Do you remember… le Mamba Day : une soirée psychédélique, tellement représentative de Kobe Bryant et de la décennie des Lakers

Le 16 déc. 2019 à 17:56 par Giovanni Marriette

Il est des instants restés gravés dans l’histoire de la NBA. Ce genre de souvenirs impérissables dont on se rappelle les moindres détails. La soirée du 13 avril 2016 fait partie de ces instantanés historiques… et à plus d’un titre. Saviez-vous que c’est ce soir-là, entre autres, que les Warriors validèrent l’ultime étape de leur légendaire 73-9 en régulière ? Si si. Mais saviez-vous aussi que cette étrangeté historique avait été – folie pure quand on y pense – totalement éclipsée par un tout autre évènement qui se produisait dans le même temps à 597 kilomètres de l’Oracle Arena ?

Car ce soir-là le main event n’est pas un match de basket ayant pour enjeu une qualification en Playoffs ou une première place de Conférence mais bien… la dernière marche du Farewell Tour de Kobe Bryant. La dernière griffe d’une carrière longue de vingt saisons, toutes passées à Los Angeles, une carrière durant laquelle Kobe aura filoché la bagatelle de 33 643 points en régulière et 5 640 en Playoffs. Vingt saisons au cours desquelles le Mamba aura participé à offrir cinq bagues de plus aux Lakers, au cours desquelles il aura été deux fois meilleur scoreur de la Ligue, une fois MVP (en 2008) et dix-huit fois All-Stars, et c’est l’heure de s’arrêter là pour le palmarès car vous le connaissez déjà tous par cœur, surtout les fans des Kings.

Retour au Staples Center donc, car ce soir-là c’est littéralement tout le gratin qui est présent. Cette soirée c’est LA soirée de Kobe mais aussi la soirée où il FAUT être, pour faire partie d’un shine que l’on avait pas vu depuis un certain temps en NBA, peut-être même depuis l’époque d’un certain MJ, et notre Kobe appréciera probablement la comparaison. Jack Nicholson évidemment, un Snoop Dog excité comme une puce, Jay-Z et sa gow, puis à peu près toutes les stars possibles passées un jour par le Staples Center, tout le monde est là et Kobe a même trié sur le volet quelques uns de ses sauces les plus proches, notamment les illustres DJ MBenga et… Ronny Turiaf, le Français étant posé oklm au premier rang de l’une des soirées les plus hypes de l’histoire de la NBA avec son style inimitable de mec habillé comme en Laponie alors qu’il fait 80 degrés dans la salle.

Un parterre de guests donc, mais surtout un homme au centre de l’attention, comme il l’a toujours voulu/été. Kobe Bryant, vingt ans de patronnat à L.A., même quand il n’était pas le joueur le plus important de l’équipe, la bise au gros Shaq, vingt ans d’une couverture tirée à lui dans l’unique but de montrer à tout le monde qu’il était bel et bien une icône, et au passage le moule le plus ressemblant de Michael Jordan, ce dont il ne s’est jamais caché. Vingt ans à faire la pluie (il a beaucoup plu en Californie, ne vous méprenez pas) et le beau temps (il a aussi fait très chaud) à Los Angeles, à planter 81 points par-ci, à dégommer un partenaire par-là, à gagner des bagues avec le Shaq à 12h et à s’embrouiller avec lui à 20h, bref un je t’aime moi non plus de vingt ans mais qui a tout de même débouché sur un constat implacable : Kobe et les Lakers ne font qu’un car Kobe est une légende de L.A., de ceux qui n’ont jamais quitté le bateau même quand il tanguait. Et Dieu sait qu’il a tangué fort. Manu Ginobili, Tim Duncan, Nick Collison, Dirk Nowitzki, Udonis Haslem, les exemples de fidélité ne sont pas si nombreux que ça et Kobe fait partie de ces gars qui furent prêts à mourir sur le terrain pour ses couleurs, et pour ceux qui en douteraient on vous conseille de checker ce qu’il s’est passé le 12 avril 2013 dans ce même Staples Center.

