L’Espagne rampe jusqu’à la finale : 95-88 en double overtime, Sergio Llull a posé la brouette sur le front des Boomers
Le 13 sept. 2019 à 13:46 par Benoît Carlier
Ce n’était pas très beau, on a beaucoup entendu le sifflet des arbitres et les nombreuses briques venues s’écraser sur les cercles de Beijing mais personne ne voulait perdre ce match garantissant une médaille au vainqueur. Au bout de 10 minutes de rab irrespirables, l’Espagne a mis fin au supplice. Hasta el final !
On savait que ça allait se jouer sur des détails, les quatre équipes du dernier carré de cette Coupe du Monde pouvant toutes aller au bout. Première intuition confirmée ce matin avec la première demi-finale entre deux équipes encore invaincues dans ce tournoi avant ce match, l’Espagne et l’Australie. Toujours intéressant pour se mettre dans le bain et analyser le futur adversaire de la France qui rencontrera quoi qu’il arrive l’une de ces deux nations pour obtenir une médaille ce dimanche (on n’est pas fous, poke @karma). Mais c’est surtout une pure affiche qui aurait très bien pu être une finale tant ces deux équipes arrivaient solides dans ce Final Four. D’un côté, les Boomers en vieux roublards avec leur moyenne d’âge qui avoisine les 50 balais et que des barbus assoiffés de victoire pour faire regretter à Ben Simmons de ne pas avoir fait le déplacement. De l’autre, une Roja en pleine transition depuis les départs de Pau Gasol et Juanca Navarro mais qui fait toujours aussi peur avec tous ses NBAers, un Marc Gasol récent champion avec les Raptors et un Ricky Rubio qui arrive dans son prime. Entre Delly, Ingles et Rudy, il y moyen de faire l’une des équipes les plus détestables à affronter all-time rien qu’en piochant dans les deux rosters et c’est un peu l’histoire de ce match où personne ne va rien lâcher.
Plus adroits et dominants dans la peinture, les bûcherons de Melbourne basculent en tête à la pause (37-32). La zone 3-2 de la Roja n’a pas beaucoup servi et on les sent à la limite de la rupture malgré un bon Ricky Rubio qui a tendance à en faire un peu trop depuis qu’il s’est trouvé une affinité avec le gérant du parking. C’est guère mieux à la reprise puisque Patty Mills continue son festival chinois, forçant Gregg Popovich à songer très sérieusement à le traiter comme son franchise player lors de la reprise NBA. A +11 dans le troisième quart-temps d’un match défensif par défaut (maladroit) et avec Marc Gasol qui marque un joli tip-in dans son propre panier, on commençait déjà à réciter l’Opéra du côté de Sydney pour célébrer la première finale en Coupe du Monde de l’histoire du pays. Mais les Kangourous auraient pu nous demander car nous en savons quelque chose, il ne faut jamais enterrer l’Espagne trop vite dès qu’il s’agit de rentrer des ballons dans un cercle. Le pivot des Raptors va se rattraper en activant le mode Pau 2015 dont nous nous souvenons si bien et c’e n’est plus du tout le même match qui commence. Après deux semaines de compétition, les organismes ne sont plus tous frais à l’instar de ce bon vieux Joe Ingles qui déjoue en deuxième mi-temps. Les troupes de Sergio Scariolo et c’est à ce moment-là que les arbitres rentrent en jeu avec des coups de sifflet pas toujours concordants entre les différents hommes en gris. Pas franchement d’équipe plus avantagée que l’autre tout de même, mais Andrew Bogut n’est pas de cet avis et mime un geste de corruption après avoir été sanctionné d’une faute au rebond sur un tir raté à huit secondes du buzzer. Il en faut plus pour déranger Marco qui rentre ses deux lancers alors que Patty Mills ne peut l’imiter et lâche le free throw de la victoire quatre secondes plus tard. Le double R manque de mettre le shoot de l’année à la sirène et c’est parti pour cinq minutes de supplément dans la capitale chinoise.
A ce niveau-là, celui qui est encore suffisamment lucide pour réussir ses passes à gagner. Sauf que même ça, c’est dur pour tout le monde mis à part Big Spain et… Nic Kay. Sorti de nulle part, le kangourou sort le match de sa life avec 7 rebonds offensifs et son agent attend déjà les propositions des franchises NBA. Finalement, Gasol répond au meneur des Spurs sur la charity line et c’est reparti pour cinq minutes additionnelles de souffrance. Le moment choisi par Sergio Llull pour mettre ses huevos sur la table de marque avec deux tirs primés qui achèvent les Boomers. Encore à 2/8 avant cette 2OT, le MVP de l’Euroleague en 2017 a senti l’odeur du sang dont il raffole et s’est fâché plus rouge que le drapeau de son pays pour fusiller un Patty Mills épuisé par 45 minutes et 34 points finalement inutiles. Comme toujours, le basket est un sport à cinq contre cinq et à la fin c’est l’Espagne qui gagne. En espérant que le dicton ne se répète pas encore ce dimanche en cas d’affrontement avec les Bleus…
WOW 😲. #FIBAWC #ESPAUS @BaloncestoESP pic.twitter.com/ddVG1fzRzM
— Basketball World Cup (@FIBAWC) September 13, 2019
Oubliée par beaucoup avant le début de cette Coupe du Monde, l’Espagne nous rappelle sa domination sur le basket mondial depuis plus de 10 ans. En 2008, la Roja avait disputé une finale épique contre Team USA lors des Jeux de Pékin, cette année elle s’assure une nouvelle fois de repartir avec au minimum l’argent. Au fond de nous, on espère que la France la privera de la médaille d’or mais avant cela il y a l’Argentine à affronter.