Raymond Poulidor nous a quitté mercredi : hommage obligatoire à ces historiques “deuxièmes” en NBA, et RIP Poupou

Le 15 nov. 2019 à 10:43 par Giovanni Marriette

Playoffs revival Elgin Baylor
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Raymond Poulidor nous a donc quitté ce mercredi 13 novembre à l’âge de 83 ans. Si ce nom ne parlera logiquement… pas vraiment à la jeune génération, sachez tout de même que celui que l’on surnommait Poupou, la Pouliche ou encore Pouli fait partie ad vitam eternam de la grande histoire du sport français. La particularité de l’ancien cycliste des années 60 ? Une réputation lui ayant offert le plus connu de ses surnoms : “l’éternel second”.

Petit rectificatif historique pour commencer, sachez que si Poupou reste dans beaucoup de mémoires comme un homme qui aura échoué tant de fois à quelques mètres ou quelques secondes d’une victoire… c’est en fait surtout sur le Tour de France qu’il a acquis cette fameuse réputation. Quinze participations, aucune victoire finale mais le record du nombre de podiums (trois deuxièmes et cinq troisièmes places), avouez que ça fait très français. Sauf qu’en réalité, Poupou reste un winner et a plutôt capitalisé sur ce statut “d’éternel second”, car tout au long de sa carrière les succès seront nombreux. Tour d’Espagne en 1964, Paris-Nice à deux reprises, la Flèche Wallonne ou encore Milan-San Remo, autant de courses (477 au total, pas mal pour un éternel second) saignées par le gonze Raymond. Mais cessons de parler vélo car nous sommes bien incapables de le faire de manière légitime même si Jacky Durand ou Thierry Gouvenou n’ont aucun secret pour nous, et “profitons” plutôt du dernier départ de la légende pour faire un pont évident avec notre belle NBA… et ainsi rendre hommage à ces hommes qui, comme Poupou, resteront dans nos mémoires comme de vrais deuxièmes, de vrais perdants, alors même que, comme Poupou – décidément – certains d’entre eux ont néanmoins réussi ça et là à glaner quelques victoires.

Dans les lignes qui suivent nous parlerons donc de ces hommes qui ont marqué l’histoire de la Ligue autant par leurs défaites que par leurs succès, quand certains n’ont par contre jamais ou très rarement connu la joie d’une fin de saison victorieuse. Uniquement les têtes connues bien sûr, no disrespect pour l’intégralité du roster des Kings depuis quinze ans hein, uniquement ceux dont le nom vous parle carrément mais dont vous ignoriez peut-être que le mot défaite leur est quasiment gravé sur la peau. Le plus célèbre de tous ? Elgin Baylor sans aucun doute. Top 30 all-time des scoreurs NBA avec plus de 23 000 points au compteur (KD le dépassera à son prochain coup de chaud), Elgin fait assurément partie des joueurs les plus forts de toute l’histoire de la Ligue. Plus de 27 points et 14 rebonds de moyenne durant ses quatorze saisons NBA, toutes passées sous le maillot des Lakers (Minneapolis puis L.A.), onze sélections au All-Star Game, rookie de l’année en 59, j’en passe et des baylor. Mais au-delà de la carrière individuelle énorme de celui qui est aujourd’hui, évidemment, un Hall Of Famer incontesté, c’est plutôt pour son… immense lose que le type est un personnage à part dans l’histoire du basket jeu. Huit finales NBA et… huit défaites (sept face aux invincibles Celtics de Bill Russell et une face aux Knicks en 70), ratio absolument inégalable et qui le restera probablement pendant encore très, très, très, très longtemps. La goutte d’eau qui fait déborder le vase de seum ? Dès sa retraite en 71 suite à des problèmes physiques récurrents, Elgin verra ses Lakers de toujours enchaîner… 33 victoires de suite (record toujours d’actualité) et aller chercher le titre au printemps suivant, envoyez l’émoji qui pleure. Des Lakers gentlemen et surtout pris de pitié qui offriront à leur ancien joueur une bague de champion en juin, aussi officieuse que significative de l’immense carrière de “deuxième” du garçon.