Un parterre de guests, un homme au centre de l’attention, mais quand même un match de basket à jouer, même si tout enjeu pour le Jazz avait disparu dès lors qu’un peu plus loin les Rockets menaient déjà 250 à 12 face aux Kings. Un Lakers – Jazz sans aucun enjeu sportif donc, écrin devenu parfait pour le dernier acte d’une carrière d’un homme qui aimait tant la lumière…

Et ce qu’il se passa ce soir-là dépassa tout bonnement l’entendement.

Dès le début du match tous les ballons passent évidemment par les mains du Mamba, qui ne s’est pas approprié vingt ans d’histoire de sa franchise pour partir sur un dernier match à la Nico Batum. Cette soirée sera la sienne comme la double-décennie précédente l’a été, et même plus encore. Dix points, vingt points, trente points, le festival est complet comme un tacos de chez Ari ou Ibo, et on ne s’attendait de toute façon pas à moins. Sauf que ce qui va suivre… est plus fou encore que tout ce à quoi on aurait justement pu s’attendre. Car à mesure que le match avance et que le Jazz offre aux Lakers à Kobe une opposition respectueuse, ce cinglé de serpent entre peu à peu dans une zone absolument dantesque. La barre des quarante est passée, celle des cinquante explosée quelques minutes plus tard et la salle enregistre des records de température car le thermomètre indique alors que les mille degrés sont atteints. Personne n’en croit ses yeux, une espèce de folie s’empare du Staples mais également de toutes ces intelligentes et sensées personnes ayant mis un réveil cette nuit-là. La suite ? Elle appartient depuis à la légende. Dans un money time hollywoodien, un Kobe boitant et à deux millimètres du malaise (il avait 38 ans ce soir-là, oh) va aller chercher la fabuleuse marque des… 60 points et tuer le Jazz pour s’offrir une dernière victoire de prestige, devant des adversaires devenus des photographes, devant une foule vivant les dernières secondes du match en position latérale de sécurité.

60 points à 22/50 au tir dont 6/21 du parking et 10/12 aux lancers, 4 rebonds, 4 passes, 1 contre et 1 steal en 42 minutes

Blablabla cinquante tirs, vous avez bien l’air con maintenant que James Harden en prend quarante par soir et trois fois par semaine. Une seule chose à dire cette soirée est rentrée dans les annales car c’était une soirée qui portait le sceau (ultime) de Kobe Bryant. Kobe Bryant dans toute sa splendeur mais également Kobe Bryant dans tout ce qu’on déteste, cet espèce de priorité à son petit nombril, mais un choix de vie et de carrière qui l’aura emmené vers des sommets que très peu de joueurs ont atteint depuis que la NBA est NBA. Car c’était ça Kobe, du trop plein de tout. Du trop plein d’égo mais du trop plein de baskets, du trop plein d’isos mais du trop plein de posters, du trop plein d’autisme exacerbé mais une armoire à trophée trop pleine. Pas pour rien qu’un certain NS avait dit un jour “Kobe tu l’aimes ou tu le quittes”, et aujourd’hui Kobe Bryant possède la particularité d’être l’un des seuls joueurs adulés par une partie de la communauté NBA et tellement détesté par d’autres que ces derniers… en parlent encore plus souvent que ceux qui l’adulent. Complexe, complexe comme tout ce qui tourne autour de Kobe. Bad buzz ? Y’a pas de bad buzz les gars, tout buzz est un bon buzz car ça buzze.

Le bouquet final de cette incroyable soirée ? Un discours également rentré dans l’histoire avec un iconique Mamba Out lâché comme conclusion évidente à une carrière incroyable mais vécue à la troisième personne du singulier. Tellement symbolique, tellement Kobe…


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