La longue route des Raptors jusqu’aux Finales NBA : ça commençait à faire beaucoup depuis 2014
Le 27 mai 2019 à 12:23 par Benoît Carlier
En se qualifiant pour les Finales NBA pour la première fois de leur histoire, les Raptors concrétisent des années d’effort. Après cinq échecs plus ou moins difficiles à encaisser depuis 2014, Toronto a le droit de savourer son nouveau statut de patron de la Conférence Est. Retour sur toutes les récentes désillusions des fans canadiens, année après année.
L’effectif a bien changé depuis la première défaite des Raptors en Playoffs sous l’ère de Masai Ujiri. En fait, Kyle Lowry est le dernier survivant des éliminations à répétition de Toronto sur la route des Finales NBA. DeMar DeRozan et Jonas Valanciunas ont sauté juste avant que ce ne soit la bonne. Ils devront encourager leur ancien meneur à la télé en se remémorant tous ces upsets et ces chokes qui les ont empêchés d’atteindre le sommet de la NBA plus tôt. Car il y en a eu un paquet alors il est temps de commencer sans plus tarder.
2014, élimination au premier tour contre les Nets (4-3)
De retour dans le Top 8 de l’Est après cinq ans de chômage technique à la mi-avril, les Raptors abordent ce premier tour contre Brooklyn dans la peau du favori. Troisièmes de la saison régulière avec 48 victoires pour 34 défaites, les Dinos ne vont pas garder l’avantage du terrain bien longtemps. Pendant que Masai Ujiri lâche un gros “Fuck Brooklyn” devant le Air Canada Centre, ses protégés se font avoir d’entrée à la maison, annonçant une série longue et difficile pour les gars du Nord. L’erreur est finalement rattrapée lors du Game 4 au Barclays Center et la tension monte d’un cran dans cette série entre les jeunes Raptors et les Nets de Deron Williams, Joe Johnson, Paul Pierce et Kevin Garnett. Les deux matchs suivants sont gérés par l’équipe qui reçoit et tout ce petit monde se retrouve donc au pied de la CN Tower pour un Game 7 décisif le dimanche 4 mai, en début d’après-midi. Malgré les encouragements de leur public, les Raptors sont menés de neuf points à trois minutes de la fin et on sent déjà une bonne odeur de choke envahir l’enceinte. Sauf que les hommes de Dwane Casey n’ont pas encore de réputation de loser et vont se battre jusqu’au bout. L’interception de Terrence Ross à 6 secondes du buzzer offre la balle de match à Toronto avec un avantage d’un petit point pour les visiteurs. Mais à l’époque D-Will n’avait pas encore englouti tout ces burgers et les deux anciens vétérans des Celtics n’avaient pas non plus besoin de cannes pour se déplacer. La tentative de game-winner de Kyle Lowry est contrée par Paul Pierce, le Canada est choqué.
2015, élimination au premier tour contre les Wizards (4-0)
La saison 2014-15 ne correspond pas seulement à l’arrivée du KD brésilien, Bruno Caboclo. C’est aussi l’année où les Raptors ont définitivement reçu l’étiquette des chokers. Quatrièmes à l’Est (49-33), c’est encore avec l’avantage du terrain que les Dinos se présentaient au premier tour des Playoffs pour leurs retrouvailles avec leur bourreau défensif de la saison précédente, Paul Pierce, qui a migré un peu plus au sud lors de la précédente intersaison. Malheureusement, la revanche ne va pas trop se passer comme prévu. Cueillis à froid à la maison, après prolongation, les Canadiens ont laissé passer leur chance. Forcément, avec DeMar DeRozan à 6/20 au tir et Kyle Lowry à 2/10 pour 3 turnovers chacun, difficile de s’imposer. Le reste de la série sera encore pire avec deux leaders se liquéfiant en direct, incapables de mener leur équipe vers le succès. Un sweep retentissant alors que les Raptors partaient encore favoris dans une série qui promettaient d’être serrée. Oups…
2016, élimination en finale de Conférence contre les Cavaliers (4-2)
Après avoir enfin réussi à passer un tour face aux Pacers, puis même un deuxième contre le Heat, à chaque fois en sept manches, les Canadiens vont faire plus ample connaissance avec leur nouveau cauchemar annuel. Ils connaissaient déjà LeBron James en saison régulière, mais c’est la première fois que les hommes de Dwane Casey croisent la route du King lorsqu’il a activé le mode Playoffs. Sur le papier, les deux équipes ne sont pas si loin avec une petite victoire d’écart en régulière (record de franchise pour Toronto). Le début de la série confirme que la différence n’est pas immense et chaque équipe à domicile remporte les cinq premiers affrontements. Mais qui dit Game 6 dit match potentiellement décisif en cas de victoire des Cavaliers au Air Canada Centre. Après deux séries marathons, les Raptors vont craquer face à l’expérience et la fraîcheur de Cleveland qui sort de deux sweeps peu exigeants. Malgré une doublette de All-Stars correcte (Kyle Lowry à 35 points à 6/12 de loin et DeMar DeRozan à 20 points à 9/18 au tir), ils sont obligés de s’incliner face aux futurs champions NBA qui vont renverser les Warriors après avoir été menés 3-1 en Finales NBA. La déception est palpable car on se demande ce qu’il se serait passé si les Dinos avaient été un peu plus rapides pour en finir lors des deux premiers tours, mais ces deux équipes sont faites pour se revoir, c’est écrit.
