Hassan Whiteside doit se sortir les doigts d’où vous savez : le renfort pourrait être énorme, mais il peut aussi être catastrophique
Le 11 oct. 2019 à 10:30 par Giovanni Marriette
Quand on pense aux Blazers ? On pense Damian Lillard, on pense C.J. McCollum. On pense Jail Blazers, Rasheed Wallace, on pense Paul George et Russell Westbrook. Mais au milieu de ce tableau qui devra cette saison être encore plus beau que la saison passée (bon chance), un homme est peut-être capable de tirer son épingle du jeu et faire de Portland une franchise qui dérange et qui gagne “encore plus”. Cet homme c’est Hassan Whiteside, pivot parfait le lundi et boulet le mardi, game changer le mercredi et sale gosse le jeudi, vous avez compris l’idée.
La carrière d’Hassan Whiteside fait partie de ces histoires étranges dont raffole la NBA. Drafté en 2010 (pick 33) par les… Kings, belle idée à la base, le jeune pivot aux mensurations parfaites (2m15 et une vingtaine de demi-douzaine de kilos) galère pourtant à se faire un nom en NBA. Le mot est d’ailleurs faible. Trop fragile et pas dans les plans de sa franchise, Hassan prend alors le train à la Hassan Cehef de Sacramento et démarre un road trip qui le poussera finalement à davantage utiliser les airs que les rails. La Chine, le Liban, beaucoup de G League, beaucoup de galères. La NBA fera sans lui et personne ne fait alors attention à ce grand machin qui n’imagine peut-être même pas lui-même qu’il aura bientôt sa chance dans la Grande Ligue. Fin du Chapitre 1. Car cette chance se présentera finalement, en novembre 2014, quand le Heat le récupérera après un énième rendez-vous raté – à Memphis cette fois-ci – pour en faire un projet concret en Floride. Direction la G League cependant, une nouvelle fois, mais les quelques perfs avec les grands font écho à Erik Spoelstra et le Heat finit par intégrer la girafe à la rotation et par lui faire signer en 2016 ce foutu contrat qu’il semble mériter. On parle quand même du meilleur contreur de la Ligue en 2016, du meilleur rebondeur de la Ligue un an plus tard, on parle quand même d’un mec qui cumule aujourd’hui quatre triples-doubles points / rebonds / contres, et ça court pas les rues. Si bien qu’en 2016 Hassan Whiteside n’est pas seulement devenu un joueur de NBA, il s’est transformé très vite en crack, ce genre de mec dont on checke les stats et les highlights tous les matins. Fin du Chapitre 2.
Le Chapitre 3 ? Clairement pas le plus fameux, car depuis la signature d’un contrat lui garantissant entre 22 et 27 patates par an… Hassan stagne et, pire, semble manquer de professionnalisme au point de passer de moins en moins souvent pour Wilt Chamberlain et de plus en plus pour Andris Biedrins. Un comportement de diva, n’ayons pas peur des mots, et des performances de plus en plus légères qui commencent à agacer tout Miami. Les fans du Heat s’arrachent les cheveux en plus de se faire tirer la peau toutes les semaines et plus les semaines passent plus Pat Riley commence à prendre les appels, notamment depuis la saison passée et l’émergence de Bam Adebayo, jeune pivot bondissant qui, lui, donne tout sur le parquet et propose un body language suffisamment honnête pour remplacer Hassan dans les cœurs et les lineups. Marre de ce grand zinzin qui pleure quand il n’a pas la gonfle, marre des ces bras immenses qui pourraient faire tant de mal mais qui pendouillent de désespoir à chaque action manquée, et c’est donc au bout de longs mois de moue que le pivot du Heat est donc tradé du côté de Portland, paye ta diagonale de l’enfer, dans un mic-mac à quatre franchises débouchant notamment sur les arrivées de Jimmy Butler, Mo Harkless et Meyers Leonard à South Beach, celle de Josh Richardson à Philly et donc celle de Whiteside dans l’Oregon. Fin du Chapitre 3, c’est l’heure du rebondissement principal, pour éviter que le rendu final du bouquin ne soit finalement qu’une belle bouse.
Et c’est donc à Portland qu’Hassan Whiteside devra rebondir, en prenant des rebonds d’ailleurs. Probable titulaire (à 27 millions la saison c’est mieux), Hassan a des bouches à fermer tout en bouclant la sienne, composante essentielle d’un éventuel renouveau. Qu’on soit clair, un Whiteside en confiance et bien intégré ne peut être qu’une bonne nouvelle pour Terry Stotts. Absolument pas menacé tant que Jusuf Nurkic ne sera pas remis sur pied, Hassan aura les minutes, c’est garanti. Les ballons ? Il ne les verra pas des masses, c’est également quasiment garanti, et il faudra qu’il apprenne à vivre avec en – on le répète – fer-mant-sa-gueule. Chaperonné par Pau Gasol, en confiance car essentiel dans le système défensif, au moins, de son équipe, Whiteside a tout du facteur X idéal des Blazers en cette saison 2019-20. On peut d’ailleurs très bien l’imaginer aller chercher ses meilleurs chiffres en carrière (17 points, 14 rebonds et 3 contres par match ?), d’autant plus que le zozo est… dans sa dernière année de contrat, toi-même tu sais. Tobias Harris, D’Angelo Russell, Nikola Vucevic… les exemples de contract year étonnamment réussies sont légion ces dernières années et quelque chose nous dit qu’Hassan Whiteside est suffisamment un escroc malin pour retrouver le level auquel il est attendu chaque soir. Les Blazers en auront en tout cas bien besoin, besoin d’un vrai intimidateur quand Damian, C.J., Rodney ou Zach auront pris la sauce en premier rideau, besoin d’un peu d’alternance – peut-être – en attaque, besoin tout simplement d’un vrai poste 5 solide. Mais toutes ces attentes ne seront pas forcément… comblées, désolé de gâcher un peu l’ambiance comme de vulgaires lutins dans Oui-Oui. Parce qu’aujourd’hui… rien n’indique qu’Hassan Whiteside a travaillé sur ses défauts, rien n’indique qu’il a décidé de ne plus être un connard, rien n’indique qu’il acceptera de jouer les plots pour faire de la place à ses snipers. Le défi est immense pour le joueur, il coûte 27 millions à ses patrons, alors étape 1) montrer patte blanche et étape 2) se remettre au boulot dans le silence. Pour les skills ça reviendra tout seul, mais ce qui se passe dans la tête on ne peut pas le faire à ta place mon grand.
Hassan Whiteside reste à ce jour à la fois l’un des meilleurs postes 5 de la Ligue mais également l’un des ses plus gros gâchis depuis deux ans. Saura-t-il se remettre dans le droit chemin ? Faire ses devoirs en rentrant, écouter le prof en cours et rendre de vrais rédactions soignées ? Il en va de la saison des Blazers, et il en va surtout… de la suite de sa carrière. Allez mon grand, pour l’instant on n’a pas spécialement envie que tu y arrives, mais c’est à toi de nous faire changer d’avis.