Team USA vainc mais ne convainc pas : les doutes sur le tenant du titre sont bien réels

Le 03 sept. 2019 à 19:18 par Alexandre Martin

Team USA - Gregg Popovich
Source : YouTube / FIBA

Tout au long des semaines qui ont précédé cette Coupe du Monde, la liste des joueurs américains forfaits pour la compétition n’a cessé de s’allonger. Si bien que ce n’est même pas une Team USA B qui a débarqué en Chine pour défendre son titre, mais plutôt une équipe D voire F. Avant même le début des hostilités, certains doutes ont été émis quant à la capacité de cette escouade américaine à tenir son rang de champion. Après seulement deux matchs, ces interrogations apparaissent totalement légitimes… 

Contre les Tchéques, emmenés par le duo Walker – Mitchell qui a dominé sur les lignes arrières et un Harrison Barnes très propre depuis son aile, les Américains se sont imposés sans trembler. Sans trembler mais sans convaincre pour autant, car la République Tchèque de Tomas Satoransky – mais orpheline de Jan Vesely – a montré de vraies faiblesses notamment en attaque. Ceci a permis aux hommes du sélectionneur Popovich de rentrer en douceur dans leur tournoi. C’est toujours bien d’avoir un premier match assez tranquille pour se mettre en rythme. Surtout quand on a peu de repères sur le plan collectif et que l’on est beaucoup moins bien équipé que d’habitude en termes de talents individuels. Alors il est vrai qu’avec des Kemba Walker, Donovan Mitchell, Jayson Tatum ou Khris Middleton, cette Team USA a quelques très bons joueurs à mettre sur le terrain. C’est loin d’être ridicule mais c’est également loin de faire le poids face aux artilleries lourdes envoyées par les Etats-Unis lors des récentes compétitions internationales.

En 2016, la bannière étoilée était représentée par Jimmy Butler, Kevin Durant, Kyle Lowry, Klay Thompson, Paul George, DeMarcus Cousins, DeAndre Jordan, Draymond Green… En 2014, année de la dernière Coupe du Monde, ce sont des gars comme Steph’ Curry, Klay Thompson, James Harden, Anthony Davis, Andre Drummond ou encore Kyrie Irving et DeMar DeRozan qui défendaient les couleurs de leur pays. Il est évident qu’en 2014 par exemple, plusieurs des joueurs sélectionnés n’étaient pas au niveau qu’ils ont aujourd’hui et que cette expérience les a aidés à progresser. Enfin tout de même : Harden et Curry ont glané 3 titres de MVP depuis, Klay Thompson est un top 3 arrières de la ligue, Anthony Davis peut jouer à un niveau qui se passe de commentaire et tous ces gars étaient pour la plupart déjà des All-Star à l’époque. Sans parler de Kenneth Faried qui a éclaboussé ce Mondial 2014 de son talent énergie. Bref, la différence est bien là. Cette équipe américaine ne possède pas la même marge que les précédentes qui pouvaient se contenter d’un jeu collectif moyen tant elles possédaient des talents individuels capables de faire gagner un match ou un tournoi.

Contre la Turquie, cela s’est vu. Parce que les Turcs sont d’un autre calibre que les Tchèques. Parce que les Turcs ont quelques joueurs qui connaissent la NBA et ont envie de prouver leur valeur, comme les jeunes Cedi Osman et Furkan Korkmaz ou le vétéran Ersan Ilyasova. Sans oublier l’arrière du Fenerbahce, Melih Mahmutoglu, qui en a fait voir de toutes les couleurs aux guards américains. Et si nos amis ottomans n’avaient pas enchaîné les bourdes, ils auraient certainement remporté ce deuxième match de poule. Cedi Osman y est allé fort en offrant trois lancers à Jayson Tatum en fin de temps réglementaire, ce qui permit aux US d’arracher la prolongation. Ensuite, les quatre lancers ratés par les Turcs (Balbay et encore le pauvre Osman) doivent être accueillis comme une sorte de miracle – façon Nick The Brick – et ne doivent pas masquer les nombreuses faiblesses montrées par cette Team USA au rabais. Le jeu collectif est loin de faire rêver car il est peu fluide et repose beaucoup sur la capacité de Kemba Walker à faire des différences. Quand Donovan Mitchell et Jayson Tatum ne mettent pas dedans, c’est un gros souci pour l’attaque américaine car il faut alors que Middleton et un autre (mais qui ?) prennent le relais au scoring. L’ailier des Bucks a été bon aujourd’hui. Tant mieux pour Pop’ et son staff, cela évite d’avoir à trop compter sur Joe Harris, Marcus Smart et Derrick White en attaque.

En défense, il y a des possibilités intéressantes car Mitchell, Tatum et Barnes sont vraiment de beaux athlètes, aptes à switcher sur tout ce qui bouge comme on dit dans le jargon. Miles Turner représente un point d’appui solide et, en sortie de banc, les Smart, Middleton ou Brown apporteront toujours de l’intensité. C’est sympa sur le papier mais cela manque d’expérience, de consistance. Il faut rester réaliste et reconnaître que tout cela ne tient qu’à un fil et vient (déjà) d’être mis à mal par un trio Osman, Ilyasova, Mahmutoglu qui a poussé les US dans leurs retranchements. Ces Turcs sont de bons basketteurs et sont entourés d’un bon groupe mais il y a des obstacles bien plus sérieux sur le chemin d’une équipe qui prétend pouvoir ramener l’or à la maison. La route des Américains va forcément croiser celle des Serbes ou des Espagnols, des Lituaniens ou des Australiens ou des Français. Sans parler dans un premier temps de cette deuxième pahse de groupe qui verra Kemba et ses potes se coltiner vraisemblablement les Brésiliens et les Grecs coup sur coup…

Team USA va passer ce premier round et reste clairement un des favoris pour le titre mais la souveraineté, la domination qui la caractérisait, n’est plus. Cette équipe va devoir nous montrer bien plus dès la deuxième phase de poule et monter sérieusement en régime la semaine prochaine quand les quarts arriveront. Si ce n’est pas le cas, la désillusion ne fera que se rapprocher pendant que l’or s’éloignera. 


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