Mais si Elgin Baylor remporte haut la main l’officieux titre de loser suprême de la NBA, de Poupou magnifique du panier-ballon, d’autres figures de notre sport favori ne s’en sortent pas mal non plus au petit jeu de “qui a le plus perdu dans sa vie”. Le premier d’entre eux ? Partons de manière chronologique et citons… Wilt Chamberlain, si si, le fameux. Recordman du nombre de points dans un même match avec 100 unités un soir de mars 1962, non mais allô quoi, le septième meilleur scoreur all-time et monstre intouchable dans la catégorie records en tous genres n’en a pas moins perdu quatre finales (sur six disputés), la faute à… bah Bill Russell, encore lui. Un Billou qui aura également causé bien du tort à Jerry West, vous savez, le logo de la NBA, rien que ça, le Logo donc qui a comme particularité d’avoir perdu huit des neuf finales qu’il a disputé, exploit qui fait donc de lui le talonneur officiel de son poteau Elgin. Dans la même veine et plus proche de nous ? On peut évidemment citer… LeBron James, bah si, qui a comme chacun le sait trois bagues aux doigts mais qui peut également se “féliciter” de s’être fait poncer en Finales par les Spurs (2007 et 2014), par les Mavs (2011) et surtout par les Warriors (2015, 2017 et 2018). LeBron poupou, poupourquoi pas, mais que dire également de tous ces joueurs / franchises ayant eu le malheur de vivre à la même époque qu’un certain Michael Jordan…

Car le Michael Jordan des années 90, c’est de celui-là dont on parle, a laissé sur son chemin quelques magnifiques Pouliches. Individuellement parlant on pense évidemment à Clyde Drexler, dont le destin fut lié à celui de Jojo dès la Draft 1984, lorsque les Blazers préférèrent miser sur… Sam Bowie plutôt que MJ, car trop peur d’un embouteillage sur les lignes arrières. On se demande alors si les Poupou ne sont pas plutôt ces foutus Blazers, mais Clyde Drexler se verra en tout cas parti pour une carrière magnifique mais passée à jouer les éternels “deuxième meilleur arrière de sa génération”. La détente fabuleuse mais un poil moins que Jojo, un talent énorme en attaque ET en défense mais un peu moins que Jojo, la Dream Team de 92 mais dans l’ombre de Jojo. Même sa… calvitie était moins stylée que celle de Jojo. Un Jordan qui n’aura d’ailleurs pas engendré que des Poulidor individuels mais aussi des Poulidors collectifs, des Poulictifs en somme, puisque les Suns de Barkley, les Knicks de Pat Ewing, les Sonics de Gary Payton et Shawn Kemp ou encore le Jazz du duo Stockton / Malone auront souffert durant un paquet d’année de la gloutonnerie du n°23 des Bulls. Dernière vraie équipe à avoir souffert pendant longtemps de la concurrence d’un ennemi toujours trop fort ? La Roja messieurs dames, peut-être bien la plus belle équipe internationale jamais vu dans l’histoire (y’a match avec les Yougos et les Russes d’avant scission) mais qui se sera heurté en 2008, 2010 et 2012 sur une marche américaine qui les empêchera d’ajouter un titre olympique à leur merveilleux palmarès.

Si le sport retient évidemment toujours les vainqueurs, n’oublions pas ceux qui font également l’histoire mais qui s’arrêtent malheureusement toujours un peu trop tôt. Une conclusion qui s’applique aujourd’hui à un tas de joueurs NBA et qui nous amènera peut-être à rééditer ce genre de papier dans quelques années. Carmelo Anthony, Chris Paul, James Harden, Russell Westbrook et le Clermont Rugby on vous cause, on compte sur vous pour entretenir la légende. Et on termine bien sûr avec le most important word of the day : RIP Poupou, t’étais le plus merveilleux winner de tous les losers.