2017, élimination en demi-finale de Conférence contre les Cavaliers (4-0)
Bingo ! A peine douze mois plus tard, ce sont les grandes retrouvailles entre les deux dauphins des Celtics en saison régulière. Cette fois, les Raptors ont calmé Giannis et les Bucks au premier tour (4-2) avant de directement enchaîner avec du très lourd puisque ce sont les champions en titre qui leur barrent la route pour ce deuxième tour de Playoffs. Cleveland vient de terrasser les Pacers en quatre manches sèches et arrive une nouvelle fois assez frais malgré une fin de saison un peu douteuse. Finalement, la revanche va tourner au massacre, donnant naissance à la légende de LeBronto. Quatre petits matchs et puis s’en va, 36 points de moyenne sur la série, le quadruple MVP obtient de nouveau la qualification à l’extérieur, dans sa ville d’adoption et se permet même de troller en chopant une bouteille de bière en plein match. Ce que l’on a tendance à oublier en revanche, c’est que ce coup de balai n’aurait peut-être pas été le même sans la blessure de Calorie à la cheville lors du Game 2. Après une mise en route un peu longue contre Milwaukee, le meneur était bien rentré dans sa match-up avec Kyrie Irving et son absence à partir du Game 3 peut expliquer des choses. Malheureusement pour Toronto, leur réputation de chokeurs est définitivement ancrée avec ce sweep et les excuses n’y changeront rien. Il faudra absolument gagner en 2018 pour ne pas marquer une fin de cycle.
2018, élimination en demi-finale de Conférence contre les Cavaliers (4-0)
Même tour, même adversaire et une chance unique de se venger pour les voisins du nord. Premiers de la saison régulière avec le meilleur bilan de leur histoire (59-23), les Raptors ne sont pourtant pas favoris face à leur bête noire, même après un premier tour géré contre les Wizards. Jusqu’à preuve du contraire, LeBron James est toujours un joueur des Cavaliers et il est chez lui au Canada. Après un échec frustrant en overtime lors du Game 1 à domicile, les Dinos vont craquer mentalement en lâchant encore les trois matchs suivants. Nouveau sweep, le troisième en cinq ans, le deuxième de suite contre Cleveland. Les blagues fusent de toute part et le management sait qu’il doit changer quelque chose tout en priant pour que le numéro 23 se décide enfin à visiter la côte Ouest des Etats-Unis. Cette équipe a atteint son plafond de verre (ou de LeBron) et ne peut rien espérer de bon face au natif d’Akron. C’est comme si c’était physique et que tous les corps se tétanisaient face au Chosen One. Fort heureusement pour eux, leur doux rêve d’exaucera finalement quelques jours plus tard, redonnant enfin espoir à tout un peuple. Désormais libérés de leur bourreau parti aux Lakers, Toronto voit s’ouvrir une nouvelle fenêtre inespérée pour se qualifier en Finales NBA sans repartir de zéro.
On connait la suite. Pour mettre toutes les chances de son côté, Masai Ujiri prend quand même le risque d’envoyer son franchise player à San Antonio en échange de Kawhi Leonard et de Danny Green. La mayonnaise prend bien et après quelques ajustements en cours de saison, les Raptors perdent enfin leur réputation de chokeurs en passant tour à tour le Magic, les Sixers et les Bucks de Giannis Antetokounmpo pour disputer leurs premières Finales NBA face aux doubles champions en titre. Comble du bonheur, LeBron James n’a pas participé aux joutes printanières et ne pourra pas venir gâcher leur moment de gloire. Le plus dur est sûrement à venir pour les troupes de Nick Nurse mais l’essentiel est déjà assuré. Toronto trône sur le toit de la Conférence Est et représentera fièrement tout un pays contre les Warriors à partir de jeudi. Quand on voit la route pour y arriver, on peut dire que c’est quand même mérité.