Mike Conley à Utah : l’élément clé qui peut faire passer le Jazz dans la dimension supérieure ?
Le 20 juin 2019 à 04:42 par Bastien Fontanieu
En récupérant Mike Conley ce mercredi dans un transfert marquant, le Jazz a validé un gros objectif en ajoutant du talent et de l’expérience à un poste clé de son équipe. Mais quel plafond envisager, désormais à Utah ?
La réaction fût quasi-unanime, lorsque le transfert fût officialisé par Shams Charania de The Athletic. Conley au Jazz, voilà un fit qui semble parfait sur le papier. D’un côté, un joueur cérébral, qui a connu de nombreuses joutes en Playoffs, veut jouer le titre, sait aider les jeunes, assurer dans un vestiaire et sans prise de tête. De l’autre, une franchise intelligemment dirigée, qui a besoin de passer un cap, veut jouer le titre, doit faire grandir les jeunes, tenir tête face à l’élite et sans trembler quand ça chauffe au printemps. Difficile de trouver meilleur alliage, au premier coup d’oeil. Si certains habitants de Salt Lake City auraient pu rêver mieux, l’addition de Conley à l’effectif de Quin Snyder a quelque chose de supérieurement logique. En plus de ce que le gaucher peut apporter sur le terrain au quotidien, il y a un aspect stratégique qui ne peut être laissé de côté. En effet, quand on voit le talent d’un joueur comme Donovan Mitchell, qui pourrait vite se faire chier chez le Jazz en stagnant au premier ou second tour des Playoffs et donc potentiellement partir, recruter un joueur de la carrure de Conley sert à envoyer un message fort. La concurrence peut trembler, et les joueurs à Utah peuvent se sentir aidés par leur management. On ne veut pas rester là, à enchaîner les excellentes saisons régulières, tout ça pour se faire tabasser par les grosses cylindrées de l’Ouest quand l’intensité atteint son pic. Depuis des années, et surtout cette saison au moment où les Playoffs se sont pointés, le Jazz a eu cette image d’équipe sympa mais dont personne n’a vraiment peur à partir du printemps. Jeu trop prévisible, manque de solutions en attaque, d’expérience globale, devant cette étiquette collée au col de Snyder, Conley peut changer la donne et permettre à sa nouvelle franchise de rejoindre les grands garçons de la NBA.
Cependant, même avec cette addition, les doutes persistent. Système trop cadenassé ? Manque d’originalité et de ce côté imprévisible qui dicte le jeu en mai ? Joueur de niveau All-Star, Mike apporte énormément sur le terrain mais il ne fait intrinsèquement pas partie des superstars de la Ligue. Et c’est en ça que ceux qui doutent peuvent être compris. Ce n’est pas comme si Utah venait de récupérer un des cadors du circuit, sur le papier. Sauf que s’arrêter à ce statut peut tromper beaucoup de monde, et il ne prend pas en compte les influences que Conley pourrait avoir dans le jeu du Jazz. Premier joueur ciblé ? Mitchell, qui a souvent été appelé pour porter à quasiment lui seul la charge offensive de sa franchise. Avec un créateur comme son nouveau meneur, Donovan pourra apprendre à mieux jouer sans ballon, à contribuer dans d’autres aspects de la partie, et à ne pas baisser la tête quand les tirs ne rentrent pas. Même en défense, où la pépite peut exceller, vivre au quotidien avec Conley pourra l’aider dans sa régularité. Même impact potentiel pour les autres joueurs de l’effectif, comme Rudy Gobert, qui pourrait se régaler avec un as du pick and roll comme Mike. Les snipers du Jazz seront eux aussi contents de voir des espaces plus larges se créer par la simple présence de Conley. Mais encore une fois, on en revient à la même interrogation initiale. Quel plafond pour ce Jazz ? Comment continuer à construire l’effectif, afin qu’à la rentrée comme en avril 2020, la concurrence fronce les sourcils en voyant Utah arriver ? Pour le moment, un meneur de calibre All-Star est venu s’intégrer à un système solide, avec un joueur de troisième année qui doit encore progresser, un pivot impactant mais également exposé dans certaines matchups et des role players souvent timides. C’est donc, quelque part, autour de Quin Snyder que cet été sera intéressant à suivre. Car si le coach du Jazz reste ferme sur ses positions et garde un jeu trop prévisible, la franchise de Salt Lake City n’augmentera que son nombre de victoires en régulière, sans faire trembler l’Ouest en Playoffs. Par contre, si Snyder s’ouvre à des nouveautés et pousse aussi son nouveau meneur à se lâcher, peut-être que la mayonnaise rendue sera servie à tout le monde sur la saison 2019-20.
Attendre de Mike Conley des miracles en terme d’impact sur le Jazz est certainement trop risqué. Le joueur est excellent, il n’y a rien à dire là-dessus. Mais si Utah, dans sa façon d’approcher la compétition, n’utilise pas au mieux cette addition en se lâchant offensivement, de nombreux fans pourraient être déçus. Au management d’entourer ce beau monde de bons joueurs, et à Quin Snyder de parler avec son meneur, pour toucher les étoiles. Ils en sont capables, désormais.