenant pourtant le temps de partager à voix haute (ou ici à l’écrit) quelques faits d’armes qui viennent directement en tête, on ne peut s’empêcher d’admirer le travail qui a été accompli par cet ancien avocat dont la vision était claire tout au long de son mandat : faire de la NBA une Ligue d’exception, un produit phare dans le monde du sport, et une vitrine du basketball partout sur le globe. Autant être clair, lorsque David Stern débarque en 1984, il y a beaucoup plus de chance que la Ligue implose qu’elle ne devienne celle qu’on connaît de nos jours. Il faut un travail de titan, un leader, une poigne ferme pour redresser le navire. Un projet que Stern va entreprendre avec plusieurs alliés, permettant au basket de grandir et de rentrer dans la tête des jeunes sportifs du monde entier. Adam Silver, notamment, va être à ses côtés pendant de nombreuses années pour prendre la suite avec l’espoir de faire aussi mieux que son prédécesseur et mentor.
S’il y a bien une chose que l’on peut dire sur David Stern, l’homme, c’est qu’il était aussi passionné que coriace, aussi ferme que malin, habile que carré, adoré et parfois interrogé. En tant que leader, Stern a connu des moments compliqués, entre l’affaire d’arbitrage des Playoffs de 2002, le transfert avorté de Chris Paul ou l’intégration du dress code en 2005. Mais il fallait bien qu’un patron gère son rôle de… patron et encaisse les coups, en première ligne. Critiqué, oui, David Stern l’a maintes fois été, mais il n’a cependant pas hésité lorsqu’il fallait prendre la parole et des positions sur les sujets les plus compliqués. Lorsque Magic Johnson, par exemple, annonce qu’il est atteint du VIH en 1991 et qu’il va prendre sa retraite, c’est Stern qui tente de calmer un climat d’anxiété et de soupçon dans tout le pays en soutenant publiquement Magic dans son combat. On parle d’une époque durant laquelle la majorité des observateurs pensaient que serrer la main de Johnson ou créer le moindre contact physique pouvait les mettre en position de danger pour leur propre santé. Des joueurs aux propriétaires en passant par les journalistes, il y avait une véritable crainte collective quant à un potentiel retour de Magic au basket, tout simplement car on n’en savait pas autant sur la maladie qu’aujourd’hui. Crainte face à laquelle Stern décida de prendre le chemin le plus bienveillant, en se renseignant sur le VIH et en tentant d’éduquer les masses avec Magic. Pourquoi sortir cet exemple en particulier ? Parce qu’il permet un contraste parfait entre l’image qu’a véhiculée David Stern pendant des années, et ce qu’il a aussi réalisé pour faire balance. Businessman génial, leader respecté, Stern était souvent associé aux dollars, à l’aspect mercantile du basket, sa mondialisation et son explosion financière. Mais ce n’est ni un tacle ni une erreur d’affirmer cela, car le sport en avait besoin et il n’a jamais autant grandi que sous sa main.
La NBA est en deuil, le basket est en deuil, pour démarrer cette nouvelle année 2020. Le plus grand commissionnaire de l’histoire de ce sport est parti, il laisse derrière lui une balle orange mondialement partagée, avec un avenir brillant. Merci pour tout, David Stern. Ces lignes ne s’écriraient certainement pas à 5h du matin sans ce fabuleux mandat.